Coopération énergétique algéro-saoudienne : le P-DG de Midad Energy reçu par Arkab

En marge de la mise en œuvre du mégacontrat sur le périmètre «Illizi Sud», les deux parties explorent désormais de nouvelles synergies sur toute la chaîne de valeur.

Cette rencontre technique et politique illustre la volonté d'Alger et de Riyad de donner une nouvelle dimension, industrielle et technologique, à leur coopération historique. C’est au siège du ministère des Hydrocarbures et des Mines qu’une réunion hautement stratégique a eu lieu hier. Le ministre d'État, Mohamed Arkab, a reçu Cheikh Abdelilah Ben Mohamed Ben Abdallah Al-Aiban, P-DG de la société saoudienne Midad Energy pour l'Afrique du Nord. En présence des principaux dirigeants du secteur, dont le P-DG de Sonatrach, Noureddine Daoudi, l’entretien avait un double objectif pour finaliser les modalités opérationnelles d’un partenariat déjà scellé, et en dessiner les ambitieux projets futurs. Au centre des discussions, le contrat de partage de production (CPP) signé en octobre dernier pour le bloc «Illizi Sud», dans le bassin d’Illizi.

Ce contrat, d’une durée de 30 ans renouvelable, représente un investissement total de plus de 5,4 milliards de dollars, intégralement porté par la partie saoudienne. Il s’agit d’un des premiers fruits concrets de la loi sur les hydrocarbures de 2019 (19-13), conçue pour attirer les investisseurs étrangers en offrant des conditions plus compétitives. La rencontre vise à établir une «feuille de route commune» pour garantir le lancement des opérations d'exploration et d'exploitation dans les délais et selon les normes convenues.

Le ministre Arkab a insisté sur l’importance de «promouvoir un partenariat économique fondé sur des intérêts mutuels». Cette déclaration traduit une volonté d’aller au-delà d’un simple accord de financement pour construire une alliance industrielle. Les dossiers évoqués, notamment le transfert de technologies, d’expériences et développement des compétences, sont révélateurs. Ils indiquent que l’Algérie cherche à capitaliser sur ce rapprochement pour moderniser son appareil productif et monter en gamme technologique, notamment dans l’exploration et la production.

De son côté, Cheikh Abdelilah Al-Aiban a réaffirmé «l’intérêt de Midad Energy pour renforcer sa présence en Algérie», voyant dans le pays «des opportunités prometteuses». Pour une société comme Midad, l’Algérie représente non seulement un actif géologique, mais aussi une porte d’entrée stratégique sur le marché africain et un partenaire solide pour des co-investissements régionaux. Cette collaboration technique s’inscrit dans un cadre bilatéral plus large, marqué par une convergence d'intérêts stratégiques croissante. L’Algérie, puissance gazière majeure en Afrique et en Méditerranée, et l’Arabie Saoudite, leader pétrolier mondial et les deux membres de l’OPEC+, cherchent à diversifier leurs économies tout en sécurisant leurs revenus énergétiques. Les relations entre l'Algérie et l'Arabie Saoudite, historiquement fraternelles, prennent une dimension économique plus prononcée, dépassant le cadre de la coordination au sein de l'OPEC+.

Pour l’Algérie, le partenariat avec Midad Energy est un signal fort envoyé à la communauté financière internationale. Il valide l’attractivité du nouveau cadre juridique et démontre la confiance des capitaux du monde, dans le potentiel du sous-sol algérien, notamment dans des bassins matures mais encore prometteurs, comme celui d’Illizi. Sur le plan économique, cet apport de capitaux étrangers (5,4 Md$) est crucial pour booster l’exploration, maintenir la production et, à terme, les exportations et les recettes en devises.

Si l’opération «Illizi Sud» était au cœur de l’agenda, les discussions se sont également projetées plus loin. Les deux parties ont évoqué de nouvelles opportunités de partenariat à différents stades de la chaîne de valeur. Cela pourrait inclure des projets en aval (pétrochimie, raffinage), dans les énergies renouvelables, domaine où Riyad investit massivement via sa Vision 2030, ou encore dans le développement conjoint de projets à l’étranger.

Cette rencontre, technique dans la forme mais éminemment politique dans le fond, dessine les contours d’une coopération énergétique renouvelée entre Alger et Riyad. Elle passe d’une relation traditionnelle, souvent cantonnée à la diplomatie des sommets de l’OPEC, à un partenariat opérationnel et concret.

T. K.

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