
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé l’ouverture des frontières avec le Niger et le renforcement des relations bilatérales, à l’occasion de la visite du Président Mohamed Bazoum.
L’Algérie a adopté une nouvelle approche dans le domaine de la politique étrangère basée sur l’aspect économique, a indiqué, hier, Mohamed Khodja, enseignant en sciences politiques à la faculté d’Alger, dans une déclaration à El Moudjahid. Le professeur a souligné que l’Algérie, dans le cadre de la sécurité globale, a inclus un élément nouveau dans la coopération bilatérale, à savoir l’économie. «Le Niger n’a pas seulement de préoccupations sécuritaires ; d’ailleurs, c’est dans cet esprit que le Président Tebboune a annoncé l’ouverture de la frontière terrestre algéro-nigérienne, pour faciliter notamment les échanges commerciaux. Cette nouvelle approche va permettre de promouvoir le rôle régional de l’Algérie qui ne se limite pas à la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier et aux questions politiques, mais à d’autres à dimensions économique et commerciale», a soutenu M. Khodja. Il a également relevé un pas important sur la scène diplomatique qui dépasse le cadre classique, à savoir la coopération politique ou sécuritaire. «L’Algérie dispose des moyens d’attractivité commerciale qui ont un impact direct sur les relations entre les deux pays», affirme-t-il. L’Algérie s’oriente vers le marché africain. Il y a quelques semaines, il a été décidé l’ouverture du poste frontalier de Debdeb-Ghadamès, dans le cadre de la promotion des échanges économiques et commerciaux avec la Libye. L’Algérie accorde une grande importance aux relations avec les pays africains, selon des économistes. Un nombre important d’opérateurs publics et privés ont pris part au Salon international Import-Export-Interafricain (IMPEX 2021) à Alger, dédié à la promotion des échanges économiques et commerciaux. «L’objectif principal étant d’offrir des opportunités et des marchés porteurs aux producteurs nationaux, hors-hydrocarbures, et d’exporter leurs produits vers tous ces pays », selon les organisateurs. Pour rappel, l’accord de libre-échange interafricain est entré en vigueur officiellement, en début 2021, conformément aux engagements pris par les États ayant signé et ratifié le texte de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Selon l’accord portant sa création, la ZLECAF vise à créer un marché unique pour les marchandises et les services facilité par la circulation des personnes afin d’approfondir l’intégration économique du continent africain et conformément à la vision panafricaine d’une «Afrique intégrée, prospère et pacifique», telle qu’énoncée dans l’Agenda 2063.
De son côté, le président de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, Tarek Kour, a assuré, dans un entretien à El Moudjahid, que l’ONPLC a pris plusieurs actions d’accompagnement et de prévention contre la corruption au sein des entreprises économiques, pour la promotion des investissements en Afrique, en application des orientations du gouvernement. Toutefois, le renforcement de la coopération sécuritaire demeure prioritaire. La stabilité est un préalable au développement économique. L’Algérie a un rôle pivot dans le rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’espace sahélo-saharien.
Une coopération soumise à de nombreux paramètres
La région du Sahel est confrontée à toutes formes de déstabilisation qui ne sont pas propices au développement socio-économique de cette région ni à la sécurité régionale, notamment. En ce sens, Hassen Kacimi, ancien cadre supérieur au ministère de l’Intérieur et expert des questions de la migration et des questions du Sahel, a indiqué à El Moudjahid que «l’ouverture des frontières avec le Niger est une décision politique, qui nécessite, pour sa mise en œuvre, la mise en place de dispositifs adéquats et renforcés, pour éviter que nos frontières du Sud ne soient infiltrées par des réseaux criminels transnationaux». L’ouverture des frontières est soumise à des paramètres fondamentaux, dont la migration. «Le Niger est la plateforme migratoire de l’Afrique. Environ 500.000 migrants passent chaque année par Niamey. L’installation au nord du Niger de plus de 10 bases militaires étrangères et la forte présence militaire étrangère constituent une menace», relève-t-il. Sur le plan économique, la coopération avec le Niger doit tenir compte de ces paramètres, pour protéger les intérêts du pays. «Les filières d’exportation ou d’importation avec le Niger doivent être arrêtées par les experts. Si l’Algérie doit s’impliquer dans la coopération, notre pays doit solliciter le Niger pour investir dans le domaine minier. L’Algérie peut également, dans le cadre du développement des zones frontalières, soutenir le nord du Niger, à travers des projets rentables et bénéfiques aux deux pays», insiste l’expert, précisant que l’Algérie a toujours été à l’écoute des Nigériens. En ce sens, l’expert a plaidé pour la signature d’un accord bilatéral de réadmission des migrants en situation illégale en Algérie. «L’Algérie doit éviter à tout prix le scénario d’une arrivée massive des migrants nigériens vers l’Algérie, qui sera suivie par des milliers de migrants maliens et des pays de la CÉDÉAO» avertit-il. Dans ce cadre, le Président Bazoum a déclaré avoir fait part au président de la République Abdelmadjid Tebboune «du grand programme engagé dans la région du Diffa à l’extrême est du Niger, qui consiste à ramener toutes les populations déplacées depuis l’année 2015 au fait de l’insécurité dans leur village. Cette opération devrait concerner plus de 100.000 personnes», a-t-il dit.
Neila Benrahal