Une conférence sur l'intercompréhension entre les variantes de la langue amazighe, dont la nouvelle approche se décline dans la recherche et l'enseignement, a eu lieu, mardi, à la salle Assia-Djebar, dans le cadre du 28e SILA.
Les intervenants posent la problématique de développer une approche novatrice de l'unité de la langue amazighe; celle-ci dans l'ensemble comporte de nombreuses variantes, notamment kabyle, chaoui, chleuh, mozabite, tamachek etc. De ce fait, il est nécessaire d'imposer l'unité de cette langue. Elle sera un atout considérable et un outil stratégique pour sa valorisation, sa diversité et sa pluralité.
Si El hachemi Assad, secrétaire général du Haut commissariat à l’amazighité a donné une vision synoptique de cette langue en réitérant que «la langue amazighe est une langue vivante, fédérative et citoyenne». Consacrée par la révision de la Constitution algérienne, elle est devenue langue nationale en 2002 et langue officielle en 2016. Par ailleurs, le professeur Mhand de l'université Alger II a mis l'accent sur sa diversité et sa richesse tout en évoquant ce «melting-pot» de langages lesquels ont fait leur entrée à l'école et à l'université et dans les médias.
C'est en fonction de l'évolution sociale et de la mobilité des personnes, que la langue amazighe a subi des variations, ce qui a permis son enrichissement», dit-il. Une assertion est corroborée par le professeur Malek Boudjelal de l'université de Batna.
Ce linguiste rappelle que «la Constitution algérienne a officialisé la langue amazighe en lui donnant une vision moderne polynomique (les variantes sont tolérées : diversité) dont l'évaluation est estimée à 15 ou 17 géolectes (dialectes) en Algérie; c'est un supra-système ayant les mêmes bases grammaticales, syntaxiques et morphologiques. En outre, Boudjelal informe que la volonté de l'Etat d'élargir et d'implanter cette langue dans tous les secteurs est perceptible, «mais les formateurs de cette langue avec toutes ses variantes doivent apprendre durant trois années afin d'être plus performants, au regard de la complexité et la prononciation qui change d'une région à une autre. Notons que toute langue porte une culture», précise t-il.
Pour sa part, Yazid Oulha, chercheur à l'université de Mascara, explicite son projet d'expérimentation et les retours d'expériences. Il avoue que ce travail collectif a réuni des équipes encadrées par le HCA et l'association Numidia ainsi que d'autres partenaires. C'est un travail participatif dans différentes wilayas du pays qui a donné de bons résultats. Cette diversité linguistique est perçue sous l'angle religieux institutionnel, scientifique et universel. Dans l'article 4 de la Constitution, l'Etat œuvre à la promotion de cette langue dans le but de consolider l'identité, l'appartenance du vivre-ensemble et la continuité de préserver le patrimoine».
L’anthropologue et socio-linguiste Badi Dida, chercheur au National de recherche en langue amazighe a évoqué les enjeux socio-linguistiques et les perspectives de recherche. «Je me suis préoccupé de l'ensemble des variantes tamachek en tant qu'anthropologue par mes expériences à Djanet et Tamanrasset. La consécration de amazighe en tant que langue officielle en 2016 est un pas, mais je mets en relief les problèmes inhérents», mentionne-t-il. A ce sujet, l’intervenant témoigne de certains esprits chagrins qui ne croient pas à cette unité de la langue amazighe vu sa grande diversité dialectale ainsi que sa création lexicale qui emprunte des termes à l'arabe et au français.
Pour conclure, M. Zerdoumi précise que le tamazight est une des plus anciennes langues du monde. «Elle a vu naître Saint Augustin et Apulée de Madaure sur un territoire incommensurable allant des Îles canaries aux oasis de Siwa en Egypte. Tamazight est la langue mère de toutes les variantes», précise-t-il.
K. A.