
Entretien réalisé par : Soraya Guemmouri
El Moudjahid : Pouvez-vous, pour commencer, nous présenter l’université Mohamed-Seddik-Benyahia de Jijel ?
Nourredine Benali-Chérif : La création de l’université de Jijel remonte à l’année 1986, d’un petit institut des travaux publics rattaché à l’université de Constantine, à la naissance en 1988 de l’École normale en sciences fondamentales (décret du 22/03/1988), où des licences en physique, de chimie et de mathématiques ont été ouvertes. En 1993, l’institut formant des techniciens supérieurs en travaux publics est intégré à l’École normale qui, en 1998, devient un centre universitaire (décret exécutif n° 98/221 du 27/07/1998), avec quatre instituts : institut des sciences exactes, institut de technologie, institut des sciences naturelles et institut d’informatique. Conformément au décret exécutif du 22/07/2003, le centre universitaire a été reclassé en université composée de quatre collèges, à savoir la faculté des sciences, l’école supérieure d’architecture, la faculté de droit ainsi que la faculté des sciences de gestion. En 2009, conformément au décret exécutif du 17/02/2009, le centre universitaire est promu en université qui porte le nom du moudjahid Mohamed Seddik-Benyahia.
Aujourd’hui, l’université est composée de sept facultés : faculté des sciences exactes et informatique, faculté des sciences de la nature et de la vie, faculté des sciences et technologies, faculté de droit et sciences politiques, faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion, faculté des lettres et des langues et faculté des sciences humaines et sociales. Elles sont réparties en deux pôles universitaires : Tassoust et Jijel, en plus d’un troisième en cours de construction dans la commune d’Al-Aouana avec la réception d’une partie, l’année prochaine.
La rentrée universitaire a eu lieu samedi dernier. Quelles sont les nouveautés à l’université, cette année ?
De prime abord, je dois souligner qu’en ce début d’année, nous avons enregistré un total de 23.092 étudiants inscrits dans différentes spécialités, encadrés par 1.292 enseignants et 1.142 ATS, avec 24.585 places pédagogiques. L’autre fait à mettre en avant est qu’une nouvelle spécialité vient enrichir l’espace universitaire. L’université de Jijel fait partie des 14 universités nationales agréées à ouvrir l’annexe de médecine, un vieux rêve qui se réalise. Pas moins de 356 étudiants sont inscrits en première année et rattachée pédagogiquement à la faculté de médecine de Bejaia. Il faut savoir par ailleurs qu’en matière d’inscription pour cette rentrée universitaire, toutes les démarches pédagogiques des nouveaux et anciens étudiants de la graduation ont été réalisées exclusivement en ligne (inscription, réinscription, réintégration, transferts universitaires interne et externe et inscription au master). On est également heureux d’annoncer que le nombre total d’étudiants diplômés de l’année 2022-2023 s’élève à 5.830, dont 3.245 étudiants du cycle licence, 2.585 étudiants du cycle master.
Qu’en est-il des nouvelles offres de formation ?
Pour ce qui est des nouvelles offres de formation pour l’année 2023-2024, il existe trois offres de formations pour le master académique, trois pour le master professionnel et deux offres de formations académiques pour la licence. Celles-ci concernent les spécialités suivantes : master académique : génie chimique ; master académique : réseaux et communications (ST) ; master académique : littérature et civilisation(anglais) ; master professionnel : droit pénal et sciences criminelles ; master professionnel : préparation et formation des alliages ; master professionnel : ingénierie de la ville et de l’urbanisme à l’ère de la digitalisation ; licence académique : productions animales et licence académique : sciences forestières.
Vous n’êtes pas sans savoir que 10.000 enseignants ont été recrutés au titre de cette année universitaire. Quelle est, selon vous, la plus-value de ce recrutement ?
