L’Algérie enregistre une moyenne de 205 accidents et 6 morts par jour en 2025 : une tragédie quotidienne qui s’installe

«C’est le mort de trop !» Cela fait des mois, sinon des années, que cette phrase est rabâchée après chaque accident mortel, mais le «trop» est tellement récurrent que c’en est… trop. Les accidents de la route sont devenus, malheureusement, une cause importante de mortalité.

Il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu’un accident, au moins, soit signalé quelque part en Algérie. Certes, les accidents de la route existent depuis l’indépendance et nombre d’entre eux n’avaient pas été médiatisés, pour la simple raison qu’ils étaient enregistrés au niveau local seulement, la numérisation et les réseaux sociaux n’existant pas encore à l’époque, mais il est indéniable que le nombre d’accidents de la circulation a fortement augmenté ces dernières années. Le nombre de véhicules en circulation ayant connu une hausse substantielle depuis l’avènement du nouveau millénaire, encore plus pour les véhicules à deux roues, certains diront qu’il est logique que le nombre d’accidents ait évolué de manière exponentielle, mais il faut reconnaître aussi que même les normes de sécurité dans les véhicules, que ce soit des voitures de tourisme, des véhicules utilitaires, des camions ou des autocars, ont évolué, ce qui devrait avoir pour effet, au contraire, de réduire et le nombre d’accidents et le nombre des victimes.
L’année n’est pas encore terminée et déjà les statistiques font ressortir une moyenne de 205 accidents quotidiennement, causant la mort, en moyenne, de 6 personnes chaque 24 heures.

Pour prendre juste des statistiques concernant l’an 2025, le bilan des accidents de la route entre le 1er janvier et le 9 décembre, selon les statistiques fournies par la direction générale de la Protection civile, est effarant : 70.384 accidents, 87.152 blessés et 2.022 personnes décédées sur le lieu de l’accident, soit une moyenne de 205 accidents, 254 blessés et 6 morts par jour. Il s’agit de chiffres proches de ceux enregistrés l’an passé, notamment en matière de nombre de décès et de personnes blessées.

A titre comparatif, il y a eu, en 2023, 24.751 accidents ayant causé des blessures à 33.995 personnes et le décès de 3.628 personnes, alors que 3.740 décès ont été enregistrés en 2024 et 35.556 blessés. Au-delà de l’augmentation régulière du nombre de décès (en attendant le bilan final de l’année en cours), c’est le nombre d’accidents en 2025 (plus du double par rapport à 2023), qui sidère et qui fait craindre le pire au moment du bilan annuel puisque 2025 n’est pas encore achevée et le nombre de victimes augmente presque chaque jour. Le plus dramatique est que le nombre indiqué de personnes décédées concerne seulement ceux qui ont perdu la vie au moment de l’accident.Le bilan des morts est plus lourd puisque de nombreux blessés décèdent ultérieurement à l’hôpital. Ne parlons même pas de ceux qui souffrent de séquelles irréversibles, voire de handicaps.

Les chiffres provisoires pour l’an 2025 font ressortir également qu’il y a des régions où les accidents de la route sont plus meurtriers qu’en d’autres endroits. Ainsi, si Alger occupe, au 22 novembre 2025, la tristement première place sur les plans du nombre d’accidents survenus (6.499) et du nombre de décès (111), Blida et Oran occupent les deuxième et troisième places concernant le nombre d’accidents (3.031 et 2.323 respectivement), mais avec un nombre réduit de décès, ce qui indique que la majorité de ces accidents ne sont pas mortels. A l’inverse, les wilayas de Djelfa et de Tamanrasset ont connu beaucoup moins d’accidents de la circulation, mais elles occupent conjointement la deuxième place en nombre de morts (70 pour chacune d’elles). Il est vrai que dans ces deux wilayas, les accidents ont concerné principalement des véhicules de transport de voyageurs (autocars et taxis collectifs), ce qui explique le nombre élevé de victimes.

La statistique la plus alarmante concerne le nombre de décès à Alger (111), qui est déjà beaucoup plus élevé que l’an passé, alors que 2025 n’est pas encore achevée. Certes, il s’agit de la capitale, donc de la wilaya la plus populeuse et aussi celle connaissant le plus important trafic routier, mais cela n’explique pas tout. Le fait que la wilaya où il y a le plus grand nombre d’accidents de la route et le plus de victimes soit la plus petite du point de vue de la superficie, et aussi celle censée disposer du plus grand nombre de points de contrôle routier ainsi que d’un large dispositif de signalisation et de surveillance, suscite des interrogations.

Les rapports des différents services de sécurité affirment que le facteur humain est la principale cause des accidents de la route (dans plus de 90 % des cas), à savoir : manœuvres dangereuses, non-respect du code de la route, conduite sous l’effet de stupéfiants, non-habilitation à conduire le type de véhicule mis en cause, véhicule en surcharge, imprudence de piétons… Les autres causes sont la mauvaise qualité de la chaussée par endroits, des pièces composants du véhicule défectueuses, l’absence d’éclairage…

Des mesures urgentes ont été prises par l’Etat, sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour régler les causes matérielles, notamment par l’importation de 10.000 véhicules de transport public et de 500.000 pneumatiques, en attendant la concrétisation de projets industriels destinés à couvrir les besoins nationaux. Par ailleurs, une nouvelle loi sur le code de la route, plus sévère et exigeante, qui se distingue par l’extension de la responsabilité pénale aux personnes et organismes dont la négligence est avérée, sera bientôt promulguée. Ce ne sera pas de trop pour empêcher les accidents de trop.

F. A.

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L’année n’est pas encore terminée et déjà les statistiques font ressortir une moyenne de 205 accidents quotidiennement, causant la mort en moyenne de 6 personnes chaque 24 heures.

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