Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi s’est offert, mercredi soir, un dernier frisson : celui de la clôture du Festival international du film d’Alger. Le moment le plus attendu a consacré Roqia de Yanis Koussim, couronné Grand prix. Une victoire qui a résonné comme un hommage à la puissance narrative du cinéma algérien, capable d’allier rigueur formelle et profondeur humaine. Le prix du jury a ensuite célébré deux œuvres venues d’horizons différents : Passing Dream du Palestinien Rashid Masharawi et The village next to paradise du Somalo-autrichien Mo Harawe, dont la présence lumineuse a été soulignée par un second prix du jury, rare distinction témoignage de l’impact artistique de son film. La soirée a aussi mis en avant le geste technique : El-Sakia (La Saguia) de Naoufel Klach, lauréat du prix de l’innovation technique, salué pour son souffle visuel.
Le public, quant à lui, a choisi la sensibilité de Hadda d’Ahmed Riad, récompensé par le Prix du public. Dans le documentaire, la réalité a trouvé ses porte-voix : Annab d’Abdallah Kada a décroché le grand prix, tandis que No man is born to be stepped on (Brésil), de Nariman Baba Issa et Lucas Roxo, a reçu le prix du jury.
Une mention spéciale a distingué Haiyu, œuvre venue du Sahara occidental et de Suède. L’exigence technique a été récompensée avec Back to Town de Djamel Lakehal, lauréat du grand prix technique de la catégorie. Dans la compétition des courts-métrages, le Grand prix a été attribué au film iranien Black Scarf d’Alireza Shahnaz Hosseini. Deux films algériens ont ensuite été honorés : The walk of crow (La démarche du corbeau) de Khaled Bentebal, et Gardiennes de nuit de Nina Khada, dont l’univers visuel lui a valu à la fois une mention spéciale et une distinction du jury technique. Ce même jury a également primé The victim zero d’Amine Bentameur.
Le prix du public documentaire est revenu à Black panthers of Algeria de Mohamed Amine Benloulou, un film qui interroge la mémoire des luttes et la circulation des révolutions entre les continents. La cérémonie a également célébré des figures essentielles : le Palestinien Hanna Atallah, la militante et traductrice Elaine Mokhtefi, la réalisatrice allemande Monica Maurer, et le scénariste algérien Tewfik Farès, autant de témoins d’un cinéma qui refusent l’oubli. Cuba, invitée d’honneur, a été saluée par la voix de son ambassadeur Hector Igarza Cabrera, évoquant un festival qui «renforce et rapproche deux peuples liés par une longue histoire commune».
Enfin, la projection du film La Voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania a renfermé la soirée, laissant dans la salle un silence lourd, presque sacré. Inspirée d’enregistrements réels, l’œuvre raconte les dernières heures de la fillette palestinienne Hind Rajab, rappelant que le cinéma peut encore, parfois, nous ramener à l’essentiel. Avec 100 films venus de 28 pays, l’édition 2025 a pris fin comme un miroir vibrant : celui d’un monde inquiet, lucide, mais encore capable d’espérer.
S. O.