Il faut surtout savoir que cette méga-opération est la première du genre de par son envergure. L’université de Jijel a recruté 224 enseignants. Elle est la seconde au niveau national après l’USTHB en termes de nombre. Il n’y a nul doute que cette grande opération de recrutement contribuera, à coup sûr, à améliorer la qualité de l’enseignement et de l’encadrement au niveau de l’ensemble des établissements relavant du secteur, y compris l’université de Jijel, notamment au niveau des facultés des sciences humaines : droit, sciences économiques et littérature, sises au campus de Tassoust.
Pour notre part, ce recrutement a amélioré le taux d’encadrement global qui passe de 21 étudiants/enseignant à 18, sachant bien sûr que ce taux varie d’une spécialité à une autre. L’autre remarque importante à ne pas perdre de vue est que le taux standard international est de 1/30 pour le domaine des sciences humaines et de 1/20 pour les sciences et technologies.
Un mot sur la politique «zéro papier» et son impact…
Dans le cadre de la politique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour la protection de l’environnement local, national et planétaire et aussi pour rationaliser les dépenses, nous avons abandonné le papier dans toutes nos démarches administratives et pédagogiques. L’université de Jijel a adopté une politique du «zéro papier» dans de nombreuses actions et opérations administratives.
Nous pouvons citer entre autres l’utilisation de la correspondance par e-mail et l’interdiction des affichages-papier. Notons aussi que les soutenances de master et de doctorat se déroulent sans papier et que toutes les démarches de dépôt de soutenance se font en ligne via des fichiers électroniques et ce depuis l’année dernière. Il y a lieu de relever également que les inscriptions universitaires se font exclusivement et entièrement en ligne. L’université de Jijel œuvre, depuis plus de deux ans, à introduire la numérisation dans toutes ses structures et opérations à travers la numérisation pédagogique par l’utilisation exclusive de la plateforme Progress.
L’université de Jijel est pionnière au niveau national dans l’utilisation de cette plateforme dans toutes les opérations pédagogiques : inscription des étudiants, notes d’examens, attestations d’inscription, congés académiques, procès-verbaux de délibérations, diplômes... La numérisation est adoptée aussi en matière de gestion des ressources humaines et de comptabilité.
Qu’en est-il des défis à relever à court et moyen termes ?
Nous comptons commencer à exploiter le pôle d’El Aouana de 6.000 places pédagogiques durant cette année universitaire avec la réception, dans un premier temps, de 3.000 places pédagogiques et le dégel du projet de construction d’une faculté de médecine. Nous avons également le dégel de l’opération étude et réalisation de 80 logements au profit d’enseignants ainsi que l’étude et réalisation de dix laboratoires (déjà au programme), outre la programmation de dix autres laboratoires pour étude et réalisation.
Nous œuvrons à relever un défi en collaboration avec la wilaya, à savoir acquérir (ou réaliser) un centre hospitalo-universitaire pour bien asseoir la formation de médecine qui vient d’être lancée cette année. Parmi les autres projets, on compte l’installation du réseau intranet et internet à Tassoust et la réhabilitation des deux pôles Jijel et Tassoust, l’acquisition d’un studio d’enregistrement pédagogique à la faculté des sciences humaines et sociales, ainsi que la remise en état du hall technologique abandonné depuis des années.
Il faut savoir qu’en matière de recherche scientifique, l’université avec ses 33 laboratoires de recherche et son potentiel de chercheurs peut jouer un rôle primordial dans le développement socio-économique de la région. Des projets sont montés avec des partenaires et des résultats encourageants ont été obtenus. Avec son incubateur, son centre de développement de l’entrepreneuriat, une soixantaine d’étudiants ont bénéficié d’un encadrement spécial et des start-up et brevets ont couronné plusieurs mémoires de masters. Enfin, nous sommes heureux d’annoncer que l’enseignement en langue anglaise est devenu une réalité et qu’au moins deux masters seront enseignés en totalité dans cette langue, en plus de l’introduction de l’anglais dans toutes les facultés et spécialités, surtout après avoir formé la quasi-totalité des enseignants au niveau du centre d’enseignement intensif des langues.
S. G.