Des spécialistes mettent en garde contre les effets dévastateurs des psychotropes

Face à l'augmentation des quantités saisies de divers types de psychotropes, par les services de sécurité, de douane et services compétents, les experts tirent la sonnette d'alarme concernant la consommation et la distribution de ces substances au sein de la société, en particulier chez les jeunes.
Des experts du domaine de la santé publique mettent en garde contre le danger croissant et les effets dévastateur de ces produits sur la santé de générations entières, et soulignent que la lutte contre leur propagation généralisée chez les jeunes nécessite une approche «globale», basée sur la dissuasion, le contrôle des frontières, ainsi que la prévention et la sensibilisation.
Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) affirme à ce sujet que les trafiquants de drogue ont trouvé ces dernières années l'occasion pour croître et étendre leur activité en l'absence de lois dissuasives et rigoureuses. «Les personnes impliquées dans le trafic de drogue, lorsqu'elles entrent en prison, font la connaissance d'autres criminels et en sortent organisées sous forme de réseaux, ce qui leur permet de promouvoir davantage les psychotropes, notamment auprès des jeunes. Ils profitent en effet des conditions psychologiques et sociales de ces derniers pour les pousser à consommer ces substances et autres types de drogues», explique Mohamed Khiati à El Moudjahid.
Dans ce cadre, il prévient quant au grand danger que représentent ces substances sur la santé mentale des jeunes, dont ils ne se rendent pas compte, soulignant qu'ils sont très dangereux pour le cerveau. Il affirme que dans certains quartiers de la capitale on assiste à des décès successifs de jeunes à cause de la consommation à des doses excessives de ces comprimés, sans se rendre compte de l'ampleur de leur impact et leur danger, qui mène à leur décès. En ce qui concerne la source de ces substances, qui sont des produits médicaux principalement pharmaceutiques, notre interlocuteur indique que différents types de psychotropes sont produits dans des laboratoires secrets dans les pays africains, puis distribués dans les pays du Sahel pour être acheminés en Algérie. Aussi, certains médicaments destinés au traitement du cancer, à la transplantation rénale et autres, qui ont des aspects et des effets qui jouent le rôle d'un psychotrope, sont exploités et vendus comme hallucinogènes par les trafiquants.
S’agissant de la meilleure façon de faire face à cette large propagation de psychotropes, le président de la FOREM rappelle avoir déjà appelé il y a des années à la création d'un «observatoire» dédié à cette question. Le marché des psychotropes et ce qui en découle est en mouvement, outre le fait que les types de psychotropes ne sont pas classés, ce qui rend difficile la traçabilité de ces substances par les autorités douanières et les autorités compétentes. Par conséquent, le président de la Forem estime nécessaire d'avoir un suivi régulier et actualisé de ces questions, de manière à empêcher l'entrée de psychotropes dans notre pays.
Pour sa part, le vice-président du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), explique que la source des médicaments psychotropes qui sont largement diffusés auprès des jeunes ne sont pas les pharmacies, mais d'autres parties. «Les pharmaciens sont liés par le décret exécutif n° 19-379 du 31 décembre 2019, qui définit les modalités de contrôle administratif, technique et de sécurité des substances et médicaments aux propriétés psychotropes. De ce fait, les pharmaciens sont tenus de suivre des procédures et conditions spéciales lors de la délivrance de toute ordonnance aux patients. Ils sont obligés de l'écrire dans des registres spéciaux et de suivre les tableaux publiés par le ministère de la Santé dans ce domaine, et donc tout est réglementé par les pharmaciens», a expliqué Karim Merghami, qui précise que ce qui est vendu de ces hallucinogènes «vient de l'extérieur des frontières», comme confirmé, selon lui, par les services des douane et les services de sécurité.

Salima Ettouahria

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