
«Neuf footballeurs algériens disparaissent». Le mardi 15 avril 1958, le quotidien L’Équipe fait sa Une sur la secrète «évasion» de vedettes du championnat de France, comme Rachid Mekhloufi et Mustapha Zitouni. Ces joueurs s'envolent pour former l'équipe du FLN et défendre balle au pied l'indépendance algérienne.
La France s’était réveillée un jour pour apprendre qu’un nombre important de joueurs algériens évoluant sur son sol, avait disparu dans la nature. «Composée de jeunes professionnels qui évoluaient en France, cette équipe de football fut l’un des moyens de populariser la révolution algérienne dans le monde durant la guerre de Libération. La tâche de sélectionner les joueurs fut attribuée à Mohamed Boumezrag, qui était directeur de la sous-division régionale algérienne de la Fédération française de football» nous dira M. Maouche invité hier au Forum de la mémoire. L’intervenant a appelé les jeunes Algériens à prendre exemple sur l'équipe de football du Front de libération nationale (FLN), qui était l'exemple suprême de la paix et de l'amour de la patrie. «Nous faisons de notre mieux pour inculquer aux jeunes qui se rapprochent de nous et aux sportifs que nous formons au niveau de nos écoles, le sens du sacrifice, les références de paix et du patriotisme. Ces qualités seront certainement concrétisées car nous croyons au génie de nos jeunes et à la fidélité de ceux soucieux du sport dans notre cher pays», dira l’un des deux derniers survivants de cette glorieuse équipe.
L’équipe de football du FLN n’était pas comme les autres. Née en pleine guerre de Libération, en 1958, elle incarne une forme exceptionnelle de résistance pacifique, où le sport devient un outil de lutte diplomatique, identitaire et morale. Composée de joueurs algériens professionnels évoluant dans les plus grands clubs français, cette équipe a choisi le silence des stades à la lumière des projecteurs, renonçant à la gloire individuelle pour défendre une cause collective : l’indépendance de l’Algérie.
Chaque match qu’elle disputait, hors du cadre de la FIFA, était une victoire symbolique. Chaque but, une réponse aux injustices. Chaque déplacement, un acte de souveraineté avant l’heure. En quatre ans, cette équipe a porté haut les couleurs d’un pays qui n’existait pas encore officiellement, mais qui vivait déjà dans le cœur de ses enfants.
Même sans être reconnue officiellement, l’équipe du FLN a joué plus de 80 matchs dans différents pays. À chaque match, elle envoyait un message fort : l’Algérie existe, elle veut être libre, et elle a une identité propre. C’est une belle leçon de courage, de solidarité, et de patriotisme. Ces joueurs ont prouvé que le sport peut être un moyen puissant de faire changer les choses, quand il est porté par des valeurs justes.
F. L.