Comité spécial de la décolonisation à l’ONU : La question sahraouie au menu

Le Comité des 24 de l'ONU se penche sur la décolonisation, avec, entre autres, la question du Sahara occidental. Entre appels à l'autodétermination et entraves du Maroc aux missions d'observation, la situation des territoires non autonomes demeure un défi majeur pour les Nations unies.

Le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU, chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés, a entamé depuis lundi dernier sa session de fond 2025.
Le premier jour des travaux du Comité spécial a été largement consacré à l'examen de la situation dans 14 des 17 territoires non autonomes sur fond d'appels à réaliser des progrès tangibles dans le processus de décolonisation dans les territoires non autonomes, toujours inscrits à son ordre du jour.
Au préalable, le Comité spécial a adopté, sans vote, trois projets de résolution annuels sur la décolonisation. Il a d'abord adopté un projet de résolution sur la diffusion d'informations sur la décolonisation, par lequel l'Assemblée générale approuverait les activités menées par le Département de la communication globale et le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix en matière de diffusion d'informations sur la décolonisation.
En entérinant le texte portant sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l'alinéa "e" de l'Article 73 de la Charte des Nations unies, l'Assemblée générale prierait les puissances administrantes concernées à respecter leurs obligations au titre dudit alinéa pour ce qui est de chaque territoire figurant à l'ordre du jour du Comité spécial.
Enfin, le Comité spécial a approuvé un projet de résolution portant sur l'envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires. Il engage également les puissances administrantes à collaborer avec l'ONU afin de faciliter l'organisation de telles missions dans les territoires placés sous leur tutelle.
En effet, pour le cas du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, le Maroc a été régulièrement critiqué pour son refus d'autoriser des missions de visite ou d'observation de l'ONU dans ces territoires qu'il administre ; ce qui est perçu comme une entrave directe au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et une violation de ses obligations internationales.
Selon un décompte publié conjointement par la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis (LPPS) et l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA) en février dernier, pas moins de 307 professionnels de l'information, juristes ou militants des droits de l'homme se sont vus refuser l'accès ou ont été expulsés par le Maroc du Sahara occidental occupé, depuis 2014, pour avoir voulu enquêter sur des violations du Droit international humanitaire.
Relevant que le Maroc ne tolère plus aucun observateur étranger au Sahara occidental depuis 2014, l'AFASPA et la LPPS précisent que sur l’ensemble de ces personnes issues de 21 pays et réparties sur les quatre continents, l'occupant marocain a procédé à 85 expulsions en 2016, 68, dont 5 députés européens, en 2017, 53 en 2014 et 34 en 2019.
Cela étant, le bilan fait état également de l'expulsion ou de l'interdiction au Maroc de 7 ONG internationales. Il s'agit de « Human Rights Watch », « Novact », « Avocats sans frontières », « Friedrich Naumann Stiftung », « Amnesty international », « Fondation Carter » et « Free Press Unlimited ».
Enfin, la LPPS et l'AFASPA rappellent que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) attend depuis 9 ans l'autorisation du Maroc d'accéder aux territoires occupés du Sahara occidental.
D’ailleurs, le SG de l'ONU, Antonio Guterres, dans un rapport sur la situation au Sahara occidental, publié début 2025, s'est dit, « préoccupé » par le manque d'accès « persistant » du HCDH au Sahara occidental. Aujourd’hui encore, force est de constater que la situation est malheureusement toujours la même.
Le Comité spécial de la décolonisation de l’ONU devait poursuivre ses travaux dans la journée d’hier avec l'examen de la question du Sahara occidental.

Y. Y.

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Les mises en garde du Front Polisario

Dans un communiqué ayant sanctionné les travaux d'une réunion du Bureau permanent du Secrétariat national du Front Polisario, tenue lundi dernier, sous la présidence du président sahraoui et secrétaire général du Front, M. Brahim Ghali, le Front Polisario a mis en garde contre "les conséquences des manœuvres de l'occupant marocain et ceux qui le soutiennent, visant à entraver l'instauration de la paix au Sahara occidental sur la base du respect total des décisions de la légalité internationale et des principes du droit international", rapporte l'Agence de presse sahraouie (SPS).
Ces manœuvres "auront des conséquences désastreuses pour la sécurité et la stabilité internationales et ne dissuaderont pas, le peuple sahraoui de poursuivre sa lutte nationale par tous les moyens et méthodes légitimes, quel que soit le prix à payer", ajoute le communiqué.

 

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