Algérie - Libye, Salon de la production nationale : Le défi de l’exportation

Ouvert dimanche dernier parallèlement avec le Forum économique algéro-libyen, le Salon de la production nationale dédié à l'exportation vers la Libye s'est poursuivi pour le second et dernier jour consécutif.

L’inauguration, la veille, de cette exposition réunissant des dizaines de producteurs et prestataires de services nationaux, avait permis d'établir les premiers contacts avec la délégation fournie d'opérateurs et hommes d'affaires libyens (officiellement plus de 300). Après la journée inaugurale, les participants se sont lancés dans le business. Hier, les stands de la foire ont renoué avec le sens des affaires. Euphorique, Rezazgui Mohamed Yousri, Projet Manager de Sirius services, société de services basée à Sétif, se félicite de la «bonne touche» obtenue avec le patron de l'opérateur public d'électricité libyen, «très intéressé» par la gamme des équipements, solutions et engineering exposés par Sirius services, société spécialisée dans l'étude, conception et installation d'équipements électriques, basse, moyenne et haute tension. Si l'amorce est réussie, la conclusion, dit-il, d'un potentiel contrat prendra le temps de maturité. Fabricant de groupes électrogènes, GMI, opérateur privé localisé à Chlef, flaire la «bonne affaire». «Nous avons une expérience dans l’exportation en Afrique, en Mauritanie plus exactement, mais avec la Libye, ça sera une première», affirme Ould El Hadj Mohamed Brahim, le «commercial» de GMI. Des contacts prometteurs sont d'ores et déjà pris avec des démarcheurs libyens. En plus de l'instabilité et la logistique, le transport de marchandises constituent un frein à l'export. «La liaison maritime, plus longue car transitant par Malte, ajoute-t-il, ne nous intéresse pas. Maintenant, avec l'ouverture annoncée de la frontière terrestre et les garanties offertes sur le déroulement des transactions de banque à banque, nous avons davantage de visibilité». Venu expressément de Sétif, Louahdi Hocine, Dg de Nice Plus, société de production de détergents, se dit intéressé aussi bien par le commerce que par l'investissement en Libye. «Il n y a pas que le business avec les frères libyens, il y tout le marché de la reconstruction», rappelle le manager. «Concernant le commerce, explique-t-il, on nous a rassuré par le rôle d'interface que joueront entre autres les banques tunisiennes dans le traitement des transactions. C'est une garantie qui s'ajoute à l'ouverture de la frontière terrestre et la mise en service d'une liaison maritime».
Dans le pavillon central, transformé en rucher, en dépit de la pandémie, les exposants guettaient les potentiels clients et partenaires libyens. Ces derniers arrivaient par petits groupes. Sennani Chamseddine est le responsable marketing de Iris Tyres, 1er producteur de pneus en Algérie et troisième en Afrique ayant réussi la prouesse d'exporter quelque 30 000 pneus, 100% algérien, sur le marché américain. «Sur le marché Libyen, Iris est déjà positionné depuis 2019», dit-il.

Libye, un marché prometteur

Le groupe éponyme a exporté plusieurs milliers d’unités (4.000 pneus). Le laboratoire Beker aussi a fait l’expérience du marché voisin. Spécialisé dans les produits pharmaceutiques, la société qui développe sa propre gamme de produits made in Algeria exporte nombre de produits vers la Libye. «Depuis 2017, après que le laboratoire Beker ait été préalablement audité par le ministère de la Santé libyen, nous exportons des antidiabétiques, des antihypertensifs, des médicaments d’urologie, etc», explique la responsable du business et développement. Terra incognita pour nombre de producteurs nationaux, le marché libyen aguiche les start-up algériennes. Etchiali Karim Ihsen, gérant MFC, manufacture des fruits confits, veut tenter l’aventure libyenne. Transformation des fruits et légumes, déshydratation et séchage, préparation fruitée pour divers industries, Ihsen, après le succès enregistré sur le marché local qui «vaut 250 millions de dollars», lorgne désormais côté Est. «Pourvu, ajoute-t-il, que le pays recouvre sa stabilité, que les banques jouent leur jeu et que toutes les garanties soient données aux producteurs exportateurs algériens, nous irons assurément à la conquête de ce marché». Réduit, depuis 11 ans, à sa plus simple expression, des suites notamment du conflit interlibyen, le commerce entre les deux pays reprend à la faveur de la relative paix et stabilité retrouvées. La Libye, avec 6 millions d’habitants, arbore un PIB de plus de 48 milliards de dollars et un revenu par habitant dépassant les 7200 dollars USD/an. En dépit de la guerre fratricide, le pays affiche une croissance de 7, 84%. Si les pouvoirs publics tablent sur un volume de 3 milliards USD à atteindre dans les prochaines années, les échanges commerciaux algéro-libyens ne dépassent pas aujourd’hui les 65 millions USD, dont 59 millions représentent les exportations algériennes. En 2018, celles-ci étaient de l’ordre de 21,15 millions de dollars contre 7,09 millions de dollars à l'importation. Les principaux produits exportés vers l’Algérie, renseigne l’Agence de promotion du commerce extérieur (Algex) sont, essentiellement, le sucre, les appareils récepteurs de télévision, les combinaisons de réfrigérateur et de congélateur, l’huile de tournesol, les yaourts, biscuits, chocolat et autre produits à base de cacao, produits pharmaceutiques, pois- chiches et autres plaques, feuilles, bandes et rubans en plastique. Les produits ferreux obtenus par réduction directe, des engrais, de la peinture, vernis, azote et déchets de papiers constituent le gros des importations de l’Algérie avec son voisin du sud-est avec qui elle partage plus de 6.000 kilomètres de frontière.
Mohand Aziri

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