12e édition du Festival international du film d’Alger : le clap de fin

Ph : A. Asselah
Ph : A. Asselah

La cérémonie de clôture du Festival international du film d’Alger s’est tenue, hier soir, au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, dans une atmosphère grave et attentive. La soirée a été dominée par une seule œuvre, la Voix, de Hind Rajab, qui a imposé au public un silence aussi lourd que nécessaire.

Le film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, primée à la Mostra de Venise en 2025, retrace les dernières heures de Hind Rajab, fillette gazaouie de cinq ans, tuée en janvier 2024, après avoir été retrouvée dans une voiture criblée d’éclats, entourée des corps de sa famille.

Son ultime appel au Croissant-Rouge palestinien, devenu un symbole mondial de détresse, constitue le cœur du film. Ben Hania construit son récit autour d’un silence omniprésent, non pas vide mais chargé d’une tension qui serre la gorge. Le film s’appuie sur des enregistrements authentiques et des reconstitutions d’une grande sobriété, pour faire ressentir l’attente, la peur, l’isolement et, surtout, «le silence après la ligne coupée», cet instant où la voix de l’enfant disparaît mais continue d’habiter l’espace.

La salle, plongée dans l’obscurité et suspendue à chaque souffle, a accueilli cette projection avec une attention presque religieuse. Le prénom de la fillette renvoie au mois sacré de Rajab, septième mois du calendrier lunaire islamique, temps de respect, de prière et de préparation au Ramadhan.

Cette résonance spirituelle donne au film une profondeur supplémentaire : le silence intérieur de Rajab, associé au recueillement et à la sérénité, rencontre le silence tragique imposé à une enfant prise sous les bombardements. Deux formes de silence, l’une choisie et l’autre subie, se superposent sans jamais se confondre. C’est sur cette note grave que s’est refermée l’édition du Festival international du film d’Alger. Pas d’éclat particulier ni de discours appuyés, mais une salle bouleversée par l’histoire d’une enfant dont la voix, même étouffée, continue de résonner au-delà de l’écran. On y reviendra dans la prochaine édition, pour vous communiquer les noms des meilleures projections qui ont été primées lors de cette cérémonie.

S. O.

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