Piratage, trolls, guerre de 4e génération… Cyberespace : La nouvelle ligne de front

Consciente des menaces qui pèsent sur elle, l’Algérie s’est énergiquement engagée dans cette autre bataille de la cybersécurité et de la cyberdéfense.

L’Algérie est, à l’instar de nombreux pays, confrontée à de nouveaux défis majeurs imposés par l’évolution constante et rapide des menaces liées au cyberespace et à l’utilisation massive des nouvelles technologiques de l’information et de la communication. L’entrée en jeu de l’intelligence artificielle, à l’évolution fulgurante mais inquiétante sous certains aspects, aggrave l’ampleur de ces défis, à travers notamment sa capacité à amplifier les menaces existantes, à en créer d’autres et à rendre la mission de cybersécurité plus complexe et davantage difficile. Les défis à relever sont encore plus grands lorsque l’on sait que l’Algérie évolue dans un monde troublé et un environnement régional des plus tendus. Cela est d’autant plus vrai qu’il est prouvé que de plus en plus de groupes tentaculaires hostiles à l’Algérie exploitent les technologies numériques comme armes, pour nuire à son image, porter atteinte à sa cohésion nationale, à son unité, à la grandeur de son histoire, plusieurs fois millénaire, et à la constance de ses positions en faveur des causes justes. Dans cette jungle numérique, il est impératif de se donner tous les moyens, aussi bien humains que matériels, pour se prémunir contre les faucons anti-algériens qui, tapés dans l’ombre des algorithmes, utilisent toutes les ficelles technologiques pour réaliser leurs desseins maléfiques. Du piratage de sites officiels et institutionnels, à la manipulation de l’opinion publique, via les firmes à trolls qui alimentent abondamment les réseaux sociaux, jusqu’à l’infiltration d’applications sensibles, les menaces sont aussi vastes que la planète web. Consciente des menaces qui pèsent sur elle et des formes de guerres non conventionnelles auxquelles elle est exposée, l’Algérie s’est énergiquement engagée, depuis des années, dans cette autre bataille de la cybersécurité et de la cyberdéfense. «À l’aune des conflits et des tensions que connait le monde d’aujourd’hui et des grands défis sécuritaires qui prévalent dans notre sous-région et dans notre espace territorial, notre pays est confronté à de nouveaux défis et enjeux rendus d’autant plus complexes par les grandes évolutions survenues dans le domaine des technologies de l’information et de la communication», avait affirmé déjà, en 2022, le général de corps d’Armée, Saïd Chanegriha, chef d’État-major de l’ANP et ministre déléguée auprès du ministre de la Défense nationale. Depuis, beaucoup de choses ont été accomplies, faisant de la cyberdéfense un pilier fondamental de la stratégie nationale de sécurité. Ainsi, l’Algérie a investi dans la réorganisation et l’adaptation de son système de défense, à travers une modernisation de la formation des cadres militaires, qui doivent désormais maîtriser les nouvelles dimensions de la guerre moderne. «Cette conjoncture géostratégique, l’évolution technologique effrénée et l’élargissement des champs de conflit sont autant de facteurs qui nous interpellent, pour adopter une approche réfléchie, visant l’adaptation de la formation destinée aux hauts cadres militaires du corps de bataille de l’Armée nationale populaire, de manière à leur permettre d’assimiler les évolutions survenues dans le domaine de l’art de la guerre et des sciences de gestion des questions de défense», avait souligné le chef d’État-major de l’ANP. L’enseignement militaire intègre ainsi des modules sur l’intelligence artificielle, la gestion de crises liées aux guerres de 4e et 5e générations et, bien sûr, la cybersécurité. Cette approche vise à développer, chez les officiers, une culture stratégique propre à l’Algérie, permettant une meilleure perception des menaces immédiates, mais aussi une capacité d’anticipation et de planification. Notre pays s’évertue résolument à construire un modèle de défense globale, capable de mobiliser l’ensemble des ressources de l’État dans une logique de cohérence et de complémentarité.
Dans ce modèle, la sécurité ne se limite plus à la seule dimension militaire, mais elle concerne également la protection de l’information, la cyber-souveraineté, la lutte contre la désinformation, mais aussi la capacité d’adaptation technologique. Dans sa stratégie de cybersécurité, l’Algérie mise aussi sur l’expertise et l’expérience d’autres pays, tels que la Corée du Sud, qui est l’une des places fortes des TIC dans le monde. La coopération entre les deux pays ne cesse de se développer, comme l’atteste la tenue, hier, du 2e Forum algéro-coréen sur la cybersécurité. «Les cybermenaces ne connaissent pas de frontières. Elles sont de nature transnationale et exigent une réponse empreinte d’un esprit de coopération, d’une approche coordonnée, et ancrée sur les principes de responsabilité et d’intérêt mutuels», a déclaré, mardi, l’ambassadeur de la République de Corée, You Ki-jun, en marge du Forum. Cela tout en relevant que «depuis 2019, l’Algérie fait preuve d’une volonté remarquable dans la modernisation de ses institutions. Il est inspirant de voir l’Algérie poursuivre un programme, à la fois ambitieux et tourné vers l’avenir». You Ki-jun a fait part, dans ce sillage, de la disponibilité de son pays «à soutenir - et même à s’inspirer de - l’expérience de l’Algérie». «Au cours des trois dernières décennies, nos deux pays ont développé une relation fondée sur le respect mutuel, la confiance et des aspirations partagées. Ce qui avait commencé par une coopération économique et en matière de développement s’est transformé en un partenariat plus large», a-t-il conclu. Ainsi, dans une époque où les menaces sont de plus en plus diffuses, interconnectées et imprévisibles, travailler en partenariat avec d’autres pays, comme la Corée du Sud, devient nécessaire, pour faire face, de manière proactive, aux défis sécuritaires posés par la transformation perpétuelle que connaît le monde.

M. A. O.

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