
Par Kamel Oulmane
Chaque jour que Dieu fait avec la régularité d’un métronome, quelque 15 personnes environ, sans distinction d’âge, meurent dans un accident de la route, soit plus de 4 000 personnes par an, dépassant le séisme de Chlef ou de Boumerdès, pour rester dans la valse tragique des chiffres. Et encore, on ne comptabilise pas les blessés, qui meurent après l’accident, durant leur transfert à l’hôpital ou quelques jours après, non comptabilisés dans les statiques officielles. Ces catastrophes distillées quotidiennement n’émeuvent personne, comme s’il s’agissait d’une fatalité à accepter, une sorte de tribut à payer à la motorisation croissante de la société. Pourtant, les drames routiers, qui endeuillent des centaines de familles, fauchent surtout les forces vives du pays, les femmes, les étudiants, les cadres, les techniciens… Le vieux dans la montagne, lui, court peu de srisques. D’autre part, les multiples dégâts causés aux équipements publics et aux matériels, les couteux frais d’hospitalisation des victimes , les indemnités versées aux blessés et la prise en charge des personnes handicapées génèrent des coûts faramineux supportés par la collectivité. Quant au deuil des familles, il n’a pas de prix. Qui compensera la perte d’un être cher, un enfant, un père, un mari, parfois seule source de revenus pour la famille, qui, outre la douleur, se retrouve, du jour au lendemain, sans ressources, ou dans l’obligation de prendre en charge, pour les restant de ses jours, un parent cloué à vie sur un fauteuil.
C’est cela la dure réalité et, pourtant, nous l’acceptons sans sourciller, car nous entretenons un rapport particulier avec l’automobile, qui, comme la langue d’Esope, peut être la meilleure ou la pire des choses.
Premier facteur d’accident aggravant, la vitesse excessive, notamment sur les autoroutes, bien qu’elle soit limitée, cependant, disons-le tout net, ces infrastructures, bien que très chères, ne sont pas conçues comme telles : à tout moment une personne peut traverser l’autoroute ,tout comme l’on peut se retrouver devant une vache. Ces voies sont utilisées comme autoroutes juste en terme de vitesse. En en ville, malgré les efforts des autorités, la vitesse moyenne reste dangereusement élevée.
Certes, des efforts colossaux sont déployés pour réduire la fréquence et la gravité des accidents, mais cela ne suffit pas et les campagnes de sensibilisation n’ont pas plus d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois. Certes, il n’existe pas de méthode miracle, la répression des infractions ne constituant pas la panacée, n’étant pas suffisamment dissuasive. Il reste que chacun doit être placé devant ses responsabilités, chaque Algérien pensant être un bon conducteur, voire le meilleur, et l’accident, c’est toujours les autres et ça n’arrive qu’aux autres.
K. O.