- En misant sur la coopération médiatique, la Ceinture et la Route poursuit son ambition première : bâtir des passerelles entre les peuples là où d’autres dressent des frontières
Douze ans après son lancement par le président Xi Jinping, l’Initiative de la Ceinture et la Route (BRI) s’est imposée comme un moteur de coopération internationale et un symbole d’ouverture entre les civilisations. Conçue pour relier la Chine au reste du monde à travers des corridors économiques et culturels, elle transcende aujourd’hui la simple dimension commerciale pour devenir un espace d’échanges, de développement et de dialogue.
C’est dans cette perspective qu’a eu lieu, à Kunming, capitale de la province du Yunnan, la sixième édition du Forum de coopération des médias «Belt and Road 2025». Organisé conjointement par Le Quotidien du Peuple (People’s Daily), le comité provincial du Parti communiste chinois (PCC) et le gouvernement du Yunnan, l’événement a rassemblé plus de 200 représentants issus de 87 pays et 165 médias et organisations internationales venus d’Asie, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine et du Moyen-Orient.
Le thème choisi cette année, «Responsabilité médiatique partagée pour les échanges et l’apprentissage mutuel entre civilisations», illustre une ambition claire : placer le rôle des médias au cœur du projet «Belt and Road», non pas comme simples témoins, mais comme acteurs du dialogue mondial.
Le Yunnan, symbole d’ouverture et de connectivité
Région frontalière, à la fois montagneuse et verdoyante, le Yunnan est un point de jonction naturel entre la Chine et l’Asie du Sud-est. En choisissant Kunming pour accueillir le forum, les organisateurs ont voulu envoyer un message fort : la Ceinture et la Route n’est pas qu’une ligne économique, c’est un réseau humain où les cultures se rencontrent, s’écoutent et s’enrichissent mutuellement. La cérémonie d’ouverture, tenue dans l’immense Centre international de convention de Kunming, a donné le ton. Aux discours officiels ont succédé des sessions de dialogue, des ateliers thématiques sur la coopération médiatique, ainsi que la remise du «Prix Route de la Soie» récompensant les meilleures productions journalistiques internationales. Des forums parallèles ont également permis des échanges entre médias de l’ASEAN, de Corée du Sud, du Japon et d’autres pays partenaires.
Une décennie d’un projet planétaire
Pour Li Yang, vice-ministre chinois des Transports, la BRI repose sur une conviction simple : «le développement économique doit emprunter une voie, celle des infrastructures.» Intervenant à l’ouverture des travaux, il affirmera, devant une assemblée attentive, que, depuis le lancement de la BRI en 2013 par le président Xi Jinping, ce projet s’est imposé comme un bien public international de plus en plus influent. «L’un des aspects fondamentaux de cette initiative est le développement des infrastructures de transport. Nous estimons que le développement économique doit emprunter une voie. Celle des infrastructures. Elle en est le socle», a-t-il affirmé, précisant que «cela inclut la construction de routes, de chemins de fer, de ports et d’aéroports.
Ces infrastructures permettent de faciliter le commerce intercontinental et améliorent l’accès aux marchés cibles par le rapprochement de l’offre et de la demande». Il citera, à titre d’exemple, l’émergence récente de corridors économiques, tels que celui de la Chine-Pakistan visant d’ici 2055 la construction de 50 kilomètres de quais, la création d’une zone franche de 900 hectares, et même l’établissement d’un aéroport international ou la Route maritime de la soie. Deux projets qui ne sont pas seulement des axes logistiques : ils incarnent une volonté partagée d’ouverture et de compréhension mutuelle, comme il le signalera. Allant plus loin, Yu Shaoliang, président du People’s Daily, estimera, lui, que la BRI s’étend bien au-delà du commerce. «Elle favorise également les échanges culturels, éducatifs et médiatiques, essentiels à la paix durable», a-t-il déclaré.
En tissant des liens entre des sociétés aux histoires et aux systèmes de valeurs différents, «l’initiative contribue à la construction d’une communauté de destin partagé pour l’humanité», estime-t-il, soulignant le fait que depuis que le président XI Jinping a proposé l’initiative en 2013, celle-ci s’est transformée d’une vision à une réalité palpable permettant l’émergence d’une plateforme de coopération mondiale et le déferlement d’une nouvelle vague de transformation numérique portée par l’Intelligence artificielle.
