- Il faudra plusieurs décennies à tout effort de réinstallation de la vie dans l’enclave
La question de la reconstruction dans la bande de Ghaza soulève à la fois de gigantesques défis logistiques et des enjeux diplomatiques et politiques complexes. Tout processus de reconstruction devra inéluctablement inclure une solution politique, et l’on est en droit de croire aujourd’hui que cette évidence est partagée sur la scène internationale. La résistance du peuple palestinien et son attachement inconditionnel à sa terre ont fini par déjouer les plans sionistes. Il n’est plus question, aujourd’hui, de déplacement forcé de toute une population, ni d’annexion de la Cisjordanie occupée.
Un rapport produit conjointement par la Banque mondiale et les Nations unies, en février dernier, estime ces besoins de reconstruction et de relèvement dans l’enclave palestinienne à 53 milliards de dollars.
Selon les derniers chiffres communiqués, en juin dernier, par l’Unosat, pas moins de 70.436 structures ont été détruites, au moment où 18.588 ont été sévèrement endommagées. S’ajoutent à ce triste bilan, les 51.962 structures modérément endommagées et 33.500 autres structures probablement endommagées, selon la même source, soit un total de 174.486 bâtiments touchés. L'UNRWA avait révélé, à ce propos, qu’il faudrait jusqu'à 15 ans pour déblayer environ 40 millions de tonnes de gravats à Ghaza la martyre.
Un constat qui repose sur une évaluation du Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE). Le même document soutient que l’enlèvement de ces débris nécessiterait plus de 100 camions par jour et coûterait plus de 500 millions de dollars. Tirant la sonnette d’alarme, l’Organisation des Nations-Unies est catégorique : ces débris constituent une menace mortelle pour les habitants dans la mesure où ils peuvent contenir des munitions non explosées et des substances hautement nocives et mortelles.
Plusieurs plans et autres solutions proposés
Routes, hôpitaux, écoles, universités, système d’évacuation des eaux usées et des déchets, AEP, etc, sont totalement hors services. Tandis que la surface habitable dans cette zone se réduit comme peau de chagrin : moins de 14 % du territoire est désormais disponible aux plus de deux millions d’habitants de l’enclave. C’est dire à quel enseigne la reconstruction de Ghaza n’est pas une mince affaire et constitue un défi logistique immense.
La communauté internationale, sous ses diverses expressions, a présenté plusieurs plans et autres solutions pour dessiner les contours de ce chantier pharaonique de la reconstruction. En mars dernier, les travaux de la session extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau du Sommet, au Caire (Egypte), ont été consacrés à la thématique sensible de la reconstruction de l’enclave palestinienne. Les participants ont exprimé leur rejet du plan visant à déplacer les Palestiniens de Ghaza, soulignant que la reconstruction devait se faire avec la présence des Palestiniens sur leur terre. Un plan arabe a été, par conséquent, adopté, prévoyant de reconstruire Ghaza d'ici à 2030.
La première phase consisterait à déblayer plus de 40 millions de tonnes de débris laissés par les bombardements sionistes, tout en nettoyant sur le terrain les bombes non explosées. En sus, d’une seconde phase devant permettre la reconstruction des infrastructures de base et des logements. Représentant l’Algérie à cette rencontre, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, avait mis en avant, à cet effet, la nécessité de préserver et de respecter l’indépendance de la décision palestinienne, appelant à se mobiliser autour du peuple palestinien en vue de soutenir la consolidation du cessez-le-feu et le lancement des efforts de reconstruction dans l’enclave.
L’administration américaine avait, quant à elle, proposé, le 4 février dernier, un premier plan pour la reconstruction de la bande de Ghaza avant de rétropédaler et présenter, en septembre dernier, un nouveau plan en 20 points présentés. De son côté, l’Union européenne (UE) fait, selon de nombreuses sources médiatiques, partie des principaux bailleurs potentiels de la reconstruction de Ghaza. L’UE a rappelé, par ailleurs, que l’enclave palestinienne est une partie essentielle d’un futur État palestinien et avait, in fine, insisté pour que celle-ci soit fermement ancrée dans un cadre politique et de sécurité plus large, soit «des cadres de sécurité et de gouvernance efficaces, une amélioration significative de l’accès des biens et des personnes à Ghaza, et un leadership palestinien en matière de reconstruction».
S. K.
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Le génocide en chiffres
Pertes humaines
l 67 074 martyrs dont 1 670 professionnels de santé, 248 journalistes, 139 membres de la défense civile et 173 employés municipaux
l 169 430 blessés
l 73 731 personnes, dont plus de 20 000 enfants et
12 500, femmes portés disparus
l 2 700 familles anéanties
l 459 personnes, dont 154 enfants, mortes de malnutrition
l 1,9 million de Palestiniens – soit près de 85 % de la population – déplacés
l 18 000 élèves et 1 300 étudiants tués
l 4 600 enseignants et professeurs tués
Dégâts matériels
l 68 milliards de dollars, estimation des dégâts matériels
l 90 % des infrastructures détruites
l 778 sur 815 écoles entièrement ou partiellement endommagées
l 63 bâtiments universitaires rasés
l 833 mosquées et 38 hôpitaux détruits
l 2,8 millions de mètres de réseau routier détruits
l 725 puits d'eau hors service
l 5 080 kilomètres de lignes électriques détruits
l 94 % de terres agricoles endommagées
l 100 % des zones de pêche endommagées
Sources ONU, Banque mondiale, OMS