De Tkout aux Pyrénées : le Festival met en lumière des récits puissants

Le Festival international du film d’Alger a été une occasion pour mettre en lumière des œuvres qui interrogent le monde et les sociétés d’aujourd’hui, tout en offrant au public des expériences cinématographiques fortes et contrastées. Mardi après-midi, deux films en compétition ont captivé les spectateurs par leur intensité et leur authenticité : Khadmet El Mout (Le travail de la mort), documentaire algérien signé El Kheyer Zidani, et La Dama blanca (La dame blanche), court métrage andorran réalisé par David Haro Tourné et Gérard Navalon. Khadmet El Mout plonge les spectateurs dans la réalité tragique du village marginalisé de Tkout, à Batna, dans l’Est de l’Algérie.

Le film met en lumière le quotidien des jeunes contraints de travailler dans des conditions dangereuses, taillant des pierres dans un environnement où le chômage règne. À travers les histoires de Slim, Houda et Lazhar, ainsi que l’expérience personnelle du réalisateur, qui a perdu un ami à cause de la silicose. Le documentaire éclaire le combat d’une communauté pour survivre tout en préservant sa dignité.

Le travail d’El Kheyer Zidani, déjà reconnu dans des festivals internationaux tels que Rotterdam, Cinemed Montpellier ou le Luxor African Film Festival, confirme sa capacité à allier sensibilité humaine et engagement social. En contraste, La dama blanca transporte le public dans les Pyrénées et en Andorre en 1942, en pleine occupation par les forces nazies et le contrôle des maquis républicains. Le film explore la tentative du nouvel évêque franquiste de reprendre le contrôle de ces territoires, révélant des épisodes de répression et de violence envers certains résistants retrouvés morts après avoir subi de multiples sévices. La réalisation de David Haro Tourné et Gérard Navalon combine rigueur historique et intensité dramatique, offrant un récit court mais dense, porté par l’expérience du réalisateur déjà reconnus pour leurs courts métrages et documentaires précédents.

La projection a été suivie de débats animés et de discussions passionnées entre spectateurs et membres de l’équipe de programmation du festival. Beaucoup de spectateurs, initialement attirés par les affiches des films, ont été conquis par la force des histoires racontées et l’authenticité des images. Les échanges ont porté autant sur la dimension sociale et politique de Khadmet El Mout que sur l’approche historique et narrative de La dama blanca, offrant aux cinéphiles un espace de réflexion et de dialogue enrichissant.

Ces projections témoignent de la diversité des propositions présentes au Festival international du film d’Alger, mêlant engagement social, exploration historique et créativité artistique. Elles confirment également l’importance d’un rendez-vous cinématographique qui donne à voir des réalités souvent ignorées et à entendre des voix qui cherchent à se faire entendre au-delà des frontières.

M. K.

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