L'annonce est tombée dimanche, à l'issue du Conseil des ministres : l'Algérie s'engage sur la voie d'une souveraineté technologique accrue dans le secteur de l'Education. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a émis une directive claire, les tablettes numériques qui équiperont prochainement les écoliers du primaire devront afficher un taux d'intégration locale d'au moins 70%. Cette ambition, au-delà de son impact pédagogique, dessine les contours d'une nouvelle stratégie industrielle où les entreprises nationales et les startups sont appelées à jouer un rôle de premier plan.
La directive présidentielle est un pari audacieux que les entreprises algériennes peuvent relever et l'Algérie pourrait non seulement transformer son système éducatif mais aussi poser les jalons d'une véritable industrie électronique nationale. Mais l'enjeu est tout autant, sinon plus, économique. Le président de la République voit dans cette généralisation des tablettes «une opportunité concrète pour l'émergence des start-up ayant démontré leur compétence dans ce domaine, afin qu'elles puissent se positionner sur le marché et contribuer au développement de l'économie nationale avec des compétences algériennes». L'objectif de 70% d'intégration locale est particulièrement ambitieux. Il implique non seulement l'assemblage final en Algérie, mais aussi la production ou l'approvisionnement local d'une part significative des composants, des logiciels et des services associés. Cela pourrait concerner les boîtiers, certaines cartes électroniques simples, les batteries (si une filière se développe), les applications pédagogiques, les services de maintenance et de formation. Pour les entrepreneurs et les porteurs de projets, c'est une perspective stimulante, mais qui nécessitera des investissements, des transferts de compétences et une collaboration étroite entre les différents acteurs.
L'Entreprise Nationale des Industries Electroniques (ENIE), acteur historique du secteur, est déjà sur les rangs. Elle s'apprête à lancer la production de deux millions de tablettes électroniques destinées à plus de 8.800 établissements éducatifs d'ici fin 2025. Actuellement, le taux d'intégration locale de ces tablettes atteint 30%. Si ce chiffre est un point de départ honorable, le chemin vers les 70% exigés par la présidence de la République est encore long. L'ENIE a d'ailleurs exprimé sa «disposition à conclure des partenariats internationaux permettant d'accroître ce taux à l'avenir», reconnaissant implicitement la nécessité d'acquérir de nouvelles technologies et savoir-faire. Pour les jeunes diplômés et entrepreneurs, c'est la promesse d'opportunités d'emploi et de création d'entreprises dans un secteur d'avenir. Pour le pays, c'est une tentative de réduire sa dépendance technologique et de bâtir une économie plus diversifiée et résiliente. Ce qui est certain, c’est que la directive du président de la République va créer un environnement propice à l'innovation et à la collaboration entre grands groupes, PME et startups.
M. M.