Festival international du court-métrage de Timimoun : Une édition couronnée de succès

De notre envoyé spécial : Kader Bentounes

Tant attendu par les cinéastes, cinéphiles et surtout par la population de la capitale du Gourara, le festival international du court-métrage de Timimoun (TISFF) a fermé ses portes, après une première édition réussie sur tous les plans.

Le défi était grand, celui d’organiser un festival international à plus de 1.200 km au sud d’Alger. Pour y parvenir, les efforts de toute une équipe ont été portés par une passion cinématographique d'une population accueillante qui a adopté le festival et promet d'en prendre soin. Meilleure preuve, l’assistance nombreuse aux projections, notamment à celles de la soirée, au théâtre de verdure de la ville, pour la catégorie fiction.
La féerie du grand écran a trouvé des cinéphiles par milliers à Timimoun dans une ambiance festive quotidienne à la belle étoile. Une lueur d’espoir pour la fidélisation d’un public et surtout pour l'émergence de talents en présence notamment d’un florilège d'associations culturelles dans la ville.
Au niveau des projections, essence de tout festival, sur une soixantaine de films projetés, dont 47 en compétitions officielles, la participation nationale a avoisiné les 40%, ce qui traduit l’épanouissement de la production algérienne et augure d’un bel avenir d’une génération de jeunes cinéastes. Parmi ces talents prometteurs, on site Imène Ayadi, lauréate du Gourara d’or du meilleure film dans la catégorie de la compétition nationale pour son film «Nya», Amine Bentameur pour son oeuvre «La victime zéro», ou encore le film qui a le plus marqué cette édition, le lauréat du grand prix Gourara d’Or en catégorie fiction ; «Collatéral !» de Yazid Yettou.
Autre moment fort du festival, l’avant-première africaine du dernier court-métrage documentaire de Rachid Bouchareb «Boomerang atomic». Un film poignant contre l'oubli d’un crime colonial, celui des bombes atomiques de Reggane, explosées pas loin de la capitale de l’oasis rouge. Notons également le focus Sénégal, une série de cinq courts-métrages constituant une mosaïque du septième du pays de la Téranga qui a beaucoup plu au public. Dans la même perspective, le cinéaste algérien Abdenour Zahzah a choisi six films algériens, dont le plus ancien date de 2003, pour offrir aux cinéphiles un aperçu des anciennes productions nationales. En plus des ateliers au bénéfice de jeunes, des masterclass entre de jeunes cinéastes et comédiens face à des noms de renom dans la scène cinématographique comme Sofiane Zermani (Fianso) ou encore le célèbre acteur nigérian M. Macaroni, le TISFF a été un haut de lieu de pensée et de débat autour du cinéma à travers plusieurs tables rondes. Abordant différentes thématiques, allant des politiques du cinéma en Afrique, leur visibilité aux festivals internationaux, leur diffusion et distribution jusqu’à des aspects plus techniques, comme les caractéristiques du tournage dans le désert ou encore le film d’animation, ces tables rondes ont été un des maillons forts du festival, clôturé en apothéose par un colloque international intitulé «cinéma, société et territoires».
La cartographie des festivals de cinéma en Algérie a désormais une importante base au cœur du désert, une première de dimension internationale célébrant le septième art au Sahara. En sus du festival d’Annaba qui célèbre le cinéma méditerranéen, celui d’Oran qui met à l’honneur le cinéma arabe ou encore ceux d’Alger et d'Imedghassen de portée internationale, la dimension africaine vient de trouver son essor à partir de Timimoun à travers le TISFF. Une initiative largement saluée par la délégation sénégalaise, invitée d’honneur de la première édition, ainsi que par tous les invités. «Dans une ère de cinéma dominé par les géants de productions qui imposent un narratif et contrôlent le scénario, la tenue d’un festival comme celui de Timimoun est une bouffée d'oxygène et une lueur d’espoir pour le cinéma africain. Je félicite l’Algérie pour ce nouveau né et je lui souhaite longue vie», a souligné Dieudonné Hamadi, réalisateur congolais et président du jury «fiction».
Le TISFF, jeune mais déjà ambitieux, s’impose comme une promesse : celle de faire perdurer le septième art à Timimoun et de transformer la capitale du Gourara en un carrefour cinématographique incontournable, un véritable phare culturel où se rencontrent histoires, images et émotions.

K. B.

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