Simon Panay, réalisateur de «L’enfant à la peau blanche» : «La recherche d’or est un phénomène peu documenté»

Réalisateur de courts-métrages documentaires en Afrique de l’Ouest autour de l’univers des mines d’or, le cineaste français Simon Panay poursuit cette exploration avec L’enfant à la peau blanche, une coproduction franco-sénégalaise projeté dans à la premiere édition du Festival international du court-métrage de Timimoun (TISFF). Il revient dans cet entretien sur la genèse du projet ainsi que sur les conditions de tournage de sa fiction qui oscille entre phénoméne social et mythologie.

El Moudjahid : Comment est née l'idée de faire un film sur les orpailleurs ?

Simon Panay : C’est une continuité logique d’un sujet qui m’a toujours passionné; la recherche d’or. Cela fait 12 ans que je fais des films documentaires sur le sujet des mines artisanales en Afrique de l’Ouest. J’ai déjà réalisé un film qui s’appelle Si tu es un homme, un long travail que j’avais tourné pendant deux ans sur un site minier au Burkina Faso, et j’ai assisté durant ces deux ans à ce qui donnera naissance par la suite à L’enfant à la peau blanche, à savoir l’utilisation d’enfant albinos qu’on fait descendre dans la galerie souterraine pour leur demander de chanter. Il existe en effet une croyance selon laquelle le chant d’un albinos posséderait des pouvoirs magiques capables d’attirer l’or, considéré par les orpailleurs comme une matière vivante, presque une créature mythologique qu’il faut chasser. Je n’avais pas été autorisé à le filmer en documentaire parce qu’il y avait cette peur que la présence de la caméra «rompe le charme», j’en ai donc fait une fiction et c’est comme ça que le projet est né.

Est-ce que les enfants sont utilisés pour ces pratiques avec l’accord des parents ou bien ce sont des réseaux qui le font de manière illégale ?

C’est une pratique assez rare à laquelle j’ai assisté seulement deux fois et je ne savais pas exactement quels étaient les tenants, aboutissants et situations de ces enfants. J’ignore si ce sont les parents eux-mêmes qui les accompagnent, ou ce des réseaux qui les exploitent pour gagner de l’argent, car ces prestations sont rémunérées et parfois très chères. C’est un phénomène très peu documenté, même par les associations spécialisées, et globalement méconnu.

Quels ont été les lieux de tournage ?

Nous avons tourné au Sénégal, principalement sur la mine d’or de Ténkoto, dans le sud-est du Sénégal. Toutes les scènes souterraines ont été recréées dans une grotte sur l’île de Gorée. Un important travail de décor a été réalisé pour reproduire l’atmosphère des galeries souterraines, tout en garantissant la sécurité de l’équipe.

Que pensez-vous de la naissance de ce festival entièrement dédié au court-métrage ?

C’est ma première visite en Algérie et je découvre Timimoun, une ville absolument incroyable. Elle dégage une atmosphère magnifique, et les lieux de projection sont fabuleux. Les salles sont pleines, c’est impressionnant. Plus largement, je trouve formidable de voir émerger un festival ambitieux sur le Continent africain, qui offre une vitrine aux cinéastes et permet de montrer les films en Afrique. C’est une valeur extraordinaire, car ça permet d'être moins dépendants des festivals occidentaux qui ont leurs propres goûts qui souvent ont tendance à transformer le «processus créatif du début».

K.B.

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