11 décembre 1960-11 décembre 2025 – Le Forum de la mémoire commémore l’événement : quand le peuple dit non au colonisateur

Ph. : T. Rouabah
Ph. : T. Rouabah

À cette occasion, un vibrant hommage a été rendu au commandant Mohamed Bousmaha, chef de la Zone autonome d’Alger

Dans le cadre du Forum de la mémoire, l’association Machaâl Echahid et le quotidien El Moudjahid ont organisé, hier, au siège du journal, une conférence portant sur les manifestations du 11 décembre 1960. S’exprimant, à cette occasion, l’historien, producteur et réalisateur, Sadek Bekhouche, a axé son intervention orale sur l’écho médiatique et diplomatique des manifestations du 11 décembre 1960. Il note, d’emblée, que cette date centrale de l’histoire de la glorieuse Révolution de Novembre 1954 constitue un tournant décisif tant et si bien qu’elle incarne l’adhésion totale du peuple algérien derrière son unique et légitime représentant, le Front de Libération Nationale (FLN). «Les Algériens sont sortis massivement, pour déjouer les manœuvres du colonisateur et prouver au monde entier qu’il n’y a aucune autre solution que l’indépendance et le recouvrement de la souveraineté nationale».

À cette même époque, précise l’intervenant, la diplomatie de la Révolution s’était brillamment distinguée sur la scène internationale, particulièrement aux Nations unies. «Le FLN avait mis en évidence l’incohérence du discours français, qui affichait alors une prétendue volonté de dialogue et de paix, alors qu’au même moment, la tournée de De Gaulle avait débuté par l’exécution de trois Algériens, dont deux guillotiné». «Les manifestations ont commencé le 11 décembre 1960 et se sont rapidement étendues sur l’ensemble du territoire national, autrement dit de Béchar à Biskra, et ce jusqu’à janvier 1961», a-t-il déclaré, avant de mettre en évidence le fait que le général De Gaulle était connu pour sa politique des complots et des manœuvres.

«De Gaulle et son slogan sur l’Algérie algérienne n’était en réalité pas en faveur d’une Algérie indépendante et souveraine, mais soumise à la France et à la volonté des colons», a-t-il expliqué, avant de revenir avec de plus amples de détails sur la couverture médiatique internationale des manifestations du 11 décembre 1960. «Cette date a constitué un véritable bouleversement géopolitique et médiatique. À ce sujet et lors de son déplacement en Algérie, du 09 au 14 décembre 1960, De Gaulle était accompagné d’une importante délégation de la presse internationale, et c’est cette dernière qui a transmis sans attendre au monde entier la volonté du peuple algérien de se libérer des griffes du colonisateur et de vivre libre chez soi.

En effet, même des titres occidentaux réputés comme étant proches des thèses coloniales ont commencé à nuancer leurs propos, à l’instar du quotidien britannique le Sunday Times qui ne pouvait plus cacher les nombreuses exactions du colonisateur, en mettant le doigt sur la folle fuite en avant des colons», a-t-il révélé. Dans le même sillage, Sadek Bekhouche a abordé la réaction de Radio Moscou, qui avait commenté les dernières déclarations de De Gaulle, en affirmant que la France demeure impérialiste. Il précise, néanmoins, que de telles positions en faveur de notre cause étaient complètement opposées à celle de la presse coloniale française, qui a tout fait pour justifier ce discours, à l’instar de la Dépêche de Constantine.

Mettant à profit cette opportunité, l’ex-conseiller du président de la République, chargé des Archives et de la Mémoire nationales, Abdelmadjid Chikhi, a déclaré, de son côté, que les militaires français opposés à l’indépendance de notre pays étaient derrière le retour de De Gaulle au pouvoir. «Depuis son accession à la tête de l’État français, en 1958, il a tout fait pour essayer de faire croire, tantôt que le peuple algérien n’existe pas, puis que ce dernier n’était pas en faveur de la glorieuse Révolution et du FLN. Un mensonge éhonté démenti d’ailleurs par les Algériens eux-mêmes, sortis en masse le 11 décembre 1960», a-t-il insisté, sous les applaudissements nourris de la salle.

S. K.

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Le Moudjahid Boualem Cherifi, à propos de Mohamed Bousmaha :
«Il était courageux et infatigable»

Après avoir souligné les caractères forts ayant marqué la personnalité du commandant Mohamed Bousmaha, ainsi que son parcours militant, le moudjahid Boualem Cherifi a indiqué que le défunt s’est, avant tout, distingué par son courage inégalé et son indéfectible engagement. «Pour frapper, menacer et déranger les autorités coloniales au cœur de la capitale, il fallait être le commandant Mohamed. Oui, Alger comprenait à l’époque un dispositif militaire énorme, renforcé par un réseau d’espionnage très puissant.

Mais cela n’a pas fait peur au défunt, et ne l’a pas empêché d’être toujours au premier rang, en vue de garantir la réussite des plans tracés par les moudjahidine», a-t-il rapporté. Il était aussi, a-t-il poursuivi, connu par son dynamisme, dans la mesure où il répondait présent là où le devoir national nécessitait sa participation. «Même en dehors de la Zone d’Alger, Mohamed El-Berrouaghia, en collaboration avec d’autres braves moudjahidine, a contribué efficacement à faire échouer des complots coloniaux très dangereux, tels que celui exécuté à Illizi, au sud-est du pays», a-t-il mentionné, avant de préciser que cette conspiration était orchestrée par le général Charles de Gaulle lui-même.

Une autre qualité du défunt était son engagement indéfectible pour libérer le pays du joug colonial. «Il était infatigable et un véritable guerrier. Mohamed ne s’est jamais arrêté de combattre le colonialisme français, même durant la période des négociations des accords d’Évian. Pour lui, le combat prenait fin lorsque l’Algérie décrochait son indépendance et recouvrait ses terres», a rapporté Boualem Cherifi.

Le Moudjahid Salah Laouir :
«L’un des stratèges de la révolution»

«Grâce au dévouement de Mohamed El-Berrouaghia, ainsi que d’autres moudjahidine, un réseau national permanent de lutte contre le colonialisme a été mis en place au fur et à mesure.

Cette conception intelligente était cruciale et un facteur de réussite déterminant de la guerre de Libération nationale», s’est félicité le moudjahid Salah Laouir.
L’intervenant a, à cet effet, expliqué que la préoccupation majeure des moudjahidine était la poursuite du combat, en dépit des personnes et des pertes humaines. «Les forces coloniales ont procédé à l’arrestation du commandant Mohamed et à son emprisonnement.

Elles croyaient que cette action allait mettre un terme à la résistance dans la région. C’était, d’ailleurs, le raisonnement du colonialisme, qui s’est, à la fin, rendu compte que cette méthode n’a rien apporté», a-t-il dit. Et de détailler : «Le génie des moudjahidine, dont Mohamed, a permis au processus de lutte de se poursuivre malgré l’incarcération ou le décès d’éléments dirigeants.» Salah Laouir a, dans ce contexte, mis l’accent sur l’importance de cette stratégie révolutionnaire.

«À travers ce principe, la Révolution s’est non seulement fortement propagée et a été adoptée par le peuple dans les quatre coins du pays, mais son endiguement par le colonialisme français est aussi devenu une tâche impossible», s’est-il enthousiasmé, tout en rappelant que la souveraineté totale, dont jouit, de nos jours, l’Algérie, constitue la meilleure preuve de la victoire tangible des moudjahidine sur le terrain.

Z. D.

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