«aussi, nous nous engageons dans une nouvelle décennie prometteuse», a-t-il tenu à spécifier. Cette vision est partagée par le rédacteur en chef du People’s Daily, Chen Zhi, qui a rappelé lui aussi que ces connexions physiques s’accompagnent d’une coopération intellectuelle et culturelle. A cet effet, il dira que l’organe de presse chinois propose plus de 10 plateformes multimédias consultées par plus d’un milliard et demi de personnes dans le monde. Pour lui, «en reliant des nations et des cultures à travers des projets d’infrastructure colossaux, cette initiative aspire à construire un avenir plus interconnecté et prospère. Elle représente l’un des projets d’infrastructure les plus ambitieux du XXIe siècle», a-t-il affirmé devant l’assemblée.
Pour sa part, Zheng Jianbang, vice-président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN) chinoise, a souligné que le projet repose sur la coopération gagnant-gagnant et la réduction des barrières commerciales à travers des accords bilatéraux et multilatéraux. Pour lui, la Ceinture et la Route incarne une diplomatie du pragmatisme : «un développement qui profite à tous, fondé sur la connectivité et la confiance».
Les médias, acteurs du changement
Tout au long des sessions, les intervenants ont insisté sur le rôle clé des médias dans cette dynamique, car pour eux, au-delà de la simple transmission d’informations, ces médias doivent être des constructeurs de récits, capables d’éclairer les enjeux et de rapprocher les points de vue. Les journalistes présents ont appelé à renforcer les coopérations éditoriales internationales, à produire des reportages croisés et à promouvoir des contenus qui reflètent la pluralité des voix et des réalités locales. Dans un monde marqué par la désinformation et la polarisation, les médias sont invités à devenir des passeurs de sens, contribuant à la création d’un espace public mondial plus équilibré. Pour beaucoup, ce forum illustre une conviction : «le pouvoir des mots et des images peut bâtir des ponts aussi solides que ceux de béton et d’acier». Kunming a aussi été l’espace où s’est affirmée la volonté des médias du Sud global de prendre pleinement part à la construction du récit international. En cherchant à s’émanciper des pôles d’influence traditionnels, ces médias revendiquent une narration plus équilibrée et multipolaire.
C’est d’ailleurs l’option prônée par l’ensemble des responsables intervenants au cours des travaux de cette rencontre, à l’exemple de Félix Alberto, directeur du journal péruvien El Peruano, Muath Alamudi, général manager de la division digitale d’Al Jazeera (Qatar), Alexander Kopnov, DG adjoint de l’agence russe Tass, Hani Wafa, rédacteur en chef du journal saoudien El Riyadh, Samboudian Kamara du quotidien sénégalais Le Soleil, Siyavuya Mzantsi du média sud africain South Africa, Ricardo Davila du média mexicain La Jornada, Zwe Thet Paing, DG de la radio internationale du Myanmar, et Yawar Abbas, responsable de l’Associated Press du Pakistan, pour ne citer que ceux là. Tous ces pays participant au Forum, venus de pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, sont des partenaires essentiels de l'ICR qui finance la construction de routes, de ports, de voies ferrées et d'autres infrastructures dans ces régions pour faciliter le commerce et la connectivité.
Porte d'entrée vers l'Afrique et l'Europe : Des pays comme l'Algérie, de par leur position géographique, sont stratégiquement importants pour l'ICR, servant de passerelles vers l'Afrique et la Méditerranée. Aussi, le forum a ainsi permis de constater que la coopération médiatique n’est pas seulement un enjeu stratégique, mais une opportunité éthique : celle de repenser la manière dont l’information façonne la perception du monde. Depuis sa première édition en 2014, le Forum de coopération des médias «La Ceinture et la Route» s’est imposé comme une plateforme majeure de dialogue Sud-Sud, réunissant plus de 1.000 médias de plus de 100 pays. Édition après édition, il façonne un réseau journalistique mondial œuvrant à la diffusion d’un récit inclusif et respectueux des diversités culturelles.
Une coopération tournée vers la durabilité
L’un des aspects centraux de cette édition 2025 fut la place accordée à la durabilité et à la responsabilité environnementale. En effet, les projets liés à la Ceinture et la Route intègrent désormais des pratiques respectueuses de l’environnement, encourageant les technologies vertes, la réduction des émissions et la participation inclusive des communautés locales, comme l’ont affirmé de nombreux experts chinois présents au Forum, exemples probants à l’appui. Pour eux, cette dimension répond à une exigence mondiale : concilier développement économique et préservation de la planète. Les débats ont également mis en lumière la nécessité de repenser le rôle des médias dans la sensibilisation aux enjeux climatiques. Informer, éduquer et mobiliser autour de la durabilité devient une mission à part entière dans la construction d’un avenir commun pour la majorité des participants à ce forum.
