Actant la hausse du salaire minimum et de la prime de chômage décidée par le chef de l’État, des responsables politiques, des citoyens et des syndicalistes ont largement salué la décision entérinée lors du dernier Conseil des ministres.
Le Salaire national minimum garanti (SNMG) passera ainsi de 20.000 à 24.000 dinars dès janvier 2026. «L’augmentation de 4.000 DA du SNMG était attendue par la majorité des employés de notre entreprise», affirme Omar, agent de l’EPIC Nadhif chargé de la collecte et du tri des déchets ménagers dans la wilaya de Bouira. Partageant ce constat, plusieurs travailleurs, dont le salaire ne dépasse pas les 30.000 DA, estiment que cette revalorisation arrive à point nommé dans un contexte marqué par la dégradation du pouvoir d’achat et l’envolée des prix des produits de large consommation. «J’ai à ma charge une famille de cinq personnes, dont trois scolarisées. Je touche 35.000 DA par mois. Il faut reconnaître qu’il s’agit de la plus importante hausse enregistrée depuis des décennies, après celle de 2020», témoigne un autre salarié averti. Dans le même sillage, la prime de chômage a été relevée de 15.000 à 18.000 dinars afin d’améliorer le pouvoir d’achat des jeunes sans emploi. Le chef de l’État a également ordonné la révision du système de renouvellement de cette allocation.
Désormais, elle sera attribuée pour une durée minimale d’un an, renouvelable. Il a insisté sur la nécessité pour l’Agence nationale de l’emploi d’assurer une gestion transparente, notamment à travers la mise à jour d’une base nationale permettant de distinguer clairement les demandeurs d’emploi réels des personnes déjà insérées professionnellement. Le Président a aussi chargé le ministère du Travail de formuler des propositions pour la revalorisation des pensions et allocations de retraite, qui seront examinées lors du prochain Conseil des ministres.
A. F.
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Djamel Baloul, ancien député du FFS et membre de la direction nationale du parti : «l’accueil social est indéniablement positif»
Djamel Baloul, ancien député du FFS et membre de la direction nationale du parti, a indiqué que «l’accueil social de ces augmentations est indéniablement positif». «Sur le plan social, presque tout le monde salue ces mesures, car les Algériens attendent depuis longtemps une revalorisation durable des salaires et des retraites», souligne-t-il. Selon lui, ces décisions sont «salutaires et nécessaires», mais il a néanmoins alerté sur les contraintes économiques du pays. Il s’interroge sur la capacité de l’économie nationale à absorber ces hausses sans aggraver le déficit budgétaire. «Le risque existe réellement. Soit il faut mobiliser de nouvelles ressources, soit recourir à l’endettement. Et surtout, il ne faut pas ignorer l’impact sur l’inflation», prévient-il. L’ancien député estime que l’augmentation des revenus pourrait être rapidement neutralisée si la flambée des prix se poursuit. «Ces revalorisations doivent impérativement s’accompagner de réformes structurelles, de création de richesse et d’une régulation stricte des prix afin que les ménages ne perdent pas autant qu’ils gagnent», insiste-t-il.
A. F.
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Mahfoud Kaoubi, économiste : «cette hausse profitera à toutes les catégories professionnelles»
La hausse décidée par le président de la République du SNMG représente une augmentation de 20 %, soit la hausse la plus significative enregistrée dans le pays depuis son indépendance en 1962. Pour l'économiste Mahfoud Kaoubi, qui intervenait hier sur les ondes de la radio algérienne, cette hausse a un objectif primordial : soulager les petits revenus et atténuer les problèmes croissants du pouvoir d'achat. Il a précisé que l'augmentation de 20 % du salaire de base profitera tant aux salariés de la fonction publique qu'à ceux œuvrant dans le secteur économique, qu'il soit public ou privé, assurant ainsi une couverture nationale large et inclusive. Quid de l'impact de cette révision sur les autres catégories professionnelles ? Pour l’expert, l'augmentation du SNMG de 4.000 dinars (de 20.000 à 24.000 dinars) est appelée à provoquer un nécessaire ajustement des salaires sur l'ensemble de la grille nationale. Pour lui, cette mesure est indispensable pour garantir la cohérence et l'équité au sein du système de rémunération. En effet, sans un glissement salarial des catégories supérieures au SNMG, le risque serait de voir un tassement des revenus, où les différences entre les salaires minimums et ceux des catégories socioprofessionnelles juste au-dessus s'amenuiseraient, sanctionnant de facto les qualifications et l'expérience. Mahfoud Kaoubi l'a clairement indiqué : «Cette augmentation du SNMG à hauteur de 4.000 dinars verra certainement un glissement qui concernera les autres salaires pour qu’il n’y ait pas de tassement en matière de revenus ; et qui ne sanctionnera pas les catégories socioprofessionnelles qui étaient dans un niveau supérieur au SNMG. Donc, oui, l’augmentation du SNMG à hauteur de 4 000 dinars devra profiter à toutes les catégories professionnelles.» Rappelons que cette vague de revalorisation est d'autant plus notable qu'elle constitue la seconde hausse significative sous la présidence de M. Abdelmadjid Tebboune, après celle de 2020 , durant son premier mandat, qui avait porté le SNMG de 18 000 à 20 000 dinars, signalant une orientation ferme vers le renforcement du pouvoir d'achat des travailleurs algériens.
