À Tiaret, le théâtre, jadis vibrant, traverse, aujourd'hui, une période de stagnation. Malgré l'engagement indéniable de certaines associations et de quelques initiatives tenaces, la scène locale peine à retrouver son éclat d'antan.
Cette situation s'accompagne d'un contexte difficile, marqué par la démolition, il y a plus de cinq ans, d'une maison de théâtre au profit d'un projet immobilier, accentuant ainsi le déclin de la culture théâtrale. Les moments de créativité et d'expression artistique se heurtent à des défis considérables, rendant la renaissance du théâtre d'autant plus urgente. À Tiaret, trois groupes de théâtre, à savoir la coopérative El Nawet, le groupe Al Chabab, et El Khachaba, ainsi qu'un groupe basé à Mahdia, tentent de maintenir la flamme vivante.
Pour le comédien Yeddou Mohamed, «cette situation est insupportable. Nous sommes perdus ; nous n'avons même pas d'endroit où répéter ou nous produire. Nous sommes sollicités, lors des grands événements, pour donner des spectacles, mais cela se fait avec les moyens du bord». Habib Chaouche, l’actuel directeur de la maison de la Culture Ali-Maâchi, qui a suivi une formation à l'Institut supérieur des métiers d'art de spectacles et de l'audiovisuel à Alger, ainsi qu'à l'université Ahmed-Benbella d'Oran, exprime également son désarroi. Il affirme que la maison de la Culture est ouverte à toutes les initiatives théâtrales et aux troupes souhaitant se produire sur scène.
Cependant, il précise que, bien qu'il y ait une absence de structures adaptées, les salles de Sougueur, de Frenda et de Mahdia, propriétés du secteur de la Culture, restent accessibles. Le manque de lieux théâtraux affecte profondément les artistes locaux, en limitant leurs opportunités de présentation, entravant ainsi leur visibilité et leur développement professionnel. De plus, cette situation réduit les collaborations entre créateurs, freinant l'innovation et la créativité. En conséquence, l'intérêt du public pour le théâtre diminue, rendant difficile la construction d'un public fidèle. Ce manque impacte également l'économie locale, car les espaces de spectacle attirent des spectateurs et stimulent les commerces environnants. «En fin de compte, ce manque d'espaces théâtraux engendre un isolement croissant parmi les artistes, sapant leur motivation et leur moral, et plongeant ainsi la communauté dans un cercle vicieux qui étouffe son dynamisme culturel.»
S. M. N.
