
Le nombre de cancers en Algérie est estimé à plus de 50.000 cas. Le cancer du sein vient en tête, avec plus de 14.000 cas annuels.
Le cancer est devenu une véritable obsession pour les systèmes de santé de par le monde, étant la deuxième cause de décès après les pathologies cardio-vasculaires. Les facteurs de risque, dont la pollution environnementale, le changement du mode de vie ainsi que la sédentarité sont parmi les causes principales. Pour faire face à cette situation, les autorités publiques ont mis en place un Plan national de lutte contre le cancer (2015-2020) qui a englobé toutes les activités liées à la prévention, au dépistage précoce de la maladie, à l'examen et aux soins. L'Etat a dans ce cadre mobilisé tous les moyens matériels et humains, en sus de la prise en charge sociale et psychologique.
Pas moins de 41 services ont été ouverts sur tout le territoire national, 77 unités de chimiothérapie, en plus de 20 centres de lutte anti-cancer, dont 6 appartenant au secteur privé, avec un budget alloué à l'acquisition de médicaments et de consommables médicaux inclus dans ce traitement au niveau de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH).
A cela s’ajoute le renforcement des établissements hospitaliers en ressources humaines qualifiées et spécialisées, l'ouverture et le renforcement des établissements hospitaliers spécialisés avec des appareils de radiothérapie, dont le nombre est passé de 7 en 2013 à 50 actuellement, dont 12 dans le secteur privé.
Informer et soutenir les familles
L’objectif est de garantir des prises en charge adaptées, d’améliorer l’accès à l’innovation et à la recherche, de garantir l’accompagnement global et la continuité de vie pour les patients et leurs proches et de mieux préparer l’après-cancer. De nombreuses associations se sont fortement investies pour informer et soutenir les familles.
Mohamed Ouissem Merakha, président de l'association caritative «Ness El kheir» à Annaba explique que «des associations de patients existent partout». Elles regroupent des bénévoles, souvent d’anciens patients, et organisent régulièrement des réunions d’information dans l'objectif de promouvoir le partage et l’entraide entre des personnes qui ont été confrontées ou non aux mêmes difficultés. Ces associations peuvent s’avérer très bénéfiques pour le malade et pour ses proches. «Elles proposent également des services personnalisés pour aider le malade dans sa prise en charge au quotidien», affirme M. Merakha, en attirant l'attention sur «les besoins d'accueil de la wilaya d'Annaba en matière d'hébergement des citoyens, enfants et adultes, ainsi que leurs accompagnants venant se faire soigner dans les hôpitaux universitaires de la ville».
Il indique que le nombre d'enfants et d'adultes dans les hôpitaux d'Annaba varie entre 200 et 250 patients par an». «La majorité vient de régions reculées du pays» précise-t-il, soulignant que «certains établissements hospitaliers ne disposent pas de capacités d'hébergement suffisantes pour répondre aux besoins des accompagnants et des patients, notamment le centre de lutte contre le cancer et la clinique pédiatrique Sainte Thérèse».
L’hébergement des accompagnants, un problème
Expliquant que cette maladie «perturbe la vie professionnelle et personnelle du patient», le président de l'association regrette «la lourdeur des charges qu'assument les familles de personnes malades résidant hors wilaya», et évoque une rencontre avec l'ambassadeur résident des Nations unies, au cours de laquelle ce dernier a confirmé le soutien de l'organisation onusienne à travers ses institutions aux projets d'hébergement des enfants malades en Algérie. M. Merakha affirme également avoir reçu une réponse de la Direction de la Santé d'Annaba indiquant qu'elle «n'est pas en mesure de fournir des abris à ces familles car cela dépasse ses pouvoirs légaux et réglementaires, ainsi que ses capacités».
Le président de l'association se félicite, par ailleurs, de l'engagement du wali d'Annaba «à fournir des abris à ces familles» néanmoins il regrette «l'absence d'actions concrètes pour matérialiser ces engagements». Il estime que le problème ne se limite pas aux habitants des wilayas limitrophes mais «concerne beaucoup d’Algériens obligés de débourser des fortunes pour accompagner les malades».
Tahar Kaidi