De notre envoyé spécial : Kader Bentounes
Projeté en avant-première, samedi soir, dans le cadre de la compétition officielle de la catégorie fiction au festival international du court-métrage de Timimoun, Collatéral !, du jeune Yazid Yettou, a séduit le nombreux public cinéphile de la capitale du Gourara.
Le film raconte l’histoire de Brahim, âgé de dix ans, qui attend quotidiennement le retour de son père orpailleur, et qui découvre avec sa mère l’héritage millénaire de sa culture et de sa terre avec sa mère. Il se trouve, un beau jour, devant un drone crashé, piloté à distance par une armée étrangère. Une conversation entre les soldats augmente l'adrénaline lorsque le premier donne l’ordre de le détruire, tandis que le second refuse à cause de la présence de Brahim. Une fin ouverte qui a laissé le public sans voix. Bien servi par l’image, le film porte à l’écran toute la beauté et la magie du ténéré avec une mention spéciale pour la vie nomade. Les comédiens se sont donné la rime en tamachek tout en explorant la culture targuie, à l’exemple du patrimoine musical de Athmane Bali, chantre du Tassili N’ajjer, les gravures rupestres millénaires ou un mode de vie en harmonie avec la nature. Rencontré à l’issue de la projection, le cinéaste a évoqué le casting en qualifiant la prestation des comédiens d’«impressionnante». Au sujet de la performance du jeune Brahim, il s’exprime : «Cela a été assez naturel. Il était très attentif et concentré.
Le fait d’être entouré par sa cousine, qui joue sa mère dans le film, l’a mis en confiance. Son innocence et son naturel ont facilité la direction et ont apporté beaucoup de justesse à son rôle.» Pour ce qui est de la scène du drone et la discussion entre les soldats qui a créé un suspense très fort, le réalisateur s’explique : «Il y a eu une véritable réécriture au montage. Nous avions déjà la matière nécessaire grâce au tournage, mais c’est au montage que nous avons su révéler cette tension. Je tiens d’ailleurs à remercier toute l’équipe technique : le mixage et le sound design ont joué un rôle déterminant dans la construction de cette atmosphère.» Tourné à Djanet, le film offre des décors montrant la diversité visuelle de la capitale du Tassili N’ajjer avec l’image qui est naturellement un élément essentiel du récit. Par ailleurs, le cinéaste s’est dit «heureux» de la naissance du festival.
«C’est exceptionnel, d’abord parce qu’il se consacre entièrement au court-métrage, un format trop peu valorisé. Et, ensuite, parce qu’il se déroule à Timimoun, un lieu chargé de symbolique. Je suis convaincu que ce festival a un bel avenir et que les prochaines éditions seront tout aussi remarquables», a-t-il conclu.
K. B.