Clôturant les travaux, la publication d’une chanson officielle du forum a apporté une touche artistique à l’événement. Son refrain, «Le grand fleuve coule avec une force déchaînée, ouvrant de vastes horizons sur son passage», a résonné comme une métaphore de l’élan collectif qui anime cette initiative. Car au-delà des discours et des accords, le forum de Kunming aura démontré une chose essentielle : le dialogue reste la clé du développement partagé. Et dans un paysage informationnel, parfois fragmenté, le forum tente aussi de rappeler que la véritable puissance des médias réside dans leur capacité à créer du lien, à rapprocher les peuples par les récits, les images et les émotions. Cette édition 2025 marque, donc, une décennie d’engagement journalistique multilatéral, avec pour ambition d’approfondir les liens humains au-delà des frontières géographiques et politiques.
A. Z.
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à propos des nouvelles routes de la soie
La nouvelle route de la soie est un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires entre la Chine, l'Europe et l'Afrique passant par le Kazakhstan, via l'Asie centrale et le Moyen-Orient. Elle a pour objectif d'améliorer les voies de communication et la coopération à l'échelle transcontinentale. A ce jour, 154 pays ont signé des accords officiels de coopération BRI avec la Chine, représentant plus de 5 milliards d’habitants et 45% du PIB mondial. La nouvelle route de la soie a été dévoilée à l'automne 2013 par la Chine. Elle est l'une des priorités de la diplomatie chinoise, sous la présidence de Xi Jinping qui l’a surnommée le «projet du siècle». Cette politique titanesque chinoise de constructions d’infrastructures portuaires, ferroviaires, terrestres dans le bassin méditerranéen, lui permettra de s’approvisionner en matières premières et de se mettre sur le devant de la scène internationale. Pour de nombreux experts en relations internationales, «cette initiative doit se comprendre comme un outil de restructuration de la gouvernance mondiale». La ceinture est constituée d'une série de corridors terrestres reliant la Chine à l'Europe.
En parallèle à la voie maritime, la Chine investit dans des chemins de fer et de gigantesques autoroutes partant de la province du Xinjiang pour relier la Chine et l'Europe, en passant par la Russie et le Kazakhstan. En octobre 2017, lors du 19e Congrès National du Parti Communiste Chinois (PCC), la BRI a été inscrite dans la Constitution du pays. Parmi les exemples notables, l’on peut citer le Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), le port de Doraleh au Djibouti, le Standard Gauge Railway (SGR) au Kenya : la ligne ferroviaire construite par la Chine pour relier la capitale Nairobi au port de Mombasa. Le chemin de fer Tanzanie-Zambie qui inclut la restauration de plus de 2.000 km de voies ferrées entre ces deux pays africains et le Corridor économique Chine-Mongolie-Russie : Un projet visant à relier ces trois pays par des infrastructures de transport.
D'autres projets portent sur le développement de l'agriculture et de l'industrie, ainsi que la construction d'établissements de santé. Ces projets s'inscrivent dans l'objectif plus large de la BRI, qui vise à renforcer la connectivité des infrastructures, des routes commerciales et des échanges culturels et humains à travers l'Asie, l'Europe, l'Afrique et au-delà.
A. Z.
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2e édition du «Prix Route de la Soie» : Une célébration du dialogue international
Le Forum de coopération des médias «La Ceinture et la Route 2025», qui s’est tenu à Kunming, a vu la remise des «Prix Route de la Soie» de la communication internationale. Cet événement majeur a réuni des représentants de médias venus des quatre coins du monde, témoignant de la vitalité du dialogue interculturel au sein de l’Initiative «Belt and Road». La remise des «Silk Road Global News Awards» a mis à l’honneur des journalistes et créateurs engagés pour une information ouverte, collaborative et tournée vers la compréhension mutuelle.
Depuis l’appel à candidatures lancé en avril 2024, près de 5.000 œuvres issues de 110 pays et régions ont été soumises, illustrant l’intérêt croissant que suscite cette plateforme médiatique mondiale. Parmi les lauréats de cette édition, Colin Stevens, rédacteur en chef du média européen EU Reporter, a remporté le Prix du Meilleur Reportage pour son œuvre «China’s Belt & Road : Building Bridges not Walls («Construire des ponts plutôt que des murs»), saluée pour sa vision équilibrée des partenariats transcontinentaux. Le Prix de la Meilleure Photographie a été attribué aux photographes argentins Renato Valentini et Rocío Vellón pour leur reportage sur les trains à énergie propre de CRRC en Argentine, symbole des innovations durables portées par la coopération sino-latino-américaine. Le média arménien News.am s’est vu décerner le Prix de la Meilleure Vidéo pour «In the Book of My Dreams», une œuvre sensible qui explore les aspirations humaines au prisme des échanges culturels.
