
Une reconnaissance internationale et un respect pour l’implication et les efforts d’Alger pour un continent de paix ouvert sur les valeurs universelles.
Pour rester dans le sillage de l'actualité au Sahel, l'Algérie rappelle toujours à ses partenaires de l'autre rive de la Méditerranée que les solutions et l'escalade militaires n'ont jamais été fructueuses. Les coups d'État militaires, qui ont secoué le Niger et plusieurs autres pays du continent, trouvent leur origine dans le legs de la longue nuit du colonialisme conditionnant un cercle vicieux de sous-développement économique et de perturbations politiques.
Ces événements antidémocratiques sapent la confiance envers les institutions et perturbent les processus démocratiques en place, et il faut bien être aveugle pour ne pas voir la touche des puissances étrangères soucieuses de préserver leurs intérêts économiques dans un ordre néocolonialiste, au détriment de la stabilité de la région et de la prospérité de ses populations.
Depuis l'Algérie, le dialogue sur la base "des valeurs communes" est synonyme d'approche diplomatique concertée pour éteindre le brasier des haines destructrices.
Au niveau régional, aujourd'hui, l'Algérie représente le point nodal dans la nouvelle architecture du paysage sécuritaire et économique de la région, certes avec l'émergence de nombreux facteurs de déstabilisation, tels que l'immigration illégale, le trafic de drogue, le commerce des armes et la mobilité des groupes terroristes actifs. Hier encore, le Président sahraoui a rappelé, à la clôture de la 11e université d'été des cadres du Front Polisario et de la RASD à Boumerdes, que "la dangerosité de la politique hostile de l'occupant marocain ne se limite plus au soutien apporté aux bandes criminelles et au terrorisme, mais va plus loin, à travers des alliances suspectes scellées avec des puissances coloniales expansionnistes afin de promouvoir des agendas subversifs visant la paix et la sécurité dans toute la région". Cela crée une instabilité au niveau politique et institutionnel, aggravant les enjeux énergétiques et sécuritaires. L'activisme diplomatique de l'Algérie, dans ce contexte, est d'insister sur l’impératif de privilégier des solutions diplomatiques pour restaurer la paix et encourager un retour à un ordre constitutionnel plus apaisé.
En fait, pour l’Algérie, il s’agit d’une position doctrinale. On se rappelle tous des déclarations du Président Tebboune, invité d'honneur du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) en juin dernier, quand il a plaidé pour "une approche participative solidaire face aux défis qui se posent au monde, une approche qui prend en ligne de compte les intérêts de toutes les parties, notamment des pays pauvres en proie à des perturbations et à des guerres".
"Il n'existe point de gagnant dans une guerre: toutes les guerres sont perdues", a rappelé simplement le président de la République cette loi historique, très souvent piétinée par l’arrogance et la puissance. Récemment encore, on a vu comment le Président Tebboune, tout en appelant au retour à l’ordre constitutionnel au Niger, a exprimé son refus net de toute intervention militaire étrangère qui ne ferait que plonger toute la région dans un cycle de violence et d’instabilité dont l’onde de choc se répercutera nécessairement au-delà du continent africain.
En théorie, l’engagement de l'Algérie sur ses franges sahéliennes est parfaitement logique, il suffit d'examiner la carte géographique pour comprendre et voir son positionnement et ses liens historiques avec l'Afrique qui en feraient une "puissance d'équilibre" reconnue par tous, y compris par les puissances étrangères qui préféreraient sans doute composer avec un interlocuteur stable que d'être confrontées à des entités para-politiques instables et sans ancrage historique. Le principe de non-intervention militaire hors de ses frontières demeure la clé de voûte des initiatives algériennes, même si la Constitution algérienne de 2020 en offre la perspective. La fidélité aux sources et principes fondamentaux de la politique étrangère qui est un gage d'avenir demeure un paradigme solide.
En somme, la situation actuelle au Niger, au Mali, en Libye résulte d'une combinaison complexe de facteurs, y compris l'influence des puissances étrangères et les rivalités géopolitiques.
Ces facteurs extérieurs amplifient les tensions politiques et économiques, contribuant à l'instabilité d'une région déjà beaucoup plus vulnérable à l'impact de la crise économique mondiale.
Une approche diplomatique, regroupant tous les acteurs de la région et des partenaires européens, s'avère essentielle pour gérer cette complexité et encourager un dialogue constructif au-delà de la simple résolution des crises afin de favoriser un ordre stable.
In fine, le choix d’Alger pour abriter la Conférence pays africains-pays nordiques sur le renforcement du dialogue est une reconnaissance internationale et un respect pour l’implication et les efforts d’Alger pour un continent de paix ouvert sur les valeurs universelles. Quand on tend l’oreille sur ces cris et messages haineux qui pullulent sur les réseaux sociaux et qu’on arrête notre regard sur ces actes extrémistes qui offensent les valeurs et croyances de milliards de personnes, on ne peut que souligner l’urgence d’initiatives à l’instar de celle qu’abritera Alger en octobre prochain.
R.N.