Face à la recrudescence actuelle des tensions entre l'Érythrée et l'Éthiopie, Antonio Guterres a appelé «les deux pays à se réengager en faveur d'une paix durable et du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale consacrés par l'Accord d'Alger…».
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté, hier, l'Érythrée et l'Éthiopie de réaffirmer leur attachement à «l'accord historique d'Alger», qui a officiellement mis fin aux hostilités entre ces deux nations de la Corne de l'Afrique, il y a très exactement 25 ans. Il a de plus averti que «la reprise des tensions pourrait compromettre la paix régionale».
«Aujourd'hui marque le 25e anniversaire de l'Accord d'Alger, un traité de paix historique, qui a officiellement mis fin au conflit frontalier entre l'Érythrée et l'Éthiopie, et établi un cadre essentiel pour des relations pacifiques entre les deux pays», précise un communiqué de Stéphane Dujarric, porte-parole du SG de l'ONU, diffusé hier et repris par l'APS. Le communiqué souligne que «le traité d'Alger a permis de créer des mécanismes pour la démarcation de la frontière commune et a également réaffirmé les principes fondamentaux de souveraineté et d'intégrité territoriale pour les deux nations, avec le soutien de la communauté internationale».
«À cette étape importante, le Secrétaire général réitère le soutien constant de l'ONU à l'Accord d'Alger», ajoute le texte. Il rappelle également qu'«il y a sept ans, les dirigeants des deux pays ont renouvelé leur engagement pour la paix, à travers une déclaration conjointe, témoignage de la puissance du dialogue et de la coopération».
En effet, il y a un peu plus de sept ans, le 9 juillet 2018, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le Président érythréen, Isaias Afwerki, ont signé, à Asmara ,une Déclaration conjointe d'amitié. Ce geste a mis un terme à deux décennies d'un état de «ni guerre ni paix» qui faisait suite à la guerre frontalière de 1998 à 2000.
Cet accord historique avait permis la réouverture des ambassades, des liaisons aériennes et des communications, redonnant ainsi un nouvel élan à l'esprit de l'Accord d'Alger que l'ONU soutient sans relâche. L'initiative audacieuse d'Abiy Ahmed a d'ailleurs été couronnée par le Prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné en 2019, en partie pour son rôle dans ce processus de paix.
Cependant, face aux tensions qui s'accentuent actuellement entre les deux pays, Guterres a exhorté «l'Érythrée et l'Éthiopie à se réengager en faveur d'une paix durable et du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale consacrés par l'Accord d'Alger, et à renforcer leurs efforts, pour établir de bonnes relations de voisinage», selon la même source.
Le chef de l'ONU a de plus appelé instamment les deux parties à «continuer de travailler avec les partenaires régionaux et internationaux, pour promouvoir la coopération au développement au bénéfice de tous».
Pour rappel, le 12 décembre 2000, l'Érythrée et l'Éthiopie avaient signé l'Accord d'Alger, suite à une guerre sanglante menée entre 1998 et 2000, qui avait coûté la vie à plus de 70.000 personnes dans les deux pays, d'après les chiffres officiels.
L'Accord, négocié sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et avec l'appui de la communauté internationale, avait permis d'instaurer un cessez-le-feu et de créer une Commission de délimitation des frontières neutre. Il prévoyait également le déploiement de la Mission des Nations unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), pour assurer la surveillance de la zone tampon temporaire. Cet accord a marqué la fin des affrontements militaires directs, bien que les tensions et le statu quo de la situation frontalière aient persisté pendant près de deux décennies.
Y. Y.