Il devient évident que le gouvernement sioniste, partisan assumé d’une guerre étendue au Moyen-Orient, reste accroché au scénario du chaos pouvant lui faire réaliser le fantasme de «redessiner la carte» de la région.
Il semblerait bien que l’atmosphère plutôt positive des discussions engagées entre Washington et Téhéran sur le dossier du nucléaire n’arrange pas les affaires du Premier ministre sioniste. Alors que les représentants des diplomaties américaine et iranienne tenaient la deuxième session de pourparlers dans la capitale italienne, Rome, Benjamin Netanyahou s’est invité dans le contexte, pour servir ce qu’il affectionne le mieux : le fiel belliqueux à l’encontre de la République Islamique d’Iran et la bravade de ne pas «reculer d’un millimètre» de l’objectif d’empêcher le complexe industriel iranien de doter le pays de l’arme nucléaire. Il devient évident que le gouvernement sioniste, partisan assumé d’une guerre étendue au Moyen-Orient, et sous l’impulsions de fantasmes expansionnistes qui vont au-delà des territoires arabes occupés jusqu’à présent (Palestine, sud du Liban et sud de la Syrie), reste accroché au scénario du chaos, qui le verrait, selon des formulations déjà évoquées, «redessiner la carte» de la région. Ces projections passent décidément par la neutralisation rêvée du potentiel militaire iranien, et plus globalement du concept même de la résistance à l’occupation. Selon plusieurs médias internationaux, lors d’un déplacement le 07 avril dernier à Washington, Benjamin Netanyahou aurait tenté de convaincre le Président américain de non seulement maintenir la politique de «pression maximale» contre Téhéran, mais aussi de passer le cap de la menace, pour hâter l’option d’une action militaire contre l’Iran, au prétexte que celui-ci serait à peine à quelques semaines de pouvoir se doter de l’arme nucléaire. Élan qui aurait été vite douché, rapportent les mêmes sources, par la disposition de la Maison-Blanche à plutôt favoriser la voie diplomatique. Les faits semblent pour l’heure confirmer ce choix, d’abord lors d’une première session de pourparlers indirects entre Téhéran et Washington, samedi 12 avril à Mascate, dans le sultanat d’Oman, ensuite samedi 19 avril à Rome. Les deux parties ne tarissent pas de marques de satisfaction, même mesurées, après des semaines tendues, où les menaces d’une intervention militaire ont été brandies par Donald Trump, et la détermination d’y riposter avec force a été affichée par les autorités iraniennes. «Nous avons réalisé beaucoup de progrès dans nos discussions directes et indirectes», s’est donc satisfait, dans la soirée de samedi, un haut responsable américain, quelques heures après que le chef de la délégation iranienne aux pourparlers, l’impassible ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, avait indiqué que «les négociations avancent». Les deux parties vont donc désormais au-delà de la formule diplomatique consacrée de «climat constructif», mise an avant en commun il y a une semaine. La diplomatie omanaise, à qui échoit la mission de médiation, est encore plus optimiste, évoquant une volonté commune de parvenir à un accord «équitable, durable et contraignant». Pas de quoi rassurer, manifestement, les desseins de Netanyahou.
M. S.