Les abonnés de téléphonie mobile en Algérie peuvent désormais connaître le nombre exact de cartes SIM enregistrées en leur nom auprès de leur opérateur à la faveur d’un service lancé par l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques. Dans le cadre, en effet, de ses missions visant à garantir la protection des abonnés des trois opérateurs, l’ARPCE a rendu public, sur sa page Facebook, un communiqué qui explique le mode opératoire pour accéder à «Arkami DZ».
Ce service est accessible à travers le code unique *254# mis en place par l’Autorité de régulation, en collaboration avec les trois opérateurs. «Cette mesure proactive revêt un caractère fondamental dans le cadre de la protection des abonnés contre toute utilisation illégale de leurs données personnelles et identitaires à travers les cartes SIM, eu égard aux répercussions significatives que de tels actes peuvent engendrer sur la sécurité et l’ordre public», souligne l’ARPCE qui insiste sur l’importance cruciale de recourir à ce service «indispensable» pour s’assurer du nombre réel des cartes SIM, tout réaffirmant que la sécurité numérique constitue une «responsabilité collective impérative ne pouvant être différée». L’abonné est tenu, donc, de composer le code *254# depuis sa ligne, de saisir sa date de naissance en guise de procédure de vérification de son identité.
La sécurité numérique passe par la responsabilité de l’abonné
Il reçoit par la suite, un texto (SMS) l’informant du nombre total de cartes SIM enregistrées en son nom. Et pour toute information complémentaire, l’abonné peut s’adresser aux agences commerciales de son opérateur. Le tarif fixé s’élève à 5 DA par demande réussie, cette somme est directement débitée du crédit de l’abonné. Afin de s’assurer de l’absence de toute carte SIM enregistrée en son nom auprès des autres opérateurs, l’Autorité de régulation invite l’abonné à se présenter dans les agences commerciales de ces opérateurs, munis de sa pièce d’identité officielle en cours de validité. Cette avancée majeure dans le domaine des Télécoms vient confirmer un fait, la téléphonie mobile est en constante évolution ces dernières années en Algérie.
La dernière décision phare prise dans ce sens porte sur l’enclenchement du processus d'intégration de la technologie SIM qui va remplacer progressivement la carte SIM physique. La technologie qui s’inscrit dans la feuille de route de la transition numérique, notamment avec le lancement acté du réseau 5G repose sur une puce «eUICC» (embedded Universal Integrated Circuit Card) soudée directement aux circuits de l'appareil, permettant le provisionnement des profils d'opérateur à distance. Une mesure qui contribuera à réduire les importations de cartes SIM traditionnelles et de renforcer la sécurité numérique nationale.
Pour l'utilisateur final, ceci lui donnera la possibilité d'activer et de gérer plusieurs lignes sur un seul appareil sans recourir à une carte physique, de simplifier la connectivité des objets connectés (IoT) et de basculer d'un opérateur à un autre de manière logicielle. Transition toute faite d’ailleurs pour évoquer l’autre «grand coup» à venir, en l’occurrence donc de la portabilité téléphonique, longtemps réclamée par les usages du Mobile en Algérie, mais qui peine cependant à se concrétiser sur le terrain. Sept ans après l’annonce officielle parue dans la loi n° 18-04 du 10 mai 2018, fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications électroniques, plus précisément dans son article 108 qui stipule clairement que «Les opérateurs sont tenus de garantir la portabilité des numéros pour l’ensemble des abonnés dans les conditions et modalités fixées par voie réglementaire».
En attendant la portabilité des numéros
Pour faire simple, il s’agit de la possibilité donné à un abonné de migrer vers un autre opérateur de téléphonie tout en conservant son numéro, ce qui représente, selon les experts, un tournant lorsqu’on sait qu’il promet de renforcer la liberté des abonnés et va pousser les opérateurs à redoubler d’efforts pour améliorer la qualité de leurs services. Un levier efficace, en somme, pour dynamiser la concurrence sur le marché des communications électroniques. De l’aveu même du président de l’ARPCE, toutes les conditions sont désormais réunies et l’ensemble des étapes techniques nécessaires à la mise en œuvre de la portabilité téléphonique ont été franchies.
