
Par K.Oulmane
Jamais l’armée coloniale, déployée sur tout le territoire algérien depuis le 1er Novembre 1954, alignant jusqu’à 500.000 hommes, n’avait pensé qu’un certain 20 août 1956, dans une modeste maison cantonnière du petit village d’Ifri à Béjaïa, se tiendrait, dans un secret absolu, avec l’aide précieuse de la population qui assurait la surveillance des lieux et l’approvisionnement des moudjahidine, l’un des évènements majeurs de la lutte de Libération.
Cet événement majeur, le Congrès de la Soummam, traça avec une pertinence inégalée les objectifs et les principes dont s’inspire encore aujourd’hui l’Algérie. Les quelques jours que dura la rencontre sous la menace permanente de l’ennemi alentour, dans cette masure au toit si bas qu’il fallait se baisser pour y entrer, débouchèrent, après d’interminables veillées, sur des décisions qui marquèrent avec justesse le cours de la Révolution et lui permirent de définir sa démarche inexorable vers l’indépendance avec pragmatisme et clairvoyance.
Les décideurs réunis à Ifri, sans palabres ni fioritures, conférèrent dès lors au combat libérateur la visibilité et les moyens nécessaires pour chasser l’occupant colonial. Les travaux aboutirent donc à la réorganisation complète du FLN et à l’élévation de l’ALN au rang de véritable armée formée d’unités combattantes structurées et dotées d’une véritable hiérarchie. Le congrès a également procédé aux découpage du territoire national en six wilayas, afin de mieux cadrer le combat en fonction des nécessités.
Cependant, par-delà la hiérarchie militaire, le lien fort qui unissait véritablement les combattants était surtout celui du sang versé. L’infirmière n’avait pas toujours les instruments nécessaires, les armes et les munitions étaient comptées, la nourriture consistait souvent en une galette et une poignée de figues au fond de la gibecière... Faut-il rappeler aussi que les dures conditions d’existence dans les maquis différaient suivant la saison, la région, la présence de l’ennemi et les contraintes de l’action offensive. Cela exigeait donc de se déplacer constamment, rapidement et sans être vu, le plus souvent de nuit, en empruntant les lits d’oued et les sentiers de chèvre, le gîte s’organisant à la belle étoile quelle que soit la saison. Affrontant sans cesse les mêmes dangers et les mêmes privations, tous grades confondus, seule la foi en la cause sacrée a permis aux moudjahidine de surmonter les difficiles conditions d’existence et de combat, jusqu'au jour de la victoire finale qui marqua la fin de la nuit coloniale.
K. O.