Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a averti, ce jeudi, que le Soudan était confronté à un danger imminent d'une nouvelle vague d'atrocités, suite à l'escalade des combats violents à travers l'État du Kordofan, opposant les Forces Armées Soudanaises régulières (SAF) et les Forces de Soutien Rapide (FSR).
Dans un communiqué repris hier par plusieurs médias internationaux, Türk a révélé que son Haut-Commissariat a documenté la mort d'au moins 269 civils suite à des frappes aériennes, des tirs d'artillerie et des exécutions extrajudiciaires lors de la prise de la ville de Bara, dans le Kordofan du Nord, par les FSR. Il a souligné que «ce chiffre de victimes civiles était probablement beaucoup plus élevé en réalité». Le haut-commissaire a également confirmé que «des assassinats en représailles, des détentions arbitraires, des enlèvements et le recrutement forcé, y compris d'enfants, ont été commis dans cette région, des informations qui restent difficiles à vérifier de manière exhaustive en raison des coupures de communications et d'internet».
Volker Türk s'est dit «vraiment choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan peu de temps après les événements horribles d'El-Fasher». Il a exhorté «la communauté internationale à ne pas laisser le Kordofan connaître le même sort que la région d'El-Fasher, que les acteurs internationaux avaient pourtant condamné sans équivoque pour ses violations barbares».
Par ailleurs, parallèlement à cette alerte onusienne, «le Réseau des Médecins du Soudan» a exprimé sa profonde inquiétude concernant le sort incertain de dizaines de familles et d'enfants piégés dans la ville de Babanoussa, dans l'État du Kordofan-Ouest. Cette ville stratégique, importante plaque tournante du réseau ferroviaire soudanais, a vu les FSR reprendre leurs attaques depuis le début du mois de décembre, après avoir reçu d'importants renforts du Darfour. Le Réseau a déclaré «suivre avec inquiétude les développements sur le terrain où les violents affrontements menacent des dizaines d'enfants et de femmes qui s'étaient réfugiés, souvent depuis plus d'un an, dans les bâtiments de la 22e Division militaire».
Le Réseau a pressé la communauté internationale «d'assumer l'intégralité de ses responsabilités envers les civils et les victimes de la guerre à Babanoussa et d'exercer une pression suffisante sur les dirigeants des FSR pour permettre l'évacuation et la prise en charge médicale des personnes touchées». Pour rappel, le conflit, qui a éclaté en avril 2023, a déjà causé la mort de dizaines de milliers de personnes et le déplacement d'environ 13 millions de personnes, amplifiant la catastrophe humanitaire dans le pays.
Y. Y.