Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a affirmé que la 12e session du Séminaire de paix et de sécurité en Afrique, dans le cadre du Processus d’Oran, dont les travaux ont été achevés hier au Centre international des conférences (CIC d’Alger), a constitué «une source de fierté et de motivation pour l’Algérie dans sa quête à unifier la voix et à renforcer son impact sur la scène multilatérale».
Lors de la cérémonie de clôture, le ministre d’État, tout en plaidant derechef pour la stabilité continentale, a décrit une Afrique à la croisée des chemins, dressant, en la matière, un bilan sans concession des périls persistant qui guettent le continent et menacent sa paix et sa sécurité. Ahmed Attaf a tenu à rendre un vibrant hommage aux personnalités distinguées parmi les ministres, diplomates, et notamment les hauts responsables des institutions de l’Union africaine, qui ont pris part aux travaux de ladite 12e session de haut niveau. «Excellences les ministres et ambassadeurs, distingués invités, chers hôtes de l’Algérie, alors que nous levons le rideau sur la 12e édition du processus d’Oran, je ne peux que vous exprimer à tous la voie du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique», a souligné le ministre d’État.
Ahmed Attaf a exprimé sa reconnaissance à l’égard du président de la Commission de l’UA et le président de son Conseil exécutif, et notamment aux représentants de tous les États membres du Conseil, ainsi que des membres actuels du Conseil de sécurité de l’ONU et de ceux qui sont appelés à les rejoindre à partir du 1er janvier 2026, a spécifié son propos, en précisant que «les éloges ne suffisent pas et les remerciements ne sont pas complets, sans souligner les efforts des hauts responsables de la Commission de l’UA, à leur tête le Commissaire à la paix, à la sécurité et aux affaires politiques, ainsi que ceux des hauts responsables du Secrétariat général des Nations unies, notamment secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix».
Il a mis en lumière la participation, pour la première fois depuis le lancement du processus, de membres du Conseil de sécurité de l’ONU hors du continent africain. Il s’agit, pour les nommer, du Royaume du Bahreïn, de la Colombie et de la Lettoni, dont la présence à Alger, et selon Ahmed Attaf, signe l’intérêt croissant dont jouit le processus d’Oran aux niveaux continental et international.
Le ministre d’État, pour qui les travaux de cette 12e session ont permis de mettre en lumière «les défis sécuritaires et politiques les plus pressants du continent», a qualifié, par la suite, ces défis «d’inquiétants» et qui «appellent à des décisions de responsabilité collective». En ce sens, Attaf a diagnostiqué une «triade» de maux interconnectés qui empoisonnent le paysage sécuritaire en Afrique. Cette triade est «constituée des changements anticonstitutionnels de gouvernements, du fléau du terrorisme et du phénomène des interférences extérieures», a-t-il énuméré. «Les changements anticonstitutionnels de gouvernements sont malheureusement devenus une scène familière en Afrique, au point que notre organisation continentale a récemment été contrainte de suspendre l’adhésion de deux pays dans un délai de seulement quarante-deux jours», a-t-il rappelé.
Le fléau du terrorisme «a pris de l’ampleur, jusqu’à s’imposer comme la principale menace dans la région du Sahel, où il a pris le contrôle de vastes étendues de territoire et s’est érigé en autorité de facto», a-t-il déploré. «Les interférences extérieures ont éclipsé de nombreux foyers de tensions, de crises et de conflits en Afrique, au point que les clés de la résolution des conflits se trouvent souvent entre les mains d’acteurs étrangers, et non des parties locales, propriétaires de la terre, du pays, de la souveraineté et de la décision», a-t-il relevé. Face à un tel contexte des plus complexes, Ahmed Attaf s’interroge : «Prévention des crises, règlement des conflits... quand les solutions africaines aux problèmes africains s’imposeront-elles ?» Et de répondre par une affirmation tranchante, érigeant ce principe en impératif stratégique : «Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un projet ambitieux, mais un choix stratégique essentiel, pour préserver notre continent des risques des polarisations internationales actuelles, polarisations qui ne font que reproduire les crises sous des formes plus larges, plus aiguës et plus dangereuses.»