Y. Y.
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Les partis politiques saluent
La classe politique a vivement réagi, hier, suite à la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de revaloriser le Salaire National Minimum Garanti (SNMG) à 24.000 DA et l’allocation-chômage à 18.000 DA. Une augmentation qui entrera en vigueur en janvier 2026 est qui est la plus significative depuis l’indépendance. Le Front de Libération Nationale (FLN) a salué vigoureusement la décision du chef de l’Etat de revaloriser le SNMG. «Cette mesure concrète traduit l’engagement de l’Etat de renforcer le pouvoir d’achat des citoyens, de soutenir activement les catégories les plus vulnérables et de promouvoir une justice sociale au service de nos compatriotes», a déclaré à El Moudjahid Farid Arar, chargé de la communication au sein du parti. Le Rassemblement National Démocratique (RND) a également salué cette décision prise par le président de la République, affirmant qu’il s’agit d’une «réalisation historique» qui s’inscrit en continuité de la politique de réforme de la grille des salaires entreprises par le président Tebboune depuis 2020. «Le parti soutient toutes les démarches entreprises par les plus hautes autorités du pays en vue de protéger et renforcer le pouvoir d’achat des Algériens», précise, à El Moudjahid, le chargé de communication du RND, Belkacem Djir. Le Parti des travailleurs a, pour sa part, salué, la décision prise par le premier magistrat du pays, soulignant que cette mesure importante fait partie des revendications de la formation politique dirigée par Louisa Hanoune. «Il s’agit d’une démarche judicieuse s’adressant à l’ensemble des travailleurs du secteur économique et des services. Nous estimons cependant qu’il faut des mesures accompagnatrices à l’instar du plafonnement des prix de certains produits de large consommation, la régulation du marché et poursuivre la lutte contre l’inflation en réajustant constamment les pensions de retraite et les salaires», a assuré Ramdane Youcef Taâzibt, membre du bureau politique du PT, avant d’ajouter, concernant la décision d’augmenter l’allocation chômage, que le PT espère que l’ANEM puisse jouer son rôle fondamental qui est de proposer des débouchés professionnels conformes aux diplômes et qualifications des jeunes. Le MSP soutient, à son tour, la décision du président de la République, affirmant, au passage, que le mouvement s’inscrit en faveur de toute démarche permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des citoyens. «Nous souhaitons qu’il y ait d’autres augmentations à l’avenir touchant cette fois-ci le salaire de base», a affirmé, à El Moudjahid, Mohamed Bouchenane, chargé de la communication auprès du bureau du MSP relevant de la wilaya d’Alger. Pour rappel, la loi de finances pour l’année 2024 avait adopté de nouvelles mesures pour protéger les Algériens contre la tendance inflationniste qui frappe durement le monde. Des mesures qui se caractérisent par la poursuite de l'augmentation des salaires, atteignant 47% de plus en 2024, des augmentations qui tiennent comptent de l'incidence financière résultant de la révision des statuts des secteurs de la santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le président Tebboune avait décidé d’exonérer fiscalement certains produits de large consommation, réitérant son engagement à préserver le caractère social de l’Etat. Enfin, le 20 août 2024, un décret exécutif publié dans le Journal officiel est venu plafonner le prix du café à la consommation et les marges bénéficiaires maximales à l’importation, ainsi qu’à la distribution en gros et au détail. Ce décret n° 24-279 fixe le prix maximum du café à la consommation, à 1.250 DA le kilo, toutes taxes comprises pour le café «arabica» vert, torréfié ou moulu, et à 1.000 DA le kilo pour le café «robusta» vert, torréfié ou moulu.
S. K.