La prise en charge des enfants autistes est une priorité pour l'État algérien, qui accorde à cette catégorie un intérêt particulier, par la mise en place de plusieurs mécanismes et mesures afin de lui garantir une éducation et un enseignement adaptés à travers le territoire national et en adoptant des politiques en faveur de son intégration dans la société. Les orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a chargé le gouvernement, lors du Conseil des ministres tenu en avril 2021, de trouver les mécanismes adéquats, outre la constitution d'un groupe de travail interministériel présidé par le ministre de l'Éducation nationale en vue de la mise en place d'une stratégie nationale pour la prise en charge de l'autisme vont dans ce sens. Le gouvernement avait entamé, il y deux ans, la mise en œuvre d'une série de mesures pour le renforcement des mécanismes de prise en charge des autistes, en se basant sur les résultats du groupe interministériel, et ce à travers l'élaboration et l'amendement des textes réglementaires régissant le trouble du spectre de l'autisme (TSA) au niveau de tous les secteurs concernés, la création d'un centre national de référence pour l'autisme, en collaboration avec des centres étrangers spécialisés et expérimentés en la matière, la création d'une école nationale supérieure pour la formation des enseignants spécialisés, l'élaboration d'un plan de communication national et la consécration d'une Journée nationale de sensibilisation à l'autisme, en sus de la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de l'autisme, en collaboration avec les instances internationales spécialisées.
Les spécialistes mettent en garde contre la hausse accélérée du taux de prévalence du TSA en Algérie, insistant sur l'intensification des efforts en matière de prise en charge des autistes et d'accompagnement de leurs parents, outre l'impératif du dépistage précoce en vue d'une prise en charge efficace assurant une intégration scolaire et sociale à cette catégorie, dont la prise en charge implique plusieurs spécialistes. À cet effet, le secteur de l'Éducation nationale a adopté des politiques de soutien à l'insertion des enfants autistes dans le régime scolaire ordinaire, dont l'ouverture de classes spéciales au niveau des écoles publiques pour les élèves ayant un TSA modéré en coopération avec le secteur de la Solidarité nationale et les associations de la société civile activant en la matière, tout en intégrant les enfants soufrant d'un autisme léger dans les classes ordinaires.
Une mesure exceptionnelle a été prise en faveur des élèves à besoins spécifiques, y compris les enfants autistes, consistant à calculer uniquement la moyenne de l’évaluation régulière (moyenne annuelle) pour leur passage de l’enseignement primaire à l’enseignement moyen et du cycle moyen au secondaire. Plus de 200 classes spéciales ont été ouvertes il y a deux ans, en faveur des enfants autistes dans les trois cycles de l’enseignement, en leur assurant un accompagnement de la médecine scolaire, et ce par la série de mesures de gestion autorisant leur accompagnement et assistance par les auxiliaires de vie scolaire, notamment lors des examens ordinaires et nationaux.
De son côté, le ministère de la Santé a lancé un site électronique consacré à l’autisme, pour faciliter l’accès aux informations actualisées, lequel contribuera à orienter les autistes et leurs familles, tout en optimisant le niveau de l’éducation sanitaire de la population, en général, dans ce domaine. La création de ce site a encouragé le ministère à prendre une série d’initiatives en faveur de cette catégorie de la société, dont la consécration de 19 services ou unités de pédopsychiatrie, certaines ayant acquis une grande expérience de plusieurs années, outre les activités organisées au niveau des établissements de proximité.
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Favoriser une résonance sociale
C'est la Journée mondiale de la sensibilisation aux troubles du spectre de l'autisme (TSA). Un rappel à l'importance d'élargir l'accessibilité de cette catégorie, de l'accompagnement vers l'inclusion, en favorisant l'accès au milieu social ordinaire.
L’autisme ou trouble du spectre de l'autisme (TSA) est un trouble neuro-développemental caractérisé par un développement et un fonctionnement du cerveau atypique dès la petite enfance. La spécialiste et psychologue Nachida Boulenouar fait savoir que «les personnes avec autisme ont des profils qui peuvent être très différents, mais qui ont en commun des particularités dans deux domaines. D'abord, une communication sociale, avec des difficultés pour exprimer un message ou à comprendre le message des autres et à s'ouvrir à une relation de résonance». La psychologue note également «le caractère restreint et répétitif des comportements, intérêts ou activités des personnes atteintes de l'autisme». Des attitudes qui peuvent «se traduire par des comportements qui se répètent, des mouvements du corps étranges ou encore le besoin de routines, ainsi que des particularités sensorielles, où l'autiste tente d'éviter le contact physique ou se bouche les oreilles», explique-t-elle.
La spécialiste souligne qu'il s'agit «d'un trouble neuro-développemental, se manifestant durant la petite enfance, 18 mois à 2 ans, même si les signes peuvent être perçus plus tard par l'environnement et qui persiste tout au long de la vie».