Puis, il a proclamé avec force qu’«il n’existe qu’un seul choix, celui de l’unité». «C’est l’unité du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui forge l’unité du groupe des États africains au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est elle qui lui donne du poids, de la crédibilité, de la force et de la constance», a-t-il appuyé. Le ministre d’État a relié cette quête d’unité aux efforts de l’Algérie durant son mandat au Conseil de sécurité, aux côtés d’autres nations africaines. «Maintenir l’unité du front africain et l’unité de la voix africaine a constitué, en soi, l’un des objectifs majeurs de notre engagement, lors de l’adhésion de l’Algérie au Conseil de sécurité. Je tiens à saluer nos frères de la République du Mozambique, de la République de Somalie et de la République de Sierra Leone qui ont partagé avec nous ce noble objectif», a-t-il conclu.
K. A.
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Clôture du Séminaire du processus d’Oran
Le représentant spécial de l’UNOAU, Parfait Onanga-Anyanga : «l’Algérie a offert une plate-forme à l’Afrique»
Le Chef du Bureau des Nations unies auprès de l'Union africaine (UNOAU), Parfait Onanga-Anyanga, a déclaré, à El Moudjahid, que l’Algérie a offert à l’Afrique un mécanisme de concertation idéal. «Cela fait quatre ans que j’assiste aux assises de cette rencontre, et j’ai constaté que les pays africains accordent une importance significative à ses travaux», a-t-il fait savoir, avant de souligner qu’«il s’agit d’une plateforme d’échanges efficace, qui permet, à travers des modalités, désormais, institutionnalisées, de discuter les questions continentales de l’heure, notamment celles liées à la paix et à la sécurité. Ce genre de séminaires facilite, non seulement la coopération entre les pays africains, pour traiter des thématiques continentales, mais aussi leur donne la possibilité de mieux harmoniser et conjuguer leurs efforts, dans l’objectif de consolider davantage la voix de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité», a-t-il dit. «L'engagement et la volonté de l’Algérie envers les questions relatives à la paix et à la sécurité en Afrique ont toujours été constants et manifestes.»
Z. D.
L’Ambassadeur du Congo-RDC, Zénon MukongoNgay : «nous avons reformulé notre argumentaire»
«Les travaux du processus d’Oran étaient très intéressants, plus particulièrement pour nous, les trois pays, prochains membres du groupe A3+ (le Congo-RDC, le Libérai, le Bahreïn, la Colombie et la Lettonie). En suivant les discussions, qui ont eu lieu lors de cet événement, nous avons pu tirer beaucoup d’enseignements qui vont certainement nous aider à fonder et à reformuler notre argumentaire. Ceci nous donnera la possibilité d’effectuer la tâche qui nous sera assignée comme il se doit et de défendre les intérêts de l’Afrique avec la plus belle des manières au sein du Conseil de sécurité.» C’est ce que nous a déclaré l'ambassadeur et représentant permanent de la République Démocratique du Congo (RDC - l’un des prochains membres du groupe A3+) auprès des Nations unies, Zénon Mukongo Ngay. L’intervenant a, dans ce sillage, souligné que les expériences des membres du groupe A3+ sortant (Algérie, Somalie, Sierra Leone +Guyana) ont, à cette occasion, été prises en considération. «L’Algérie, à travers le rôle actif et permanent qu’elle joue sur le plan continental, est réellement un acteur clé pour le maintien de la paix et la sécurité au niveau de toute la région», a-t-il affirmé.
Z. D.
Le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, Abu Bakr Mohammad Hanafi : «l’Égypte soutient l’Algérie dans ses efforts»
Prenant part aux travaux de la 12e édition du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique (Processus d'Oran), le vice-ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration de la République arabe d'Égypte, l'ambassadeur Abu Bakr Mohammad Hanafi, a souligné, à El Moudjahid, l’importance de cet événement et sa dimension internationale, précisant que l’Algérie et l’Égypte sont deux pays qui ont combattu le terrorisme et l’ont définitivement éradiqué. «L’exploit égyptien et algérien dans le domaine de la lutte contre le phénomène du terrorisme est inédit», s’est-il félicité. L’intervenant, qui participe, pour la 3e fois, à ce séminaire, a fait savoir qu’il a partagé l’expérience égyptienne en termes de lutte contre le terrorisme. «J’ai présenté la feuille de route égyptienne aux représentants des pays africains présents, basée, entre autres, sur la nécessité de mettre en place de bons manuels éducatifs qui promeuvent, en premier lieu, les principes de la tolérance.»
Z. D.