Près de 20 mois après les premiers obus lâchés contre les enfants de Ghaza, le Conseil de sécurité reste capable de se noyer dans une polémique sans issue sur les formulations d’une résolution, alors que la réalité extrême du terrain ne tolère aucun bégaiement.
L’éveil des opinions mondiales depuis plus d’un mois au devoir d’indignation face aux crimes sionistes et de solidarité envers les Palestiniens, sonne comme une condamnation directe de l’incapacité avérée du système international à agir pour sauver les populations de Ghaza de l’extermination programmée. Depuis près de 20 mois d’atrocités et de tueries, aggravées depuis mars dernier par un blocus destiné à affamer les survivants, l’Organisation des Nations unies et son organe exécutif, le Conseil de sécurité, ont offert la triste image de leur impuissance et de l’impasse dans laquelle les ont enfermés les contradictions structurelles et une partition arbitraire des pouvoirs de décision.
Plus de 20 mois après les premiers obus lâchés contre les enfants de Ghaza, le Conseil de sécurité reste donc capable de se noyer dans une polémique sans issue sur les formulations d’une résolution, alors que la réalité extrême du terrain ne tolère aucun bégaiement, puis d’accoucher d’un échec aussi douloureux que tonitruant à adopter un texte appelant à l’arrêt du génocide. 14 pays, dont quatre membres permanents du Conseil, ont plaidé l’urgence de signifier à Netanyahou la sommation d’arrêter de massacrer des enfants et de ne pas faire de la ration alimentaire une arme de guerre. Le 4 juin dernier, en pleine montée en puissance des condamnations des crimes sionistes à Ghaza, un veto américain a suffi à réduire à néant l’espoir d’une action commune pour rompre l’arbitraire fatalité du supplice palestinien. Quoi de plus éloquent et définitif pour tirer un trait sur une institution où le représentant permanent de l’Etat de Palestine éclate en sanglot devant l’irresponsabilité internationale, alors que l’entité sioniste, non seulement assume de continuer à dévaster Ghaza mais étend ses folies expansionnistes au Liban, en Syrie et menace les pays du voisinage.
Les nombreuses manifestations populaires organisées un peu partout en Europe les dernières semaines, y compris dans des pays où les leaders d’opinions et les médias avaient épousé, dès le 7 octobre 2023, le récit de l’entité sioniste et amplifié sa propagande, ont plus réagi spontanément aux images insoutenables en provenance de Ghaza, que ne sont le résultat d’une mobilisation de réseaux militants.
Immense sacrifice
Ces derniers ont d’ailleurs été combattus et réprimés sous le motif expéditif d’ «antisémitisme», en France notamment et aux Etats-Unis. La couverture médiatique et le retentissement dont a bénéficié la dernière mission réprimée par l’armée sioniste, de la Foltille de la liberté, témoigne de ce basculement des opinions. De la même façon que le changement du discours des dirigeants est plutôt le signe d’une impossibilité éthique et diplomatique à couvrir davantage et plus longtemps les plans sanguinaires du boucher Netanyahou.
Les mêmes images du martyre palestinien semblent avoir fini également à faire s’ébrouer des pans de la rue arabe, à travers des initiatives populaires et associatives, à l’image de la caravane Essoumoud (caravane de la Résistance) avec l’objectif d’atteindre, le 14 juin prochain, le passage frontalier de Rafah, sur le territoire égyptien. L’événement organisé par une coalition internationale de militants, issus d’une cinquantaine de nationalités, vise à «briser le blocus sur Ghaza», et attirer l’attention du monde sur la situation humanitaire catastrophique dans l’enclave.
Selon les derniers échos de la caravane, qui en était à l’étape libyenne depuis hier, la procession grossit au fil du parcours et voit se joindre des centaines de véhicules et autant de participants à chaque étape parcourue. Il reste à espérer que ces séquences de mobilisation populaires puissent encore porter la pression sur les dirigeants politiques, et au-delà, sur leurs avatars diplomatiques au niveau des institutions internationales pour enfin tirer les enfants de Ghaza des griffes du monstre sioniste.
M. S.