Des centaines de milliers de déplacés à la merci des intempéries : les SOS sans écho de Ghaza

Les inondations risquent d’entraîner une vague de décès parmi les enfants et les personnes âgées, en raison de la baisse des températures et du manque d'équipements de protection de base dans les abris et les tentes.

«J’ai autant peur de la pluie que je n'avais peur de la guerre». L’aveu déchirant est celui d’une mère de famille palestinienne de Ghaza, se confiant à un média international sur l’ampleur du désastre humanitaire en contexte d’intempéries. Depuis l’émission, il y a deux jours, d’une nouvelle alerte météo, prévoyant de fortes précipitations, des vents violents et une baisse importante des températures, les centaines de milliers de Ghazaouis n’ayant pour abris que des patchworks de tentes, à même des sols encore détrempés par les pluies de novembre dernier, se sont mobilisés pour conforter ce qui pouvaient l’être dans ces abris de malheur.

Mais les rigueurs précoces de l’hiver, combinées aux effets ravageurs de plus de deux années de dévastation et de privation exigent bien plus que le resserrement d’une vieille cordelette où le creusement de sillons de drainage. Dans les camps surpeuplés, lors de l’épisode climatique de novembre, les inondations avaient noyé matelas, couvertures et provisions alimentaires. Selon les autorités sur place, plus de 22.000 tentes ont été endommagées ou détruites, livrant près de 280.000 ménages sans protection viable au froid et à l'humidité. Quelques semaines après, le même drame est en train de se rejouer. Un porte parole du mouvement Hamas, avait avant-hier, avertit que la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Ghaza exigeait le lancement d'une opération de secours urgente et «la fourniture de centres d'hébergement réels et décents par toutes les parties concernées», ajoutant que la puissance occupante doit être appelée à appliquer sans attendre les protocoles d'aide humanitaire stipulés dans l'accord de cessez-le-feu.

Dans un véritable SOS adressé aux institutions internationales et aux organisations humanitaires via la chaîne al-Jazeera hier, un représentant du gouvernement palestinien a appelé hier à la fourniture immédiate d’abris, alors que depuis les premières heures de la journée d’hier, la tempête a commencé à balayer le territoire. Selon un communiqué du centre opérationnel d'urgence du gouvernement, les fortes pluies tombées pendant la nuit ont provoqué l'inondation de milliers de tentes et gravement endommagé les biens des personnes déplacées, livrant les familles sans défense au froid qui s’est installé. Le même communiqué avertit que la persistance de cette situation pourrait entraîner une vague de décès parmi les enfants et les personnes âgées, en raison de la baisse des températures et du manque d'équipements de protection de base dans les abris et les tentes.

Entré en vigueur depuis exactement deux mois, le cessez-le-feu devait s’accompagner d’un acheminement massif de l’aide humanitaire dans l’enclave, avec un apport de rattrapage destiné à rapidement combler les près d’une année de blocus complet imposé par l’entité sioniste. A raison de 600 camions de denrées et équipements par jour, il était escompté que les près de 1,7 millions de déplacés internes puissent disposer d’un minimum pouvant leur permettre de faire face aux premières manifestations de l’hiver dans des conditions moins extrêmes. Il n’en a été rien évidemment. Dans un communiqué diffusé à l’occasion, le bureau des médias à Ghaza, affirme qu’au moins 6.000 camions d’aide sont bloqués dans les points de passage par l’arbitraire sioniste, au moment où la catastrophe continue à décimer en silence la population.

Le communiqué rappelle que les engagements avaient prévue l’acheminement de kits d’abris, et l’installation de près de 250.000 tentes, en sus de caravanes pour caser le peuple meurtri. La tempête qui a balayé la Grèce et Chypre depuis deux jours, a glissé vers Ghaza et les territoires palestiniens occupés depuis hier. L’accalmie n’est attendue que ce vendredi.

M. S.

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