Le président du HCLA, Salah Belaïd, en exclusivité à El Moudjahid : «Six lauréats au prix du Président de la République»

Ph.:Wafa
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Dans un entretien accordé à El Moudjahid, le président du Haut conseil de la langue arabe (HCLA), Salah Belaïd évoque, à l’occasion du mois de la langue arabe, les défis qu’impose l’ère numérique aux langues, particulièrement l’arabe. Il a, dans ce contexte, parlé des projets de l’HCLA pour permettre à la première langue officielle du pays d’être au diapason des évolutions que connaît le paysage linguistique mondial. Révélant que la 1ère édition du Prix du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour la littérature et la langue arabe a connu une forte participation, dont six lauréats seront honorés, l’intervenant a souligné que l’objectif majeur de son Conseil consiste, au milieu d’autres, à réaliser le «bien-être et la prospérité linguistique».

El Moudjahid : En ce mois de la langue arabe, quel est le programme que vous avez tracé pour promouvoir davantage cette langue en Algérie ? 

Salah Belaïd : Effectivement, nous avons mis en place une feuille de route chargée en vue de célébrer cet événement qui reflète l’importance qu’accorde l’État à la langue arabe, ainsi que sa position dans la société algérienne. La caravane de la première langue nationale parcourt, à cet effet, le pays de long en large tout au long de ce mois (Biskra, Ouargla, Oum El Bouaghi, Béjaïa, Chlef, Aïn Defla…). Il a été donc question de discuter des derniers travaux des partenaires dans le domaine de la langue arabe, comme les universités, les laboratoires, les instituts, les zaouïas, les bibliothèques numériques et autres institutions en relation avec la promotion de l’arabe. Les discussions ont essentiellement porté sur la pensée artificielle dans le domaine de la langue (IA), les activités liées aux algorithmes de la langue arabe, et l’arabe en tant que langue de la civilisation humaine et des sciences, sans oublier l’aspect du renforcement de notre identité et de notre culture par le biais du développement de la langue arabe.

Quels sont les défis auxquels la langue arabe fait face à l’ère numérique ?

Oui, de grands défis et un grand travail attendent encore les linguistes qui s’intéressent à la langue arabe. Par exemple, la position de l’arabe vis-à-vis des six autres langues officielles des Nations unies (l'anglais, le chinois, l'espagnol, le français et le russe). Nous citons aussi les avancées considérables réalisées par les autres langues étrangères dans le volet relatif à l’industrie technique englobant le langage humain, tel que l’IA. C’est pourquoi, le HCLA a déjà élaboré plusieurs plateformes cognitives pour relever tous les défis de l’heure en la matière. Concernant, à titre illustratif, la numérisation, le processus a avancé à grande vitesse, le Code QR scanne et pénètre également nos travaux pour les rendre plus accessibles pour le public dans toutes ses catégories. Ces programmes spécialement nous permettent, non seulement de promouvoir la langue arabe en Algérie, mais aussi de contribuer à son adaptation davantage avec les progrès technologiques. L’investissement dans la langue arabe, très riche, et dans son évolution dans la sphère numérique, lui donnera la possibilité de devenir une véritable langue donneuse qui enrichit de façon dynamique le paysage linguistique mondiale. Il faut noter que les langues qui ne suivent pas l’évolution de l’IA seront des langues fragiles, c’est tout l’enjeu que l’arabe doit impérativement gagner.

Les nouvelles technologies ont eu un impact sur la langue arabe et son utili- sation ? Est-ce positif ou négatif ?

Les langues sont la colonne vertébrale de toutes les innovations technologiques contemporaines, à l’instar des appareils (téléphones de dernière génération), des logiciels et des applications fonctionnant à l’aide de l’intelligence artificielle. Ces créations nécessitent des collaborations entre des chercheurs et des savants de diverses disciplines, dont la langue de façon générale se trouve au cœur de leurs idées. Cette interconnexion, dont l’enrichissement langagier et la maîtrise des langues constituent la force motrice, et malgré les phénomènes langagiers négatifs qui peuvent apparaître, ne peut être que bénéfique pour toutes les langues, y compris l’arabe. Le HCLA est, par conséquent, conscient quant à l’importance de ces combinaisons et œuvre à aligner tous ses agendas dans ce sens. Notre objectif consiste donc à mettre la langue arabe dans les poches des citoyens via ces outils largement utilisés (téléphones, Code QR…), ciblant ce que nous appelons la prospérité et le bien-être linguistique.

Le mois de la langue arabe (18 novembre-18 décembre) sera clôturé par la remise du Prix du Président de la République pour la littérature et la langue arabe. Ce concours a connu une large participation ?

Avec 225 travaux littéraires, cette première édition a connu une forte participation et un engouement encourageant. La commission scientifique a exclu 10 œuvres qui ne correspondaient pas aux critères requis, et a retenu six œuvres qui seront honorées lors de la Journée mondiale de la langue arabe (cérémonie de clôture des travaux du mois de la langue arabe). Les travaux se sont vraiment distingués par leur diversité et leur qualité. Les thèmes abordés se sont intéressés, entre autres, au développement de l’utilisation quotidienne de la langue arabe et sa promotion, au défi de la numérisation, à la poésie, au roman et à d’autres genres littéraires très captivants.

Z. D.

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