
L’allure juvénile, la tête pleine de rêves et l’espoir en bandoulière, Benjamin Ngule suit sa trajectoire artistique comme un sacerdoce. Passionné par la bande dessinée, ce jeune Congolais de 34 ans, qui lisait Tintin, Astérix et Obélix, n’a pas décroché de cet art qui lui colle à la peau depuis sa plus tendre enfance.
Après un diplôme à l’académie des beaux-arts et de l’humanité de Kinshasa et une formation chez des bédéistes congolais de renom en 2014, il intègre le ministère du genre famille et enfant (protection de la femme) comme illustrateur. Parallèlement «Je fais de la bande dessinée à l’association La nouvelle dynamique de la BD congolaise, depuis 2019, en qualité de membre fondateur avec 15 autres, dont 4 filles» dit-il. Evoquant la BD congolaise, Benjamin Ngule explique «qu’elle est un mélange de culture parfois couleur locale et parfois de manga tout en abordant des faits sociaux, le quotidien, les sensibilisations dans le domaine sanitaire et pour faire passer des messages».
D’ailleurs, à cette 14e édition du FIBDA, il est venu prendre son certificat de succès de l’édition 2021 pour la sensibilisation de la Covid-19. En outre, il a été également lauréat du prix de la BD de presse au festival de Coco Bulles en 2021. Suite à ses réussites, il a fait deux albums l’un sur la Covid-19 et l’autre sur le thème de la jalousie. Cette passion de la BD lui vient depuis ses 4 ans, où il lisait beaucoup de BD françaises comme Tintin et par la suite congolaises des grands maîtres de ce neuvième art, notamment maîtres Leta-Mabila, et Baruti-Baruty. Cependant, il déplore que la BD congolaise n’ait pas pris réellement son envol. L’absence de lecture de la BD en raison de sa cherté ne lui permet de se développer. «Les albums sont à des prix excessifs par rapport à ceux de la Chine.» Autre frein à l’évolution de celle-ci, l’édition. Aussi, comme panacée suggère-t-il «d’autoéditer son propre album au lieu d’aller chez un éditeur local qui profitera plus de votre œuvre, il propose peu et gagnera plus.
A titre d’exemple, c’est 500 euros pour 60 planches de BD en couleurs alors qu’en France c’est plus rémunératif», déclare-t-il. D’une maturité politique et d’une hauteur de vue, ce bédéiste avoue que cet art à de beaux jours ; mais axe sur la suprématie du manga qui fait énormément d’émules. Ravi d’être à Alger pour ce FIBDA, Benjamin estime que «cette initiative est bonne pour rassembler plusieurs auteurs internationaux, pour des échanges culturels et pour parler de l’art. Ce festival permet d’avoir des connaissances et de célébrer le neuvième art qui est notre passion. Cet événement est un grand festival international d’Afrique et y venir est un grand honneur», avoue-t-il.
Côté projets ? Benjamin souhaite éditer deux autres albums dont un évoquant la thématique des «analphabètes» et l’autre «les rêves d’un paresseux». Pour ce dernier sujet, il met l’accent sur «la paresse des jeunes gens en Afrique qui se lamentent de leur misère mais ne veulent pas travailler». Pour ce bédéiste, c’est un fléau qui gangrène les pays d’Afrique.
Rentrant à Kinshasa, avec son certificat du FIDBA 2021 en poche, Benjamin Ngule est heureux de cette nouvelle manifestation qui lui a permis d’avoir un regard synoptique sur le monde de la BD.
Kheira Attouche