Le compte à rebours est lancé. Dans moins d’une semaine, des centaines de milliers de candidats à travers le pays prendront place dans les salles d’examen pour passer l’épreuve du baccalauréat, dont le coup d’envoi est fixé au 15 juin. Ce moment, à la fois attendu et redouté, constitue une étape déterminante dans le parcours scolaire, marquant la transition entre le lycée et l’univers universitaire. Après les épreuves du BEM, tenues du 1er au 3 juin dans un climat globalement serein, le cap est désormais mis sur le baccalauréat. Ce second rendez-vous national, aux enjeux éducatifs et sociaux majeurs, concentre à présent toute l’attention des autorités, des enseignants, des familles et bien sûr des candidats. Partout l’ambiance est celle d’une mobilisation générale. Entre les dernières révisions, les conseils d’enseignants, le soutien des familles et les préparatifs logistiques du ministère de l’Éducation nationale, l’ensemble de ces acteurs semble retenir son souffle. Chaque jour compte désormais, et chaque heure de travail peut faire la différence. Contacté à ce sujet, Meziane Meriane, pédagogue et ancien syndicaliste, souligne que l’Algérie reste «l’un des rares pays à accorder autant d’importance à l’examen du baccalauréat», aussi bien sur le plan logistique que dans les moyens humains et matériels mobilisés pour en garantir la réussite et préserver sa crédibilité. Il salue, à ce propos, l’investissement massif de l’État, citant notamment l’acheminement sécurisé des sujets jusqu’aux zones les plus reculées du pays, parfois en mobilisant l’armée nationale. «Tout est mis en œuvre pour que les épreuves se déroulent dans les meilleures conditions possibles, avec un encadrement à la hauteur de l’enjeu», a-t-il affirmé. Mais l’enjeu n’est pas seulement logistique, il est aussi éthique. Le pédagogue rappelle, à ce titre, l’ensemble des mesures mises en place au cours de ces dernières années pour garantir l’intégrité d’un examen qu’il qualifie de hautement social, dans la mesure où il conditionne non seulement le parcours d’un élève, mais aussi la crédibilité de l’école et des diplômes délivrés. Contrôle strict à l’entrée, obligation de présenter une convocation et une pièce d’identité, fermeture des centres d’examen après l’ouverture des enveloppes, brouillage des réseaux, interdiction d’accès après l’horaire légal… tout est fait, dit-il, pour dissuader la fraude, en plus des sanctions prévues par la loi à l’encontre des fraudeurs. «C’est un combat d’intérêt national, à mener avec la même intensité que celui de la lutte contre la drogue», souligne le pédagogue. Pour Meziane Meriane, tricher revient à compromettre la société elle-même : «Un médecin qui obtient son diplôme par la fraude, ce sont des vies en danger. Un ingénieur diplômé sans mérite, ce sont des ouvrages qui peuvent s’effondrer». Il insiste donc sur l’importance de moraliser les examens, de responsabiliser les élèves, et de sensibiliser l’opinion publique à la gravité du phénomène. Pour aller plus loin dans la prévention, Meziane Meriane plaide pour une réforme en profondeur de la nature des épreuves. «Nous avons proposé une réforme des examens, afin de poser des questions qui sollicitent l’intelligence, la réflexion, la compréhension. Il ne s’agit pas de simples restitutions mécaniques qu’on peut transmettre via Bluetooth ou téléphone», explique-t-il, estimant que c’est en revalorisant le sens même de l’évaluation qu’on découragera durablement les comportements frauduleux. Meziane Meriane met en avant l’impact réel des mesures mises en place ces dernières années pour endiguer la fraude dans les examens scolaires. Il souligne que ces dispositifs commencent à produire des résultats tangibles, avec une réduction notable des tentatives de triche. À titre d’exemple, il cite l’examen du BEM tenu du 1er au 3 juin, où seules trois tentatives de fraude ont été signalées à l’échelle nationale, un chiffre quasi insignifiant comparé aux années précédentes. «C’est le signe que les mesures commencent à porter leurs fruits. La baisse est perceptible», observe-t-il, en insistant sur la nécessité de poursuivre dans cette voie. Sur le plan climatique, Meziane Meriane reconnaît que les fortes chaleurs peuvent constituer un facteur perturbateur, notamment dans les régions du Sud où les températures atteignent souvent des seuils extrêmes en cette période de l’année. «C’est vrai qu’il y a des zones, comme dans le Sud, où la chaleur devient difficilement supportable. Mais je l’ai constaté de visu : toutes les salles d’examen sont dé-sormais équipées de climatiseurs. Des mesures concrètes ont été prises, et cela mérite d’être salué». Toutefois, il refuse d’en faire un élément décisif. «Ce ne sont ni la chaleur, ni le Ramadhan, ni quelque autre circonstance extérieure qui empêcheront un élève bien préparé de réussir. Juin reste la période idéale pour organiser le bac. À chacun de se préparer en conséquence. On ne peut pas attendre que toutes les conditions soient idéales : c’est aussi cela, le sens de l’épreuve».
K. H.