Le Palais de la culture Moufdi-Zakaria a retrouvé, jeudi soir, les sonorités somptueuses d’une musique classique appréciée par les algérois, avec le grand retour du Festival national de la musique andalouse pour sa 11ᵉ édition qui s’étalera jusqu’au 15 décembre. Après une longue absence, l’événement a repris vie dans une atmosphère de fierté, porté par une volonté claire : redonner à cet art patrimonial la place qui lui revient. Pour marquer cette renaissance, le Secrétaire général du ministère de la Culture et des Arts, représentant de la ministre, Malika Bendouda, a ouvert la soirée par un mot ancré dans la mémoire culturelle et historique de l’Algérie.
Dans son message, la ministre, à travers la voix de son représentant, a mis en avant la dimension identitaire et la portée spirituelle de la musique andalouse, rappelant qu’elle constitue l’un des piliers majeurs de la mémoire artistique du pays. Elle a souligné que cet héritage, transmis de maître à disciple depuis des siècles, demeure un espace vivant où se rencontrent tradition, raffinement et créativité. «La musique andalouse est un trésor de l’âme algérienne. Elle nous relie à nos ancêtres, inspire nos artistes et façonne notre sensibilité culturelle. Notre responsabilité est de la préserver, mais aussi de la réinventer, afin qu’elle continue de rayonner auprès des jeunes générations», a-t-elle affirmé. Le commissaire du festival, Ahcen Ghida, a rappelé la portée symbolique de cette édition, organisée le 11 décembre, date marquée par les manifestations historiques en 1960.
«Célébrer l’andalou en ce 11 décembre, c’est rendre hommage à un peuple qui a su défendre son identité avec courage et dignité. La musique, elle aussi, est une mémoire vivante : elle porte en elle la résistance, la constance et l’amour de la patrie.» Il a insisté sur l’importance de relancer durablement ce rendez-vous artistique afin de consolider la transmission de cet art noble et de renforcer son rayonnement national. La soirée a débuté avec la prestation majestueuse de l’association El Gharnatia de Koléa, créée en 1972, qui a immédiatement plongé la salle dans une ambiance grandiose. Leur interprétation, à la fois précise et habitée, a rappelé l’exigence et la profondeur de l’école andalouse.
Dans la continuité, l’association Bel Art, fondée en 2023, a su maintenir l’éclat musical avec une énergie fraîche et un respect assumé du style, offrant une transition harmonieuse entre tradition et modernité. Un espace d’exposition a également été consacré à la mémoire des grandes figures de l’andalou, rendant hommage à celles et ceux qui ont façonné cet art : cheikh Mohamed Sefinja, cheikh Mohamed Ben Tefahi, Yamina Bent El Hadj El Mehdi, Mahmoud Weld Sidi Saïd, cheikh Mohamed El Mazouzi. Leurs portraits, empreints de solennité, rappelaient la puissance créatrice et l’engagement artistique de générations de maîtres dont l’héritage continue d’inspirer les écoles d’aujourd’hui. La soirée s’est conclue avec éclat grâce à l’artiste Hamidou, qui a su illuminer le palais de la culture par sa présence et la chaleur de son interprétation.
M. K.