L’ANEP rend Hommage à Merzak Bagtache

Un vibrant hommage a été organisé, samedi dernier, par l’entreprise nationale de communication d’édition et de publicité (ANEP), à la mémoire de l’écrivain, journaliste et traducteur Merzak Bagtache en présence des membres de sa famille, ses amis et des hommes de lettres et intellectuels.
En effet, c’est en marge de la première édition du Salon national du livre que l’entreprise nationale de communication d’édition et de publicité (ANEP) a organisé, samedi dernier, un vibrant hommage à la mémoire de l’écrivain, journaliste et traducteur Merzak Bagtache. Cette rencontre a été animée par l’écrivain Mohamed Balhi, aux côtés des auteurs Rachid Boudjedra et Mohamed Sari en présence des membres de sa famille, ses amis et des hommes de lettres et intellectuels. «Ce qui est particulier à cet hommage c’est en premier lieu la personnalité du défunt Merzak Bagtache qui reste peu médiatisée mais dont le parcours est extrêmement riche et passionnant», affirme l’écrivain Mohamed Balhi. Ami et compagnon du défunt, l’écrivain Mohamed Balhi a prononcé un vibrant hommage dans lequel il a rappelé plusieurs souvenirs qu’il a eus avec le défunt, soulignant l’amour que vouait Merzak Bagtache à la mer qui est omniprésente dans ses œuvres. Dans une déclaration à El Moudjahid en marge de cet hommage, il affirme que «l’œuvre de Marzak Bagtache se distingue dans le fait que l’auteur aborde une relation très particulière avec la mer, ce qui est très rare dans les autres romans algériens», «Cela s’explique par ses origines qui sont de Béjaïa. Il est né à La Casbah, donc il y a ce rapport entre la mer et la montagne et on trouve tous ces éléments dans ses œuvres», a-t-il expliqué. Balhi affirme que cet hommage «intervient à un moment où on doit faire un bilan sur notre littérature», «à ce qu’il y ait une réconciliation avec nous-mêmes, avec notre patrimoine, notre terroir et à ce qu’il n’y ait pas une rupture entre les générations, car pour certains, nous avons l’impression que, quelque part, les anciens sont abandonnés, qu’ils font partie de l’ancien régime, du passé», a développé Balhi.
Rappelant qu’«une société moderne est celle qui perpétue la mémoire, qui assure le lien entre les générations… quelle que soit la langue», Balhi a souligné la nécessité que «les nouvelles générations se retrouvent à travers Marzak Bagtache, Mouloud Feraoune, Réda Houhou… qu’ils retrouvent les éléments de leur culture. Dans cette optique, ce dernier appelle les pouvoirs publics et les maisons d’éditions à «assurer constamment une réédition des ouvrages… c’est ce qui fait la culture d’un pays», a-t-il dit. Pour sa part, l’écrivain Rachid Boudjedra a raconté quelques anecdotes et a mis en avant dans son intervention la parfaite maîtrise par le défunt de la langue arabe. Il maîtrisait aussi le français et bien l’anglais. «Moi, c’est l’homme qui m’intéresse plus que l’écrivain», nous dira-t-il. «C’est un grand homme, il est devenu un grand écrivain parce qu’il était un grand homme», a déclaré Rachid Boudjedra. «Le défunt a enrichi la littérature algérienne avec sa pensée et ses textes littéraires», a-t-il rappelé.
De son côté, Mohamed Sari témoigne que Marzak Bagtache « a laissé tellement d’œuvres littéraires, de nouvelles et de romans, qu’ils ont fait objet de plusieurs thèses de master et de doctorat».
Dans cet optique, il certifie «c’est quelqu’un qui a puisé sa science et son savoir autant de littérature universelle, de sa maîtrise du français et de l’anglais que de la traduction arabe de toute la littérature arabe et de la pensée arabe ancienne. Donc c’est un écrivain qui était sur un piédestal et qui n’était pas complexé ni vis-à-vis des arabophones ni des francophones», a-t-il mentionné. Il y a lieu de rappeler que Merzak Bagtache est né le 13 juin 1945 à Alger. Il a commencé à apprendre l’arabe dès son plus jeune âge dans les écoles d’édition qui étaient supervisées par l’Association des musulmans algériens, et a appris le français dans les écoles publiques françaises ordinaires.
Il a étudié à l’université d’Alger et obtenu une licence en traduction de l’arabe-français-anglais. Il a commencé sa carrière de journaliste en 1962 à l’Agence Algérie presse service (APS) et dans nombre de quotidiens et journaux arabophones et francophones, notamment le quotidien El Moudjahid, le journal El Watan et Al-Chaab. Il a commencé à lire depuis son plus jeune âge. Il a commencé à lire le Coran en premier, puis de vieux livres et histoires comme les «Mille et une nuits».
Il publie son premier ouvrage en 1962, lorsqu'il traduit des chapitres du livre Terre et Sang de l’écrivain algérien Mouloud Feraoun. C’est en 1976 qu’il publie son premier roman. Merzak Bagtache a signé plus de quinze romans, dont son dernier roman La pluie écrit sa biographie qui a remporté le grand prix Assia Djebar du roman à sa troisième session en 2017. Il était membre du Conseil suprême des médias, le Conseil suprême de l'éducation, et le Conseil consultatif national. En 1993, Bagtache a été victime d’une tentative d’assassinat par un groupe terroriste pendant la décennie noire.
Il a été touché par une balle dans la tête. Feu Bagtache a également traduit plusieurs romans du français vers l’arabe, à l’instar de Les 1001 Années de la nostalgie de Rachid Boudjedra et écrit dans le domaine de la critique et du scénario. Auteur de plusieurs romans dont Indama yadjoue el bachar (lorsque les gens ont faim), Azzouz El Kabrane, Khoya Dahmane et Dem El Ghazal, entre autres. Merzak Bagtache a signé récemment un Quatro, son dernier né paru aux éditions publiques Anep. Le défunt s’est éteint le 2 janvier 2021 à Alger à l’âge de 75 ans et son corps repose au cimetière d’El Kettar.
Sihem Oubraham

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