Constantine, vivier du syndicalisme

De notre correspondant Issam Boulaksibat 
 
Si, pour la période postindépendance, la cause est entendue, la tradition syndicale de la ville natale d’Abdelhak Benhamouda remonte à bien plus loin que le début des années 1920, que certains, à l’image de Merani, présentent comme la période où « les Algériens ont commencé à s’intéresser timidement à l’activité syndicale», et ce «sous l’impulsion de la Confédération générale du travail (CGT) française fondée en 1895, et plus particulièrement de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), créée en 1921…». 
En effet, dans son ouvrage Maghreb de traverse, le spécialiste du Maghreb et du mouvement ouvrier international, René Gallissot, situe l’apparition du syndicalisme en Algérie à 1880, avec un léger décalage par rapport au développement de celui français qui a bénéficié de l’amnistie des communards en 1879 : «Une première chambre syndicale ouvrière était apparue à Constantine en 1880, puis un syndicat des tailleurs de pierre (1883)», atteste l’historien, qui précise cependant que l’élan a été coupé avec l’intervention de la loi française de 1884, laquelle «stipule que les syndicats ne peuvent être administrés que par des Français jouissant des droits civiques». 
Par la suite, les syndicats « de Français» vont se multiplier dans les principales villes. Dans ce contexte, le département de Constantine arrive, avec 15 syndicats, en deuxième position, loin derrière Alger (51 syndicats selon le tableau de la situation en 1894), mais devant Oran (7 syndicats) et les autres. 
Ces représentations comprennent un large éventail de métiers, à l’image des typographes, des cordonniers, des coiffeurs, des restaurateurs, des dockers, des cheminots, des traminots, etc. 
Il convient d’y ajouter les syndicats fondés par les ouvriers juifs, français en vertu du décret Crémieux de 1870, qui ont été à l’origine de la fondation de nombre de syndicats professionnels de l’habillement comme celui des syndicats des tailleurs à Constantine. Après l’Indépendance, la capitale de l’Est, pôle industriel d’importance grâce à l’implantation de grands complexes comme la CMT, l’ENMTP et la SNTA, a naturellement continué à constituer une place forte du syndicalisme sous l’égide de l’Union générale des travailleurs algériens, mais c’est du secteur de l’Éducation qu’a émergé la figure de proue de cette période, Abdelhak Benhamouda.  
L’ancien secrétaire général de l’UGTA a rejoint celle-ci en 1972, en intégrant la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture de Constantine (FTEC), avant de gravir les échelons jusqu’au sommet de l’organisation syndicale en 1990. 
 
I. B. 

 

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