Pour Mme Boulenouar, «le problème majeur pour les parents réside dans le diagnostic précoce de ce trouble de développement». Elle précise que «plus ce dernier est diagnostiqué précocement, mieux c'est pour l'évolution de l'enfant. Le diagnostic du spectre autistique n'est pas facile durant la période de la petite enfance». La psychologue note que «les personnes présentant un trouble du spectre de l'autisme réagissent de manière particulière à certaines stimulations sensorielles».
Il s'agit de réactions «traduisent une difficulté à moduler l'information sensorielle», c'est-à-dire, poursuit-elle, «à percevoir et à filtrer les différentes informations sensorielles et à adapter leurs comportements en conséquences». Dans ce contexte, la psychologue propose aux responsables des structures pédagogiques et d'aide sociale, «des ateliers d'apprentissage sensoriels», dont l'objectif «est de démontrer aux personnes que les stimulations sensorielles que ressentent de nombreuses personnes avec autisme influencent leur compréhension, leur communication et l'interaction avec leur environnement social». Mme Boulenouar souligne à cet effet que «la surcharge sensorielle met en difficulté les personnes au spectre de l'autisme et les invalide au quotidien».
À l'opposé des stéréotypes, la psychologue tente de déconstruire certaines idées, en expliquant qu'il y a à peine quelques années, «nous pensions que les personnes autistes, qui étaient généralement considérées comme plus fonctionnelles ou qu'elles pouvaient être identifiées par leur maladresse sociale, difficulté à comprendre et à utiliser un langage pragmatique et tendance à se laisser facilement submerger». «Nous pensions également que les personnes qui présentaient des traits autistiques plus profonds, comme une incapacité à parler, des tics excessifs, un manque d'affect et une hypersensibilité aux stimuli sensoriels, étaient incapables de communiquer, de ressentir des émotions, d'interagir avec les autres ou de participer de manière générale au fonctionnement de la communauté sociale.»
Mme Boulenouar précise ces personnes, tout à fait neurotypiques, peuvent rivaliser avec leurs pairs sur tous les plans, «à condition qu'elles ne soient pas exclues des opportunités d'être éduqués dans des classes d'enseignement ordinaire, et de bénéficier d'une prise en charge convenable et adaptée à leurs besoins».
Tahar Kaidi
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Prise en charge des autistes : Le CNDH salue les efforts de l’état
Le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) a salué, hier, les efforts fournis par l'État pour la prise en charge et l'insertion des autistes dans leur environnement social, et ce dans le cadre d'une politique visant à prendre en charge les catégories sociales nécessitant une prise en charge particulière. Dans un communiqué à la veille de la célébration de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, qui coïncide avec le 2 avril de chaque année, le CNDH a salué «les efforts déployés pour assurer une insertion souple des autistes dans leur environnement social, et ce dans le cadre de la politique de l'État tendant à prendre en charge les catégories sociales nécessitant une prise en charge particulière». Le CNDH a appelé, dans ce cadre, à consentir «davantage d'efforts ciblés, notamment la prévention précoce de l'autisme et la prise en charge de ses problèmes, à travers un travail méthodique». Le Conseil a mis l'accent sur l'association de tous les secteurs concernés par la prise en charge des autistes et la mise en place d'un mécanisme de coordination efficace et permanent entre les différents acteurs dans ce domaine, en vue d'une large sensibilisation et un dépistage conforme aux normes d'une plateforme nationale réunissant les différentes étapes de diagnostic, outre le suivi de l'autiste, permettant ainsi le dépistage précoce et de faire le nécessaire en l'insérant dans la société. Le CNDH a souligné l'importance «de mettre en place un fichier national dédié à cette catégorie permettant une affectation géographique scientifique et précise des spécialistes en pédopsychiatrique en fonction de données scientifiques et précises», relevant la nécessité de «prendre en charge l'autiste depuis le premier diagnostic pendant l'enfance et de garder son dossier médical tout au long de sa vie, pour le suivre et établir le progrès réalisé dans sa thérapie, ainsi que les difficultés entravant sonneuro-développement». Le Conseil a également plaidé pour «la mise en place d'un programme national de formation, adapté aux nouveaux développements scientifiques au profit de tous les acteurs en matière d'autisme, et ce en coordination avec les secteurs concernés et les différentes parties». Ce programme, qui inclura tous les domaines relatifs au trouble du spectre de l’autisme (TSA), partant des services médicaux, de la psychologie, de l'orthophonie et des différentes spécialités y afférentes, sera concrétisé sur le terrain, à travers la mobilisation du potentiel disponible pour accompagner les parents des enfants atteints, notamment pour agir avec des méthodes idoines de prise en charge à même d'assurer une prévention précoce et des programmes thérapeutiques.
Le Conseil a aussi réitéré son appel à «asseoir un cadre juridique inclusif pour cadrer avec la loi 02-09 du 8 mai 2022 relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées et avec la Convention internationale des droits des personnes handicapées, en sus de mettre ses dispositions au diapason des derniers développements et découvertes médico-scientifiques».
Célébrant la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, le CNDH rappelle que «cet handicap n'est pas considéré comme étant une maladie par les spécialistes en la matière, il s'agit, plutôt, par ses manifestations, d'un trouble de neuro-développement qui engendre des comportements anormaux chez l'humain».