Cela a commencé avec la promulgation du Décret exécutif n° 21-199 du 29 Ramadhan 1442 correspondant au 11 mai 2021 fixant les conditions et modalités de la mise en œuvre de la portabilité des numéros de téléphonie mobile, suivi deux mois plus tard du lancement par l’autorité une consultation publique en vue de se concerter avec les trois opérateurs de téléphonie sur les modalités pratiques et conditions techniques, juridiques, organisationnelles et tarifaires de ce service. Depuis, le projet a fait son bonhomme du chemin pour aboutir pratiquement sur la finalisation de tous les détails y inhérents, avec à la clé plusieurs décisions émises par l’ARPCE pour fixer ou modifier les modalités en question.
À propos de ces modalités, on apprend par exemple qu’un numéro porté d’un opérateur de téléphonie mobile donneur vers un autre opérateur receveur ne peut en aucun cas être porté vers l’opérateur donneur ou vers un autre opérateur qu’après l’écoulement d’une durée de trois mois à compter de la date de son portage effectif. Aussi, les opérateurs sont tenus de mettre en place un mécanisme annonçant à un quelconque appelant vers un numéro porté, le réseau sur lequel se trouve le numéro appelé.
Ces mécanismes peuvent prendre la forme de tonalités personnalisées (Ring Back Tone), message vocal, SMS ou tout autre moyen décidé par l’opérateur après avoir informé l’Autorité de régulation. Les opérateurs peuvent convenir d’un même mécanisme, après avoir informé l’Autorité de régulation. Dans le cas où l’appelant décide d’interrompre l’appel, pendant l’annonce du réseau sur lequel se trouve le numéro porté, l’appel ne doit être ni facturé ni débité. Dans le chapitre de mise en œuvre des solutions techniques de portabilité des numéros de la téléphonie mobile, il est imposé aux opérateurs de téléphonie de mettre en place une base de données centralisée de référence avec routage direct et de procéder au lancement effectif de la portabilité au plus tard 24 mois à compter de la date d’entrée en vigueur de la présente décision. La base de données centralisée de référence est accessible par l’ensemble des opérateurs. Elle comprend l'ensemble des numéros portés, avec leur préfixe de routage, associé à leur opérateur receveur.
Les appels d’urgence comme première phase
Par ailleurs, pour chaque nouveau numéro mobile au moment de la souscription de l’abonnement, l’abonné voit son nouveau opérateur lui attribuer un Relevé d’identité opérateur (RIO), au plus tard 30 jours avant le lancement effectif de la portabilité des numéros de la téléphonie mobile. Ce RIO est en fait un code alphanumérique composé de 17 caractères qui se présente selon le format de «OO Q Y RRRRRRRRRR CCC», comme expliqué par l’ARPCE. Le OO est un identifiant de l’opérateur donneur, 01 pour Algérie Mobilis, 02 pour Djezzy et 03 pour Ooredoo. Pour le «Q», il renseigne sur la catégorie de l’abonné et prend les valeurs de «E» pour Entreprise et «P» pour particulier.
Le «Y» définit le type de profil, soit «P» pour Prépayé et «F» pour le post-payé. Quant aux caractères «RRRRRRRRRR», il s’agit de référence du contrat tandis que le «CCC» indique le code de contrôle de l’intégrité du RIO et permet de détecter les éventuelles incompatibilités entre les valeurs de ce relevé d’identité opérateur et le numéro objet du portage. A noter que les opérateurs sont tenus de définir d’un commun accord la méthode de calcul du code de contrôle de l’intégrité du RIO. En attendant donc l’entrée en service de la portabilité téléphonique, les utilisateurs de la téléphonie mobile doivent se contenter, dans un premier temps, de la portabilité sur les numéros d’urgence mais uniquement le long de l’autoroute Est-Ouest, avant la généralisation progressive de cette prestation dans tout le territoire national. Ils peuvent du coup, effectuer via n'importe quel réseau de téléphonie mobile disponible, des appels d'urgence sur les numéros de la Gendarmerie nationale (10-55), de la Sûreté nationale (15-48) et (17), de Protection civile (10-21) et (14) ou encore de la Direction générale des forêts (DGF) sur le 10-70.
S. A. M.