Syndicats des enseignants : Plaidoyer pour alléger les programmes scolaires au cycle primaire

Les syndicalistes-enseignants plaident pour l’allégement des programmes du cycle primaire et recommandent de n’enseigner que les matières essentielles et de base, à savoir la lecture et l’écriture, les calculs dans leurs formes les plus élémentaires ainsi que l’éducation religieuse afin de «garantir» à nos enfants les valeurs humaines et morales nécessaires, dès leur jeune âge, arguant, à juste titre d’ailleurs, que l’enfant a beaucoup plus besoin de jouer, de dessiner et de pratiquer d’autres activités.
Pour le coordinateur national du SNAPEST, le syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, la meilleure solution serait incontestablement celle de la généralisation de l’outil numérique. «L’idéal serait que l’ensemble des élèves puissent étudier, à travers les 58 wilayas, avec des tablettes ou des mini-ordinateurs portables. Cependant, eu égard à l’immensité de notre pays, la concrétisation d’une telle ambition nécessite un travail de longue haleine», affirme Hamza Balahouane qui plaide, sinon, pour le recours à l’option des manuels scolaires pour chaque trimestre. Et d’ajouter : «Seule une révision du programme scolaire du primaire est à même de régler de manière durable et définitive le problème du poids du cartable. Même si l’on arriverait à généraliser la numérisation, l’enfant de moins de 11 ans onze ans aura toujours besoin d’assez de temps libre pour jouer, exercer des travaux manuels et pratiquer le sport sans qu’il n’y ait aucune pression ressentie».
La même idée a été défendue par le pédagogue et ancien syndicaliste, Meziane Meriane, qui observe que le poids du cartable reflète le «surmenage» de nos enfants dès l’école primaire. «Des enfants de moins de dix ans trainent au quotidien des cartables et autres sacs à dos alourdis par les livres et les cahiers des nombreuses matières, alors qu’en réalité le primaire ne doit être qu’une rampe de lancement pour le cursus futur de l’enfant qui ne devrait pas être surmené», explique-t-il en suggérant de réduire le volume de certaines matières.

«Le primaire ne doit être qu’une rampe de lancement pour le cursus futur de l’enfant»

Et d’enchaîner : «Pourquoi s’entêter à avoir beaucoup de matières à l’école primaire d’autant plus que les mêmes matières seront retrouvées par la suite au niveau du collège et du lycée ? Pourquoi ne pas décaler les programmes des matières autres que les langues et les calculs aux paliers suivants ? Si l’on arrivait à mettre en œuvre ces propositions, l’élève du primaire sera doublement soulagé parce qu’on aura, en fait, gagner deux éléments. Le premier est qu’il y aurait moins de matières et donc davantage d’assimilation des cours et le second est que le cartable sera beaucoup moins lourd que d’habitude».
Meriane cite à ce titre d’exemple de la Finlande et dira que l’école primaire dans ce pays est beaucoup plus un lieu de divertissement et de loisirs pour les élèves à qui on laisse le temps de jouer, de récupérer et d’assimiler ses leçons, et met l’accent sur l’équation existante entre le volume horaire et le cartable.
«Lorsque le volume horaire diminue, le cartable est systématiquement moins chargé», fait-il remarquer. Pour le pédagogue, il est important d’associer au débat l’ensemble des spécialistes de l’éducation nationale qui auront à formuler des propositions afin d’aboutir à des solutions concrètes pour l’allègement du poids du cartable

«La solution passe par la définition des causes de la problématique»

Pour sa part, le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPESTE) estime que diviser le manuel scolaire en trois trimestres n’est pas la meilleure idée pour traiter, une fois pour toute, ce mal à l’origine de pathologies chez les enfants, considérant que la solution passe par la définition des causes de la problématique. Messaoud Boudiba citera le système d’enseignement adopté au palier du primaire, dans lequel l’élève a davantage besoin d’apprendre à s’exprimer dans les deux langues, à lire et à écrire correctement et à pouvoir maitriser les bases du calcul. «Or, déplore-t-il, avec dix, voire onze matières, l’écolier est comme perdu. Il y a surcharge sur le double plan du volume horaire et du contenu des matières enseignées. Il y a donc lieu de revoir le système d’enseignement de manière à ce qu’il puisse répondre au mieux aux objectifs fixés par la tutelle».

Soraya Guemmouri

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