Quant au Prix de l’Innovation, il est revenu au documentaire Treasures and Masks, coproduit par Egyptian Television et China Media Group, célébrant la rencontre entre les civilisations égyptienne et chinoise à travers les trésors archéologiques de Sanxingdui. Au total, 58 œuvres provenant de 37 pays ont été récompensées cette année, dont 4 grands prix, 16 prix de nomination et 38 mentions spéciales, confirmant la richesse des perspectives médiatiques autour de l’Initiative «La Ceinture et la Route». Cette alliance, fondée sur le principe de la collaboration internationale, regroupe des organisations médiatiques de pays partenaires engagées dans la construction conjointe de l’Initiative. Les «Prix Route de la Soie» représentent la seule récompense journalistique internationale intégrée au cadre multilatéral de la coopération «Belt and Road».
A. Z.
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Voix du Yunnan : Regards croisés sur la Ceinture et la Route,
Yusif Sharifzade, responsable des relations internationales au sein de Xalq LLC (Azerbaïdjan) : «Ce forum se propose de relier les peuples avant les routes»
A mon humble avis, dans l’Initiative de la Ceinture et la Route, il y a d’abord un projet profondément humain, bien au-delà des infrastructures et des échanges commerciaux. En effet, les récits portant sur les intérêts communs de l’humanité peuvent toucher un public mondial. Ce projet à portée mondiale ne concerne pas seulement les infrastructures, mais aussi la mise en relation des personnes. Je trouve qu’il y a là nécessité de renforcer les passerelles culturelles en multipliant les projets de coopération qui peuvent couvrir une très large palette d’initiatives. Cela peut aller de la coproduction de films au partage de la cuisine traditionnelle. De ce fait, les échanges médiatiques entre pays partenaires sont essentiels. Je crois que ce processus aide à bâtir des ponts de compréhension entre les nations. C’est pour cela que les participants à ce forum plaident pour un dialogue durable entre sociétés, car ils sont convaincus que la diplomatie des peuples complète celle des États. A. Z.
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Meilleur Derek Murindabigwi, fondateur et PDG du groupe média IGIHE (Rwanda) : «C’est une initiative qui donne une voix au Sud global»
En tant que représentant des médias africains, je dirais que notre corporation défend une vision engagée du journalisme continental : Celle d’un récit autonome, capable de raconter la coopération internationale depuis le terrain africain. Avec des initiatives telles que «La Ceinture et la Route», la Chine joue un rôle déterminant dans le développement de nombreux pays du Sud global. Mais cela ne peut pas être pleinement reconnu si l’on ne regarde que par le prisme des médias occidentaux.
C’est pour cela qu’il faudrait que les rédactions africaines occupent leur place dans le débat mondial : «C’est donc à nous, médias africains et médias du Sud global, de dire la vérité et de promouvoir ces initiatives comme elles le méritent. Il est essentiel d’avoir une voix en tant que Sud global. Un forum comme celui-ci et les collaborations entre rédactions de différents pays sont des leviers essentiels pour que cette voix compte réellement. Une conviction forte : raconter autrement le monde, c’est aussi participer à le transformer.
A. Z.
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Jaruwan Udomsab, vlogueuse internationale (Thaïlande) : «Le Yunnan est un carrefour humain et culturel»
Installée au Yunnan depuis plusieurs années, je dirais que j’incarne cette nouvelle génération d’influenceurs asiatiques passionnés par les échanges régionaux et la découverte interculturelle. Moi et les autres participants, nous ne nous connaissions pas avant. C’est ce forum qui nous a réunis et nous a permis de nous connaitre et de nous apprécier. Dans quel autre endroit aurais-je pu rencontrer en même temps autant de personnalités du monde entier partageant la même vision et les mêmes valeurs. Etant curieuse et attachée à la terre d’accueil depuis mon installation ici, je dirais que je suis tombée sous le charme de cette province chinoise.
Le climat ici est agréable et c’est le printemps toute l’année. Mais ce qui m’attire davantage, ce sont ses cultures ethniques variées et ses magnifiques paysages naturels. Chaque exploration apporte de nouvelles surprises. Etant une province du sud-est chinois, le Yunnan illustre parfaitement les bénéfices de la coopération régionale. Les bienfaits du chemin de fer sont concrets. Mes amis laotiens disent qu’il est désormais beaucoup plus facile de venir en Chine pour le tourisme ou les études. Les durians et les mangoustans thaïs arrivent plus vite chez leurs amis chinois, et les pommes chinoises parviennent désormais sur les marchés thaïlandais grâce à cette ligne ferroviaire. Aussi, pour les populations des pays limitrophes, le Yunnan symbolise la promesse d’une Asie connectée, où les échanges culturels et humains vont de pair avec le développement économique.
A. Z.