La nouvelle guerre

Désinformation. Le terme souvent accompagné de «fake-news», «manipulation»,«guerre de l’information», «propagande»… des pratiques qui mettent en lumières de nombreux enjeux et dangers liés entre eux. Si l’information a toujours été manipulée, les évolutions technologiques de ces dernières décennies en transforment l’ampleur et la gravité. Internet, les réseaux sociaux multiplient les dimensions, depuis qu’il est possible de toucher tout le monde, tout le temps et en simultané.
Ce troisième millénaire, marqué par un foisonnement d’informations et une actualité dense, on voit naître une autre forme de communication, pour la plupart anonyme, informelle et sournoise, surtout. Des trolles qui envahissent la Toile et à une vitesse exponentielle. Ce nouveau genre d’informations qui s’assimile beaucoup plus à une guerre où l’intox règne en maître, la «nouvelle» est devenue aujourd’hui un enjeu majeur et incontournable de la conflictualité. L’Algérie, à l’instar de beaucoup d’autres pays, n’est pas à l’abri des vagues de désinformation qui fusent de partout. Aujourd’hui et plus que jamais, notre pays fait face à des campagnes de dénigrement et d’acharnement médiatique rarement enregistrées. Face à cette guerre minutieusement orchestrée, et où les mécanismes naturels d’usure culturelle et sociale, de fatigue informationnelle qui peuvent être accélérés de manière vertigineuse, l’espace informationnel est soumis à des attaques de plus en plus perfectionnées dans un contexte de «compétition» globale tous azimuts. Dans cet environnement toxique, l’IA générative et les «deepfakes» à la viralité croissante nous confrontent à un nouveau terrain d’affrontement et où les règles de la guerre se résument à un seul mot d’ordre : «No limit».
Lors d’une rencontre avec les acteurs de la communication, le premier responsable du secteur, Zoheir Bouamama, a estimé important, face à la menace actuelle, que les médias nationaux doivent adopter une ligne éditoriale objective et factuelle. Il a affirmé alors qu’il convient de répercuter fidèlement les efforts consentis par les pouvoirs publics dans différents domaines et de soutenir la politique étrangère. D’où la nécessité, selon lui, d’investir dans des journalistes capitalisant de l’expérience et de la compétence, pour qu’ils puissent faire face efficacement à ce déluge d’hostilités à l’égard de l’Algérie. «Le contexte actuel ne tolère plus l’amateurisme et l’improvisation. Il dicte un journalisme professionnel et responsable» à même d’établir une inflexion claire dans les diagnostics comme dans les modes d’actions, afin d’apporter une réponse structurelle et durable à la hauteur des enjeux. Un vrai défi à une époque où l’instantanéité ne laisse pas de place aux avis mesurés et nuancés.

El Moudjahid

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