La sélection nationale de karaté a regagné, hier en début d'après-midi, le pays, en provenance du Caire, où elle a participé à la 27e édition du Championnat du monde. Dans cet entretien, le président de la Fédération, Réda Benkaddour, nous fait part du bilan de la participation algérienne à cette compétition, avec, notamment, la médaille de bronze de Louiza Abouriche dans la catégorie des moins de 55 kg. Il nous parle, par la même, des difficultés rencontrées par la FAKT, pour offrir une préparation adéquate à la sélection nationale, en prévision du Mondial.
El Moudjahid : Quel bilan faites-vous de la participation de la sélection nationale au championnat du monde ?
Réda Benkaddour : Au vu des moyens dérisoires de la Fédération et de la préparation des athlètes en prévision de ce rendez-vous, je pense honnêtement que notre participation est plus qu'honorable. Notre athlète Louiza Abouriche a remporté la médaille de bronze dans sa catégorie, après une défaite surprise en demi-finale face à une adversaire qui était largement à sa portée. Elle a pu se ressaisir pour offrir à l'Algérie sa première médaille féminine au Championnat du monde seniors. Ça reste un exploit considérable, même si notre athlète pouvait prétendre à mieux. Comme je l'ai annoncé avant notre déplacement en Egypte, nous avons des athlètes de niveau international, qui étaient en mesure de réaliser des podiums. Je pense à Ayoub Anis Helassa, qui s'est incliné dans les dernières minutes en quart de finale, alors qu'il menait par 2-0. Je pense à Hocine Daïkhi et à Cilya Ouikene, écartés en 8ème de finale. Faute d'une bonne préparation, ils ont échoué malgré leurs capacités et leurs déterminations.
On a quand même l'impression que Louiza Abouriche est l'arbre qui cache la forêt dans la mesure où elle sauve les meubles avec cette médaille de bronze ?
Je ne partage pas cet avis. Il faut connaître les conditions de qualification et de préparation de ces athlètes avant d'apporter un jugement sur leurs prestations. L'Algérie a participé avec 11 athlètes à ces Championnats du monde, alors qu'on n'avait que trois qui étaient qualifiés selon le ranking mondial, à savoir Helassa, Daïkhi et Abouriche. Pratiquement avec leurs propres moyens que ces athlètes, et d'autres d'ailleurs, se sont préparés et ont pris part à différents tournois internationaux pour améliorer leurs positions au niveau mondial. Les huit autres ont arraché leurs qualifications au dernier Championnat d'Afrique d'Abuja où ils ont réalisé des podiums. Aussi, la sélection nationale n'a pas réalisé une préparation conséquente en prévision de cette compétition où les meilleurs athlètes mondiaux étaient présents.
Vous parlez d'une préparation insuffisante. N'est ce pas le rôle de la Fédération d'offrir à la sélection les moyens pour se préparer du mieux possible ?
Je n'en disconviens pas. Cependant, la FAKT n'a malheureusement pas les moyens nécessaires. Le bureau fédéral actuel a pris ses fonctions, il y a à peine huit mois. Lorsqu'on a pris les commandes, nous avons trouvé une dette de 5 milliards de centimes. Il ne se passe pas une semaine sans que les créanciers ne viennent toquer à la porte de la Fédération pour réclamer leurs dus. Par ailleurs, les subventions de cette année et de l'exercice passé n'ont toujours pas été versées. Même pour contracter des crédits, ce n'est plus possible, tellement la FAKT a perdu de sa crédibilité. Nous avons participé aux derniers championnats d'Afrique avec des dettes. C'est grâce au concours du ministre des Sports, que je remercie au passage, que la sélection nationale a pu bénéficier de son seul stage précompétitif au centre de préparation de Fouka-Marine, avant ce Championnat du monde.
L'Algérie compte trois médailles seulement au Championnat du monde, dans toutes ses participations. Vous êtes, à chaque fois, derrière ces exploits. Qu'en est-il ?
C'est le destin. En 1993, j'ai remporté le titre mondial d'Alger. En 2012 à Paris, j'étais l'entraîneur de Walid Bouaboub vainqueur de bronze de la 21ème édition du Championnat du monde. Aujourd'hui, Louiza Abouriche remporte la première médaille féminine algérienne, alors que je suis président de la Fédération. Cela dit, le mérite revient aux athlètes et aux différents staffs qui les ont formés et suivi durant toutes leurs carrières aussi. Pour précision, il y a aussi Lamya Matoub qui a remporté la médaille d'or aux Jeux mondiaux 2017 et le bronze au Championnat du monde 2018.
R. M.