Traversées périlleuses du miroir d’Ahmed Hanifi : Réminiscences de jeunesse

Ce roman, Traversées périlleuses du miroir, d'Ahmed Hanifi, fleure bon la nostalgie des réminiscences et la magie du désert qui capte. Avec un titre aussi singulier, l'auteur nous introduit d'emblée dans la société algérienne qui défile avec ses problèmes notamment bureaucratie, terrorisme, manque de tourisme, emprisonnement des cadres, essais nucléaires de Reggane, etc. Au gré des humeurs de l'auteur, les souvenirs affluent et dévoilent des certitudes, des vérités, mais aussi des joies et des désenchantements.

Paru aux éditions Casbah, cet intéressant récit focalise sur les souvenances de quatre amis Brahim, Djoher- Aline, Rais Razi et Wahid liés par les liens indéfectibles de l'amitié. Le narrateur Wahid raconte avec nostalgie leurs escapades, leurs parties de cartes, leurs randonnées, leurs beuveries, leurs vacances en bord de mer et leurs études. Vingt années plus tard, ils sont toujours aussi intimes, mais chacun à pris une voie différente. Dans une première partie, le narrateur évoque ses souvenirs familiaux et leur établissement à Oran. Ses fréquentations avec Rais Razi, qui après des études en sociologie à Paris enseigne l'histoire et la physique dans un lycée et se marie avec une Suédoise, Katarina, dont il a une fille Eva-housia. Brahim réceptionniste dans un hôtel marié à Leïla qui a un garçon, Amar, vit dans le sud du pays ; et le narrateur Wahid divorcé de Djoher-Aline enseigne comme son père dans un lycée. Djoher-Aline est retournée en France dans sa ville natale de Clermond Ferrand. Dans la seconde partie du roman, l'auteur nous invite à une belle randonnée à travers le désert en quête de la tribu des N'Ti Ani ou Akkam et d'un météorite tombé dans le désert. Wahid fait une virée en bus et sur une bécane dans les villes de Tamentit, Tamanrasset, Timimoun, Béchar, Beni-Abbès, Adrar, Reggane, et In-Salah à la recherche de l'endroit où le météorite est tombé. Wahid malgré les années passées est rattaché à ses amis qu'il rencontre au gré de ses échappées. Certes, après des milliers de kilomètres engrangés, il ne trouve ni les traces de la tribu de sa mère ni ce météorite, mais une certitude vérité. "Le désert a ceci de réconfortant et de salutaire, pour qui veut s'ouvrir à la vérité, en ce qu'il nous renvoie à notre authentique profondeur, notre concrète réalité, notre propre découverte et ne pas provoquer l'humilité " mentionne le narrateur. Ce beau roman d'amitié et de quête de vérité est d'une écriture profonde avec des clins d'œil à des références culturelles nombreuses. Une écriture dense, riche qui témoigne de la prose lyrique de l'écrivain Ahmed Hanifi. Sa narration est détaillée et l'on sent l'observateur aguerri qui ne rate aucun détail. Il est à signaler que l'auteur est un écrivain et voyageur dont les romans notamment le Temps d'un aller-simple (Ed Marsa), La folle d'Alger (l'Harmattan), Poèmes inédits (Ed. Sedia), Le choc des ombres (Ed. Incipit), Sur les traces de la petite mosquée des Inuits (Ed. Incipit) résultent de ses périples dans l'extrême Ouest américain, en Alaska et dans le Grand Nord canadien près du cercle arctique. Résidant actuellement en France, il anime des ateliers d'écriture en Algérie, en France et au Canada.

K. A.

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