Les quantités de drogues, notamment le kif traité, saisies par les détachements de l’ANP aux frontières, proviennent du Maroc, selon les bilans des opérations établis par le MDN.
Les investigations menées par la gendarmerie nationale ont fait ressortir, sur la base de preuves scientifiques, «l’identité» des drogues saisies, notamment le kif traité. Des experts du laboratoire des drogues du département de toxicologie de l’Institut National de Criminologie et de la Criminalistique de Bouchaoui ont procédé aux analyses des échantillons saisis afin d’en identifier les types mais également la provenance, s’appuyant sur plusieurs données notamment l’emballage et le stockage mais également les mentions sur les cartons. Les experts ont pu procéder à l’identification du réseau de narcotrafic d’importation et de distribution, mais aussi à la détermination de la région de provenance, l'itinéraire emprunté, voire la qualité de la production, faisant ressortir que la majorité des marchandises saisies provient du Maroc. Il s’agit selon les experts de «profilage de drogue».
2.100 profils de drogues répertoriés
L’institut de Bouchaoui dispose d’une banque de données des différents types de drogues saisies à travers le territoire national, classés selon leurs composantes, le pays de provenance et la qualité avec plus de 2.100 profils de drogue répertoriés. Cette banque de données a été élaborée par le Centre de Recherches et Développement (CRD) afin d'identifier les types de drogue introduits, notamment via les frontières.
Le profilage des drogues permet d'avoir un profil complet de la résine lui conférant une signature chimique assez discriminante, permettant ainsi la comparaison à d'autres échantillons issus de différentes origines ou de différents sites de fabrication dans le cadre d'investigations judiciaires sur les réseaux de trafic de drogue. «Le profilage consiste à utiliser les profils chimiques et physiques d'une saisie de drogue dans le but d'en extraire des critères susceptibles de la distinguer des autres saisies et d'en préciser la provenance».
Dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et la sécurisation des frontières, 1.028 narcotrafiquants ont été arrêtés en 2020 et 703,2 quintaux de kif traité, 27,89 kilos de cocaïne, ainsi que 3.611.868 comprimés psychotropes ont été saisis par les détachements de l’ANP, notamment au cours d’opérations mixtes avec les services des douanes et de police aux frontières sud-ouest avec le Maroc à Béchar, Naâma et également au Sud à Adrar et Tamanrasset. Aux frontières ouest une baisse du trafic a été enregistrée, suite à la construction de tranchées tout le long des frontières à Tlemcen.
L’Algérie pays de transit
L’Algérie, de par sa position géographique, constitue un espace de transit privilégié pour les filières de drogue compte tenu aussi de l’immensité du territoire, l’étendue de ses frontières terrestres et notamment la proximité des zones de culture du cannabis au Maroc. Un rapport du Département d’Etat américain reconnaît que ce pays constitue une «sérieuse menace sur la sécurité et la stabilité de son voisin de l’Est», c’est-à-dire l’Algérie. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), le Maroc «est le plus grand producteur et exportateur mondial de cannabis».
La lutte contre le narcotrafic demeure une priorité majeure pour le haut commandement de l’ANP qui mène une guerre contre les narcotrafiquants, soucieux de la sécurité et de la stabilité du pays et de la région du Sahel. L’interconnexion entre les réseaux terroristes et de trafic de drogue a été démontrée par plusieurs enquêtes approfondies. Le trafic de drogue est devenu une source de plus en plus importante de revenus pour les groupes terroristes, des quantités importantes de psychotropes ont été également saisies aux frontières sud.
Pour les experts les réseaux de trafic de cannabis se sont orientés vers le trafic des psychotropes en raison des lourdes pertes enregistrées à la suite des saisies effectuées par l’ANP. Le profilage des comprimés psychotropes a permis de déterminer leur provenance du Mali et leur fabrication dans des laboratoires clandestins.
Neila Benrahal
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Qu’est-ce que le profilage de drogue ?
L’opération de profilage permet la comparaison de drogues saisies en vue d’établir, par exemple, un lien entre une saisie et un laboratoire clandestin de production.
Le profilage permet non seulement d’effectuer des liens entre les laboratoires, les dealers et les usagers, mais fournit aussi des données sur les réseaux, les organisations criminelles, les trafics de drogues, les voies de synthèse et les précurseurs utilisés. L’interprétation des informations issues du profilage systématique ouvre par conséquent des perspectives tant opérationnelles que stratégiques dans le cadre de la lutte contre le commerce des stupéfiants.
Les impuretés et les sous-produits présents généralement en grand nombre dans les stupéfiants ainsi que leurs concentrations relatives fournissent une sorte d’empreinte digitale de chaque substance analysée, c’est le fondement du profilage chimique.
