63e Anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie : une stèle à la mémoire des disparus !

 
Dédiée à la postérité et à la mémoire éternelle des disparus-martyrs de l’historique grève nationale des 8 jours, du 28 janvier au 4 février 1957.
 
I – Perspective et symbolique de la stèle : Pour une revanche de l’histoire
 
Une œuvre d’illustration sculpturale d’art figuratif pour la mise en exergue d’une revanche de l’histoire aux exactions criminelles de la colonisation française sur le lieu même de l’édification de la statue équestre du duc d’Orléans (ci-dessous sur son cheval en conquérant génocidaire d’Alger, glaive en main)  scrutant d’un regard dominateur victorieux la multimillénaire Casbah, matrice historique et civilisationnelle d’El Djazaïr. 
Une statue intentionnellement érigée en 1845 sur le site de proximité attenant à la Grande-Mosquée d’Alger - Djamaâ Djedid dans une posture péjorativement infamante par l’orientation de la croupe du cheval  à dessein d’inférioriser pour déculturation  un lieu sacré de culte identitaire d’algérianité incarnée par celui-ci.
 
II - Toponymie urbanistique d’occupation coloniale
 
Faut-il rappeler également, dans ce contexte, qu’à dessein de la perpétuation du souvenir de la conquête française en 1830, le site actuel de la place des Martyrs a sciemment et idéologiquement été baptisé place du Gouvernement, en fronton d’attrait psychologique reflétant l’assise de suprématie du Gouvernement colonial français en Algérie.
Laquelle baptisation qui, avec mépris, a subtilement été accentué en ce sens par une symbolique d’assujettissement de domination de par son implantation dans une agglomération autochtone, densément populaire à la lisière de la Casbah d’Alger, jadis matrice historique, plurimillénaire et civilisationnelle qu’elle fût en rayonnante El Djazaïr.
Encore une ineptie coloniale inversée à ses dépens en dérision populaire transgénérationnelle à travers la désignation de ce lieu dénommé, appelé et épelé par les citoyens placet El Oûd  (place du cheval) en rejet sociétal de résistance de l’appellation officiellement ciblée et décrétée de placet El Houkouma  (place du Gouvernement).
Un retournement de situation allégorique qui a ridiculisé ainsi la symbolique du toponyme «Gouvernement» en une burlesque figuration équestre de l’animal statufié en monture du duc d’Orléans sur la place dont la genèse est ci-dessus développée. 
 
III – Historicité de la place des Martyrs
 
Résurgence implacable du cours de l’histoire en son verdict de vérité ancrée à l’infini des âges et du temps par le sacrifice suprême du peuple algérien qui a triomphé le 5 Juillet 1962 avec la résurrection de l’Algérie libérée, souveraine et indépendante.
Un événement d’historicité illustré par l’éclat de l’iconographie expressive ci-dessous de l’éternel 5 Juillet 1962 de l’indépendance où la statue colonisatrice du duc d’Orléans a, dans un grandiose délire populaire de joie, été revêtue de l’emblème national hissé par des jeunes comblés d’un bonheur d’intensité émotionnel incrusté en la mémoire de tous ceux qui l’ont inoubliablement vécu.
 
IV- Anecdote mémorielle de pérennité historique
 
Le célèbre penseur exégète de notoriété savante de la Casbah d’Alger, Cheikh Abdelhalim Ben Smaïa, d’Alger (1866-1933), arriva un jour sur son inséparable cheval à l’ex-place du Gouvernement au moment de la prière et l’attacha sur la grille de la statue.
Un policier, en faction, le somma sévèrement et irrespectueusement de détacher la bête et de déguerpir immédiatement.
A quoi répondit sereinement le vénérable Cheikh Ben Smaïa en ces termes : «Monsieur l’agent, Si Chourti, ce n’est que pour un instant très court pour accomplir ma prière à la mosquée».
Refus catégorique et brutal de ce dernier suivi de cette mémorable et ironique tirade du Cheikh : «Ce cheval (pointé du doigt) est ici depuis plus d’un siècle et vous osez refuser à ce que le mien soit sur cette place de sa ville natale pour une quinzaine de minutes», et de poursuivre ainsi sa sublime et prémonitoire réplique : «Alors sachez et souvenez-vous bien aujourd’hui, que viendra le jour où votre cheval quittera à jamais ce lieu pour être banni avec l’opprobre du déshonneur de l’histoire», fin de citation.    
Une vision du Cheikh Abdelhalim Ben Smaïa enfin réalisée et son vœu exaucé à travers le sort de cette statue qui, quelques jours plus tard, sera déboulonnée à la hâte par l’autorité coloniale, disparaître, chassée ainsi et à jamais d’Alger, capitale d’une Algérie libre, indépendante et souveraine.    
 
Casbah le 10 octobre 2022
           
Lounis Ait Aoudia

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