
Un colloque national a été organisé, hier, au Cercle national de l’Armée de Beni Messous (Alger), autour de la chahida Chaïb Dzaïr, sous le slogan «D’une génération à une autre, le rôle de la femme dans la guerre de Libération nationale et dans l’édification de la patrie».
Première femme tombée au champ d’honneur, la nuit du 18 au 19 novembre 1954, à Medjez Sfa (Guelma), au côté de son compagnon de lutte, Badji Mokhtar, soit moins de 20 jours seulement après le déclenchement de la Glorieuse révolution de novembre, Chaib Dzair est plus qu’un symbole du combat libérateur du peuple algérien et du rôle de la femme dans cette épopée.
Pour le ministre des Moudjahidine et des ayants-droit, la femme algérienne a été très présente lors des périodes les plus importantes de notre histoire, entre autres, les révoltes populaires et pendant la révolution, jouant ainsi un rôle «prépondérant» et «souvent de premier plan». «Elles étaient des militantes actives, des moudjahidates et/ou des martyres. Ainsi, le sacrifice de la gent féminine pour la libération de la patrie, que ce soit dans les campagnes, les villes ou au Sahara, a été sans précédent», a-t-il mis en exergue, avant de noter que cette dernière a, par ailleurs, joué le rôle de soutien. «Outre le fait qu’elle a exécuté des opérations armées, a été infirmière au sein de l’ALN et a transporté des armes. Ainsi, les martyres, à l’instar de Chaib Dzair, Hassiba Ben-Bouali, Malika Gaid, Zoubida Ould Kablia et bien d’autres symboles, de par leur abnégation et autres sacrifices, un concentré de patriotisme faisant la fierté, génération après génération, de nos compatriotes».
Enfin, le ministre a conclu son allocution en rendant un vibrant hommage à l’ensemble des moudjahidine, en s’inclinant à la mémoire des chouhada.
Pour la secrétaire nationale de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saliha Sassi Djeffal, l’organisation d’un tel évènement sert à perpétuer la mémoire et donner beaucoup plus de visibilité à la lutte de ces femmes qui ont tout donné pour la révolution. Revenant sur le rôle héroïque joué par la chahida Chaib Dzair, Sassi Djeffal a affirmé que la chahida au nom prédestiné, native de Guelma, mérite d’être connue davantage. «La chahida avait un statut spécial pour les jeunes filles de son époque, de plus, son père la consultait pour tout et l’avait initiée à la révolution. Il faut plus de films pour mettre la lumière sur ce type d’héroïnes. Le ministère des Moudjahidine travaille, d’ailleurs, à valoriser le rôle de ces femmes. À ce propos, un film a été visionné, le mois dernier, sur la chahida Zoubida Ould Kablia dite Saliha et d’autres martyres. Il faut que la jeunesse s’approprie ce devoir de mémoire, c’est pour cela que nous avons insisté pour qu’une trentaine de cadettes de la nation soient présentes, aujourd’hui, avec nous.»
Par la suite, des extraits du film «Dzair», dont le scénario a été rédigé par la native de Souk-Ahras, Zoubeida Mameria, ont été diffusés ; une manière de rendre un hommage à la chahida. En marge de l’évènement, Zoubeida Mameria est revenue sur les motivations de son œuvre. «L’écriture d’un roman ne bénéficie pas du même impact que le cinéma, et je me suis fixé comme objectif de faire connaître cette héroïne qui a été oubliée par l’histoire. Chaib Dzair est la première femme tombée au champ d’honneur et je l’ai découverte, car mon frère était un compagnon de Badji Mokhtar», a-t-elle mis en évidence avant de préciser que Dzair a joué un rôle stratégique en termes de préparatifs de la révolution.
«En effet, elle cachera des bâtons de dynamite et elle aidera au transport des armes à destination de Tébessa qui était un regroupement régional. Ma première motivation est de transmettre la mémoire à la jeunesse. Il s’agit d’un devoir moral de montrer la barbarie et la monstruosité du colonisateur français».
Enfin, et présente sur les lieux, la nièce de la chahida Chaib Dzair, Karima Younsi, s’est dite émue de cet hommage: «Je tiens à remercier, à cet effet, l’ensemble de ceux qui mettent en avant la famille révolutionnaire, nous n’attendons rien en contrepartie hormis que leur mémoire soit préservée.
Sami Kaidi
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Ode à l’Algérie éternelle
L’enfant de Medjez Sfa (Guelma) est née en 1926 dans une famille modeste d’agriculteurs. Première une martyre de la Glorieuse révolution de novembre 1954, elle tombera au champ d’honneur, les armes à la main, après que sa maison qui abritait des moudjahidine fut encerclée, la nuit du 18 au 19 novembre 1954, en compagnie du chahid Badji Mokhtar et d’autres compagnons de lutte. Dzair n’avait qu’une seule idée en tête, et qui était sa raison de vivre, celle d’être exclusivement au service de la patrie, en guerre contre l’odieux colonisateur français.
S. K.