L’Union européenne (UE) franchit une étape escalatoire dans son soutien à l’Ukraine en prolongeant indéfiniment l’immobilisation des quelque 200 milliards d’euros d’avoirs russes gelés sur son territoire.
La mesure, qualifiée de «décision majeure», vise officiellement à retenir les fonds pour financer une aide massive à Kiev et à presser la Russie de verser des réparations. La riposte est immédiate du côté de Moscou.
La Banque centrale russe a en effet, déclaré hier, saisir la justice contre la société belge Euroclear, qui détient l’essentiel des avoirs gelés.
Il y a quelques semaines, Vladimir Poutine avait avertit que toute action de ce genre allait être considérée comme un pillage de biens, menaçant de représailles massives au cas où les Européens passaient à l’acte, notamment en procédant à la saisie d’actifs occidentaux en Russie.
Moscou a mis en garde, par ailleurs, contre les grandes perturbations qui toucheraient en conséquence le système financier mondial. La décision de l’UE vient charger davantage un contexte marquée par une grande escalade sur le front des combats et une sérieuse impasse sur la voie du règlement négociée malgré les intenses efforts menés par l’administration Trump depuis des semaines. Jeudi, la porte-parole de la Maison Blanche a indiqué que le président américain est gagné par l’exaspération face au surplace dans lequel sont enlisés les pourparlers». Il ne veut plus de paroles. Il veut des actes. Il veut que cette guerre prenne fin », a répété Karoline Leavitt lors d’une conférence de presse à Washington.
Les avoirs russes, détenus principalement par la Banque centrale russe (BCR) auprès d’Euroclear en Belgique, était initialement gelés pour six mois renouvelables au début de la guerre, en février 2022. Leur immobilisation continue est donc désormais actée. La décision, qui devait être confirmée hier, par une procédure écrite, comprend également un prêt de 90 milliards d’euros à l’Ukraine, et une « sécurisation » de ses finances sur les prochaines années. La procédure escompte un autre effet, diplomatique celui-là. Dans la présentation de la démarche par le chef de la diplomatie française, il est en effet indiqué que la stratégie européenne vise à éviter que «d’autres que les Européens décident à la place des Européens du sort de ces sommes». L’allusion est claire à l’administration Trump, dont l’offensive diplomatique continue à être considérée comme une approche qui pousse à la marge, les intervenants du Vieux continent, réduit leurs capacités de compter dans toute démarche visant à trouver une issue au conflit. Les chefs d’État et de gouvernement devraient se réunir le 18 décembre prochain à Bruxelles pour valider définitivement le plan. Selon plusieurs médias européens, la Belgique, qui abrite la Banque concernée, pourrait formuler une opposition à sa mise en application, tant que des garanties ne sont pas présentées par l’ensemble européen quant au scénario d’une confrontation directe et solitaire avec Moscou.
D’ores et déjà, La Banque centrale russe a annoncé donc saisir le tribunal arbitral de Moscou contre la belge Euroclear, tenue comme responsable d’«actions illégales» ayant causé un «préjudice» par l’impossibilité de gérer ses liquidités et titres.
La procédure devrait réclamer le dégel des avoirs et le paiement de dédommagement pour manque à gagner, considérant que les sanctions procèdent à un «vol». Un front judiciaire s’ouvre, se greffant sur une persistance de l’escalade sur le plan militaire. Vendredi, Donald Trump a même évoqué de nouveau un possible engrenage de troisième guerre mondiale, selon l’agence russe Sputnik.
M. S.