Les médias arabes appelés à unifier leurs contenus et voix, Bouslimani : «Rapprocher les points de vue»
Ph. Wafa
Le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a appelé hier les médias arabes à la conjugaison des efforts et au renforcement du système médiatique arabe, «pour véhiculer le message au niveau régional et international, et œuvrer à rapprocher les points de vue».
Le ministre a présidé l’ouverture de la conférence organisée par la radio nationale, en coordination avec l’École supérieure des sciences du journalisme, sur le rôle des médias dans le renforcement de l'action unificatrice des rangs arabes, animée par un panel de journalistes et d’experts nationaux et étrangers. M. Bouslimani a exhorté, dans son allocution, les médias arabes à promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale, «afin d’atteindre l’objectif de l’initiative de l’unification lancée par le Président Abdelmadjid Tebboune depuis l’annonce de la tenue à Alger de ce sommet arabe».
Le ministre a mis l’accent sur la noblesse du métier de journaliste dans le renforcement du dialogue, de la liberté et de l’information de l’opinion publique dans l’intérêt de nos peuples et l’avenir de nos pays, «notamment pour faire face au discours qui incite à la fitna, à la criminalité et au terrorisme, qui représentent une menace pour la stabilité et la cohésion des pays». Les défis auxquels fait face la nation arabe dans les domaines politique, économique et intellectuel exigent la mobilisation de tous les moyens. «Les médias constituent l’un des plus importants outils de la politique étrangère et un moyen très important dans l’élaboration de l’opinion publique. Il est tout à fait normal et logique que les pays utilisent leurs médias dans la gestion de leurs intérêts et la préservation des acquis, car le pays qui dispose de médias forts est un pays fort», dit-il. Le ministre de la Communication a également mis en avant les efforts de l’Algérie en vue du bon déroulement du Sommet arabe pour une seule voix arabe, fortement présente sur la scène internationale et dans le règlement des défis internationaux. M. Bouslimani a précisé en ce sens que le Président Tebboune veille à l’organisation de ce sommet rassembleur et fédérateur. «La date est fortement symbolique et le lieu aussi, car il se tient dans l’Algérie des chouhada», affirme-t-il. La réussite de ce sommet, poursuit le ministre, résidera dans le fait de constituer une coalition arabe. «Notre nation sera ainsi une force régionale, nous disposons des moyens pour le changement. L’expérience algérienne en est une preuve. L’Algérie nouvelle est une réalité, à travers les réalisations des trois dernières années dans tous les domaines. La nation arabe peut constituer une force dans un contexte marqué par des coalitions», estime-t-il. Le directeur général de la radio nationale, Mohamed Baghali, a mis l’accent quant à lui sur l’aspect culturel dans la promotion de la cause palestinienne. «Grâce aux poèmes de Mahmoud Debouche, aux tableaux de Nadjel Ali et aux chansons de Marcel Khelifa et Fayrouz, la cause palestinienne était une question humaine. Aujourd’hui, elle s’étend à la diplomatie et au plan militaire», a-t-il affirmé.
Neila Benrahal
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Pour une stratégie médiatique commune
Les participants à la conférence organisée par la radio nationale, en coordination avec l’École supérieure des sciences du journalisme, sur le rôle des médias dans le renforcement de l'action unificatrice des rangs arabes, ont plaidé pour une stratégie médiatique arabe commune, pour faire face aux défis. Dans son intervention, Othmane Mirghani, rédacteur en chef du journal soudanais Al-Tayyar, dit que «le Sommet arabe d’Alger est particulier, car il constitue un nouveau départ pour plusieurs pays». Il a mis l’accent sur le contenu et le message des médias arabes.
«Dispose-t-on d’un contenu médiatique arabe ? Faut-il définir les médias arabes selon la langue ?» Il a appelé à lancer un débat sur le rôle des médias dans la valorisation de l’image du pays. «Je trouve que l’Algérie n’a pas réussi à se présenter convenablement», a-t-il estimé. Il a également mis en avant le rôle de la société civile. «Les médias sont les outils forts de la société civile qui ne se limite pas aux associations de bienfaisance ou de malades», dit-il. De son côté, le journaliste et politologue libanais Samy Kolaib a déploré que «les sources de plus 80% des médias arabes sont des agences de presse étrangères», rappelant devant les étudiants qu’il avait couvert la décennie noire en Algérie. «Des informations erronées étaient publiées par des médias étrangers à l’époque. Aujourd’hui, on constate le changement. L’Algérie peut aujourd’hui créer un projet médiatique à l’occasion de la tenue du Sommet arabe d’Alger, elle doit aussi disposer d’une chaine satellitaire à dimension arabe, pour valoriser les activités tel le dernier sommet arabe de la société civile», a-t-il estimé.
Hommage à la diplomatie algérienne
L’expert a salué les efforts de la diplomatie algérienne, relevant «un retour en force, ces dernières années, notamment dans la région du Sahel et au niveau arabe, en s'employant à résoudre les crises sans ingérence dans les affaires internes des pays».
De son côté, le directeur de l’ESSJ, le Pr Benzaoui, a plaidé pour une politique médiatique arabe commune et des médias. «Nous ne disposons pas de technologie», relève-t-il , avant de s’interroger sur le contenu : est-ce un contenu arabe, d’autant qu’il est soumis à des agendas étrangers ? L’intervenant est revenu sur les attaques contre l’Algérie «qui démontrent que nous sommes sur la bonne voie, des ONG se sont infiltrées dans les médias».
Le Sommet, une opportunité
Pour la présidente de l’Institut des femmes arabes pour le développement et la paix, Kawtar Al Jouaan, il n’y a pas de médias arabes. «Chaque pays a ses chaînes et ses propres médias utilisés dans certains cas pour frapper un autre pays arabe ; au service d’agendas occidentaux, au lieu de contribuer au règlement des conflits», dit-elle. Elle a insisté sur la nécessité d’élaborer un programme commun qui sera diffusé sur toutes les chaînes TV sur la cause palestinienne. «Le Sommet arabe est une opportunité pour l’élaboration d’une politique médiatique arabe réelle et efficace», a-t-elle ajouté. Dans le même sillage, le docteur Hicham Al Bazzar, journaliste palestinien, a soutenu qu’il y a un accord moral entre les médias et le public : «Malheureusement, les médias palestiniens ont concrétisé la dissidence et leur rôle a été limité.»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé hier un Conseil des ministres qui a abordé plusieurs exposés dont ceux relatifs à la préparation de la saison estivale, aux dispositions pour l’accueil de la communauté nationale à l’étranger, à la campagne moissons-battages pour l’année 2025, aux mécanismes de prise en charge des femmes victimes de violence, ainsi qu’aux conditions et modalités pour bénéficier du programme de la famille productive.