Batna : Renaissance des coutumes ancestrales

L’une des particularités de T’kout (Batna) est cette ancienne tradition appelée, ici, Souk (marché) de la fête de l’automne. Un événement organisé à la fin du mois d’août, éminemment festif, rayonnant sur un large périmètre, appelé localement "Hameghra N’tmenzouth", et qui donne lieu à des spectacles folkloriques animés par des troupes de Rahaba et des cavaliers en costumes traditionnels faisant tonner des salves de baroud.
En plus d’être, du fait des expositions organisées pour l’occasion, une vitrine des productions locales en matière d’agriculture, d’arboriculture et d’artisanat, T’kout, durant "Hameghra N’tmenzouth", devient aussi - autre singularité - un lieu de rencontre des notables et des Chouyoukh de la région qui se concertent, résolvent les problèmes en suspens parmi la communauté et règlent des différends à l’amiable.
Selon le Dr Djamel Mesrahi, chercheur et spécialiste en histoire ancienne de l’université de Batna-1, la manifestation est un événement économique et une manifestation relevant de l’anthropologie culturelle qui reste un facteur de communication et de communion entre les habitants de T’kout et ceux des régions voisines. De nombreux intellectuels et militants associatifs, en particulier les jeunes qui ont donné un nouveau souffle à la manifestation, estiment que l’adhésion à cette ancienne tradition n’est pas seulement une renaissance des coutumes ancestrales, mais un moyen de faire découvrir les attraits historiques et touristiques de cette région des Aurès, son architecture typique, ainsi que son patrimoine culturel et civilisationnel.
L’un de ces militants associatifs, Hicham Berrehaïl, évoque, de son côté, cette autre fête distinctive appelée "Chaïb Achoura", célébrée durant 10 jours à partir de Moharram (jour de l’an de l’Hégire) et qui transforme la ville de T’kout, explique-t-il, en "véritable théâtre à ciel ouvert".
Durant cet événement, les rues, les ruelles et les places de l’agglomération pullulent de monde, les habitants rivalisant d’ingéniosité et de talent pour présenter, en revêtant des costumes de déguisement, un spectacle coloré et enjoué combinant danse, chant, musique et toutes sortes d’expressions corporelles.
Le président de l’Assemblée populaire communale de T’touk, Abdelhafid Soltani, est formel : "les monuments anciens de la ville, ses fêtes, ses us et coutumes, son patrimoine matériel et immatériel en font une destination privilégiée qui commence à attirer l’attention et à éveiller la curiosité", surtout, ajoute cet élu, "après que le village a remporté le prix de la meilleure dechra de la wilaya de Batna, organisé l’année dernière par la direction du tourisme et de l’artisanat".
L’importance et la renommée de cette petite ville des Aurès — bâtie sur une colline d’où elle domine les plaines environnantes — s’en sont trouvées démultipliées, surtout que les découvertes archéologiques qui y ont été effectuées démontrent que la zone était habitée depuis la période numide.
La pierre gravée d’inscriptions libyques, découverte dans la région de T’kout en octobre dernier lors de travaux de fouilles sur un terrain privé, prouve une présence humaine il y a 4.000 ou 5.000 ans avant J.C., selon les données recueillies sur place.
La dechra du vieux T’kout, avec ses venelles étroites et ses vergers luxuriants, incite ses visiteurs à y revenir pour découvrir d’autres vestiges du patrimoine culturel. Un patrimoine riche et diversifié que les jeunes et les intellectuels de la région s’attachent à mettre en valeur à travers les deux événements "Souk de la fête de l’automne" et "Chaïb Achoura" sur lesquels les habitants de la région fondent de grands espoirs pour gagner leur pari.
Un pari ambitieux mais parfaitement réalisable : transformer T’kout en véritable destination touristique à même d’impulser le développement économique de cette région montagneuse, relativement isolée, mais si attachante.

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